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Critique de ABEDFranck


Dans ce livre de 250 pages, Charles Pépin aborde le sujet de l'échec comme une opportunité de progresser et de changer. La lecture se fait de façon très fluide et l'ensemble se montre très agréable. Dans un style accessible au plus grand nombre, l'auteur, avec des exemples pris dans la vie de tous les jours, revient sur la perception de l'échec dans notre société et explique en quoi cette vision pose problème pour la réussite.

Charles Pépin, professeur de philosophie, évoque les conseils de classe comme illustration de cette culture de l'échec si française. le corps enseignant parlera plus des mauvaises notes, que des matières dans lesquelles l'élève se montre doué. Mais ce n'est pas tout, le système éducatif français dans son entier est fondé sur la dévalorisation de l'expérience : « Même dans l'éducation nationale, on retrouve les effets pervers de cette idéologie délétère du fast track (réussir vite). Les professeurs y sont divisés en deux catégories. S'ils ont échoué à l'agrégation et n'ont obtenu que le Capes, ils enseignent 18h par semaine. S'ils ont réussi l'agrégation, ils enseignent 14 heures par semaine, tout en étant mieux payés. Et cet écart ne fera que s'accroître tout au long de leur carrière. Ceux qui ont raté l'agrégation à 22 ans vont le payer jusqu'à la fin de leurs jours en travaillant plus pour une rémunération moindre. Ce système est absurde et nie la valeur même de l'expérience. » L'auteur appuie sa démonstration en insistant sur la vertu de l'expérience. A ce sujet, voici ce que déclarait Thomas Edison : « Je n'ai pas échoué des milliers de fois, j'ai réussi des milliers de tentatives qui n'ont pas fonctionné. » En effet, sans ces milliers de tentatives, Edison n'aurait jamais pu comprendre par nature ou de manière innée le fonctionnement des machines et comment maîtriser l'électricité. Charles Pépin revient de nombreuses fois dans cet ouvrage sur la notion d'expérience. En effet cette dernière permet de se confronter à la réalité et de comprendre les raisons de nos revers. L'auteur prend, entre autres, l'exemple du premier affrontement entre Nadal et Gasquet : « Après sa défaite contre Gasquet, ils se rencontrèrent à 14 reprises. Rafael Nadal remportera les 14 matchs. (…) Peut-être même a-t-il appris, en une seule défaite, ce que 10 victoires n'auraient jamais pu lui apprendre. » Loin de considérer l'insuccès comme une fin en soi, elle peut selon l'auteur, célébrer un début. Pour autant dans notre pays les choses ne sont pas vues ainsi : « Avoir échoué, en France, c'est être coupable. Aux Etats-Unis, c'est être audacieux. » de même les erreurs permettent de mieux comprendre le phénomène étudié. Gaston Bachelard écrit : « La vérité n'est jamais qu'une erreur rectifiée. » Il développe son argument de la manière suivante : « Selon lui, les grands scientifiques sont comme nous : ils commencent par se tromper, par se faire des idées fausses sur les choses. Ils ont mis au point des expériences pour tester leur validité, et ont eu ensuite ce courage très particulier de rectifier leur erreur initiale au contact du réel, des lois de la nature. » Il termine son développement par cette idée : « Un savant qui ne rencontre pas de problème, qui ne se heurte pas à l'échec de sa première intuition, ne trouvera jamais rien. »



Cet essai doit être lu par le plus grand nombre. Il est urgent que notre pays sorte enfin de sa sinistrose morbide. Les professionnels de l'enseignement et de la formation gagneraient à changer leur fusil d'épaule en considérant l'échec comme le marqueur de nos libertés, libertés qui sont aujourd'hui de plus en plus étouffées. Nous avons le droit de nous tromper, de nous corriger, d'échouer et surtout de progresser. Il convient de prendre le risque de l'échec pour se dépasser et devenir soi. Les plus grandes réussites de l'histoire viennent de personnes qui connurent des exils volontaires ou non et des traversées du désert. Nous avons tous à parcourir notre chemin de Damas…



Franck ABED
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