En commençant ce recueil, je pensais découvrir
Proust critique plutôt que
Proust romancier. Or
Contre Sainte-Beuve contient en germe tous les thèmes de la Recherche, du baiser de maman à la tranche de pain grillé trempée dans une tasse de thé, des jeunes filles en fleurs aux clochers normands, jusqu'aux noms, qui y sont noms de personnes et pas encore de pays.
Autre surprise, c'est beaucoup plus agréable à lire que
La Recherche (j'avoue, j'y ai trouvé des longueurs) sous cette forme de courts articles plutôt qu'en volumes successifs, même si, bien sûr, l'unité d'ensemble n'y figure pas.
Trois chapitres néanmoins sont, sous la forme d'une conversation de
Marcel Proust avec sa mère, une critique des critiques de
Sainte-Beuve sur
Nerval,
Baudelaire et
Balzac ; le principal reproche qui lui est fait étant de ne pas avoir su distinguer de leur vivant ces auteurs, défendus par
Proust, qui passeraient à la postérité et d'en avoir encensé d'autres bientôt tombés dans l'oubli.
Même la conclusion, qui est presque un art poétique, annonce l'oeuvre à venir du romancier.
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