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Critique de Laureneb


Ce n'est pas la partie sur - ou plutôt contre - Sainte-Beuve qui m'a le plus intéressée. D'ailleurs, le titre est trompeur, dans la mesure où ce n'est pas Proust lui-même qui l'avait choisi. Si j'ai bien compris, voici une série de différents textes rassemblés et édités après sa mort. On y trouve à la fois des réflexions théoriques sur la littérature, sur la critique, sur les écrivains du XIX ème siècle, mais ce ne sont pas des exposés savants. Non, on sent la voix, l'individualité, la sensibilité de Proust. Certaines idées rejoignent d'ailleurs Sur la lecture que j'avais découvert récemment, comme par exemple l'amour du jeune Proust pour Théophile Gautier et le Capitaine Fracasse. En tant qu'adulte, qu'expert pourrait-on dire, Proust devrait pourvoir capable d'analyser les défauts ou les limites de l'écriture de Gautier. Cependant, une des thèses centrales de Proust dans ce recueil est la primauté des sensations sur l'intelligence. On doit ressentir avant de comprendre et d'analyser. Ainsi, les impressions d'enfance de la lecture du Capitaine Fracasse ont été si fortes que l'adulte n'est pas capable d'analyser, d'intellectualiser sa lecture - et, il ne le veut même pas.
Proust parle donc des auteurs qu'il aime, Balzac, Gautier, Stendhal, Baudelaire... Il accuse ainsi Sainte-Beuve d'avoir méconnu Stendhal - moi qui l'aime tant. Et sur Balzac, il évoque notamment un des romans qui est pour moi un des chef-d'oeuvres de la Comédie Humaine qui n'est sans doute pas assez connu : la Recherche de l'Absolu.
Et on retrouve différents textes qui sont des brouillons de la Recherche ? des passages écartés ? repris ? retravaillés ? Je ne sais pas exactement, ma lecture de la Recherche commence à dater et j'avoue de pas avoir cherché ce qu'en disent les chercheurs. Ce sont les prémices de la Recherche, ces textes conduisent Proust à se tourner vers le roman.
Il est en tout cas sûr qu'on y retrouve des thématiques chères à Proust, de l'amour pour la mère à la fascination pour Venise, du goût pour les mondanités à la fascination pour le nom de Guermantes - le nom plus que ses porteurs, à l'étude de la présence des homosexuels dans la société. C'est le texte "Un rayon de soleil sur le balcon" qui m'a ainsi particulièrement frappée, car une sensation fait ressurgir un souvenir et provoque l'écriture, ce qui est à l'origine même de l'oeuvre romanesque proustienne.
A titre personnel, j'ai bien aimé l'hommage à la Normandie, ma région natale, avec ses plages, ses clochers, ses campagnes... Oui, Proust a raison, il ne faut pas analyser et critiquer une oeuvre, il faut la ressentir...
Je complète pour signaler une récente émission des Chemins de la philosophie de France Culture qui traite justement du Contre Sainte-Beuve, que j'ai écoutée ensuite et qui m'a apporté des éléments de compréhension supplémentaires.
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