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Critique de evergreen13


Big Brother
Relire un livre qui nous a marqué dans notre jeunesse est toujours risqué : c'est donc avec un peu d'appréhension que j'ai rouvert 1984, qui était peut-être (ou est-ce le meilleur des mondes ?) mon premier roman de science-fiction. Force est de constater que 1984 n'a pas pris une ride, j'irai même plus loin en osant dire qu'il est plus actuel que jamais.
En fait, Orwell a tout inventé : la télésurveillance évidemment (Big Brother vous regarde), l'intelligence artificielle (qui écrit des romans), la manipulation de l'opinion, la distorsion de l'actualité…
L'intrigue est particulièrement sombre. le héros, Winston Smith, est employé de bureau au Ministère de la Vérité, Commissariat aux Archives : son travail consiste à réécrire des articles de journaux ou pour les faire coïncider avec la réalité, notamment ceux qui concernent la guerre, ou encore les promesses faites par le ministère de l'Abondance… Winston rectifie donc des chiffres, ou des pans entiers de parutions… « Jour par jour, et presque minute par minute, le passé était mis à jour. ». Les habitants d'Océania divisés en plusieurs castes (les prolétaires, au bas de l'échelle, les membres du parti extérieur –dont fait partie Winston- et les membres du parti intérieur, la classe dirigeante qui a des privilèges inimaginables pour le commun des mortels) n'ont pas à réfléchir, leur vie est quadrillée, tracée. Ils vivent tous, ou presque, dans la peur, sous la menace permanente : au moindre écart, ou s'ils sont dénoncés pour x raison (notamment les parents qui le sont souvent par leurs enfants, embrigadés dès leur plus jeune âge et encouragés à la délation), ils disparaissent. Déportés quelque part pour des travaux forcés dans le meilleur des cas, ou vaporisés. Espionnés en permanence par la redoutable Police de la Pensée, capable de tout connaître d'eux, jusqu'à leurs rêves, leurs souvenirs effacés, leur langue modifiée, souffrant de la faim, incités à la haine (tous les jours « les deux minutes de la haine » permettent à tous d'extérioriser bruyamment leur haine à l'égard d' ennemis désignés), il y a peu d'espoir pour les sujets de Big Brother, jusqu'à l'amour qui est très fortement découragé, sinon interdit… Mais Winston va commettre un acte transgressif insensé en décidant d'écrire son journal, consignant ses doutes sur la société dans laquelle il vit (ou survit). Sur le beau papier « crémeux et lisse » du cahier qu'il a trouvé dans le bric à brac d'une boutique improbable, à la plume, il va oser coucher ces mots « à bas Big Brother »…
La vision de l'avenir de George Orwell est terriblement pessimiste. Ce roman a été écrit à la fin des années quarante (Orwell est mort en 1950) alors que l'après guerre ouvrait une période de prospérité et d'optimisme en occident, alors que le nazisme avait été vaincu, on ne peut s'empêcher de penser à la dictature stalinienne qui régnait en URSS… Aujourd'hui, les résonances sont nombreuses tant les régimes totalitaires essaiment la planète…
Un roman référence.
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