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Critique de Bigmammy


Changement de décor radical pour le dernier thriller de Jean-Christophe Portes. Après les bouillonnements de la Révolution française et les enquêtes de Victor Dauterive, nous voici infiltrés dans les fureurs de l'occupation allemande et plus précisément en avril 1942.

Les antihéros font désormais recette dans la littérature policière : Falco chez Arturo Perez-Reverte, Leon Sadorski chez Romain Slocombe, sans évoquer l'inoubliable Bernie Gunther du regretté Philip Kerr.

Autre nouveauté : la narration de cette aventure, qui mêle comme de juste les personnages historiques et imaginaires, est faite à la première personne. Deux héros, un homme et une femme, que tout oppose mais dont les destins vont se catapulter, se racontent.

Lui, c'est un petit proxénète corse né en 1913, beau gosse et habile à faire du fric qu'il place dans l'immobilier hôtelier – restaurants de marché noir, bordels de moyenne gamme. Maurice – dit Mo – Ferrandi a eu une enfance difficile, mais un comportement exemplaire pendant les combats de 1940 où il a reçu la Croix de guerre. Il est affilié au clan Guerini qui règne sur la pègre marseillaise.

Elle, Elisabeth Beresford, est une jeune lady titrée, cousine par alliance du roi, mais affublée d'une famille ruinée et proche des fascistes britanniques. Elle parle parfaitement le français (et aussi l'allemand, entre autres) et a reçu pour mission des services secrets anglais de soutirer des informations à un homme d'affaires allemand, son patron, l'adipeux Oscar Wagner.

Mo-Les yeux bleus se trouve dans l'obligation d'assassiner Oscar Wagner (c'est la scène d'ouverture du roman), une affaire de "légitime défense". L'absence de l'homme d'affaires a tôt fait de déclencher une enquête de la part des services de renseignements allemands : l'Abwehr et le SD (Sicherheitsdienst), deux officines qui se tirent dans les pattes, l'une dépendant de l'Armée, l'autre de la SS.

Le point de rencontre entre Mo et Lizzie est donc ce trafiquant Oscar Wagner évaporé mais que tout le monde recherche, d'autant plus ardemment qu'il avait prétendu être dépositaire d'un dossier explosif sur la conduite de la guerre, qu'il s'apprêtait à monnayer aux Alliés.

Une occasion de planter le décor de la France occupée et de ses multiples trafics opérés par les Bureaux d'achats allemands qui pillent la production française, expliquer le rôle des bandes de truands qui collaborent avec les services ennemis – dont le sinistre Chamberlain, alias Lafont et son compère Bony, rue Lauriston - les techniques d'infiltration, les réseaux clandestins, les rafles – en particulier celle du Vel d'Hiv en juillet 42) - les retournements de vestes des agents doubles, voire triples …

Un roman à multiples rebondissements, très visuel, à la trame solidement documentée – l'auteur n'a pas oublié son passé de journaliste reporter d'images et d'investigation – mais j'ai parfois été un peu agacée par l'usage continuel du jargon des bas-fonds … c'est sans doute ainsi que l'on parle dans le mitan.

Une fois commencé, on a du mal à rompre le rythme de cette aventure à deux voix et qui se termine par un suspens insupportable … mais je ne vais pas spoiler. Il s'agit certes d'une oeuvre romanesque, mais je gage que les lecteurs en apprendront plus sur les Français sous l'occupation – surtout en ces temps de conflits où le renseignement tient une place prépondérante – qu'en lisant un livre d'histoire conventionnel.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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