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Critique de 1001histoires


L'assassin des ruines : nous sommes en janvier 1947 à Hambourg, zone d'occupation britannique. L'hiver est glacial, à l'exception de quelques quartiers ( souvent huppés ) la ville a été rasée par les bombardement, le rationnement est particulièrement sévère et la population civile manque de tout. C'est là que survit Frank Stave, sa situation de policier ne lui assure aucun passe-droit. Il est Polizei-Oberinspektor ou inspecteur principal de la police que l'occupant britannique a réorganisée dès mai 1945. Tous les anciens nazis sont censés avoir été licenciés mais certains ont sans doute échappé aux mailles du filet. Frank Stave a repris du service, il avait été mis au placard sous le IIIème Reich car classé "à gauche" mais il ne s'est jamais distingué pour son esprit de résistant. Stave dirige désormais une petite cellule spéciale d'investigation criminelle au sein de la police judiciaire dirigée par Cuddel Breuer, l'hôtel de police occupe un immeuble de onze étages épargné par les bombardements et situé Karl-Muck-Platz. Les statistiques de la criminalité sont désastreuses à Hambourg, il s'git de "criminalité de la misère" et encore les chiffres n'englobent pas la contrebande et le marché noir ...

"Nous avons une morte", c'est par cette courte phrase incongrue que l'inspecteur principal est informé de la découverte du cadavre d'une jeune femme dans les ruines près de la gare de Landwehr. le corps sans vie est nu, étranglé avec un fin noeud coulant. Il s'agit d'autre chose qu'une rixe entre trafiquants ou qu'un drame de la jalousie dû au retour de prisonniers de guerre. Commence alors pour Frank Stave une quête qui va friser l'impossible : identifier la victime ! Il faut faire vite et dans la discrétion avant que la peur d'un assassin des ruines ne gagne la population, avant qu'elle n'en vienne a regretter le temps du Führer pendant lequel rien de tout cela ne serait arrivé. L'occupant britannique pourrait aussi être contesté alors l'inspecteur principal Frank Stave se voit adjoindre un officier de liaison britannique, le jeune lieutenant James C. MacDonald du gouvernement militaire britannique de Hambourg, c'est un soldat pas un détective.

Le duo fonctionne bien. le docteur Czrisni qui fait office de médecin légiste, un technicien de l'identité judiciaire et un inspecteur de la brigade des moeurs complètent l'équipe et le procureur Albert Ehrlich, un juif, instruit efficacement l'affaire qui se complique lorsqu'un nouveau cadavre est découvert, un vieil homme cette fois, également étranglé et dont le cadavre est nu. L'assassin des ruines a encore sévi.

L'enquête m'a captivé, elle est très crédible, jusqu'à la fin, le suspense et les rebondissements ne manquent pas. Elle permet aussi d'explorer Hambourg, c'est sans doute un des objectifs de Cay Rademacher qui a accompli un véritable travail d'historien pour relater les privations du peuple allemand, réduit à retourner les gravats des ruines à la recherche d'hypothétiques moyens de subsistance. le marché noir est devenu une institution que l'Office de lutte contre le marché noir n'arrive pas à endiguer. La ville est submergée par les réfugiés qui fuient l'est et l'ogre soviétique. Des nuées d'enfants, souvent orphelins, errent dans les ruines. Frank Stave, la quarantaine, est un policier efficace et un citoyen allemand qui n'a pas été épargné par la guerre. En juillet 1943 son épouse Margarethe a été tuée lors des bombardements alliés de l'opération Gomorrah qui visait à détruire Hambourg. Frank a été blessé et en a gardé des séquelles, la cheville gauche bloquée il boite légèrement.

A cette époque chaque allemand a un disparu parmi ses proches. le Suchdienst ou "Office des disparitions" a réuni les dossiers de la Croix-Rouge et des Églises Catholique et Protestante pour créer le plus grand service de recherche au monde. Toutes les informations y aboutissent et alimentent dix-huit millions de fiches d'identité. L'une de ces fiches porte le nom de Karl Stave, le fils de Frank qui a disparu à l'âge de dix-sept ans sur le front de l'est après avoir adhéré à l'idéologie nazie.

Habile et passionnant mélange de vie quotidienne méritant d'être découverte et d'un polar logiquement encré dans L Histoire, cette trilogie ne déçoit pas et mérite toute notre attention.


Lien : http://mille-et-une-feuilles..
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