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Critique de larmordbm


Le recueil est composé de dix nouvelles dont l'action se situe dans le Sud des Etats-Unis dans les années 50, un Sud arriéré, pétri de religion, croyances et préjugés, pas encore sorti de la guerre de sécession et de la ségrégation.
Les rapports de classe et de race sont exacerbés, entre les maîtres et les serviteurs, les propriétaires et les ouvriers agricoles. Les noirs, "nègres" dans le livre, font partie du paysage, en arrière plan, pas vraiment humains, inspirant le désintérêt, voire la peur. Ce sont des ombres qui se profilent à l'horizon. Les juifs rescapés de la Shoah apparaissent également.
Il y a toujours un plus faible que soi, à qui on peut asséner des vérités, avec qui pérorer, mais parfois les situations connaissent des retournements spectaculaires, ou de brusques accélérations dramatiques, comme dans la première nouvelle Les braves gens ne courent pas les rues, qui commence comme une comédie et bascule subrepticement dans l'horreur, en nous cueillant à froid.
Les historiettes relatent fréquemment des rencontres fortuites, malencontreuses entre des personnages suffisants, trop sûrs d'eux, naïfs, et des escrocs, psychopathes qui les ensorcellent et manipulent.
Ce sont parfois des histoires de duperie, de supercherie, où des vieilles filles au physique ingrat, handicapées, sous le joug de leur mère, sont la proie de bonimenteurs et autres charlatans.
Les prédicateurs sont légion, mais la religion n'apporte aucune rédemption, aucun secours, dans ce monde violent, où paranoïa, jalousies et haine de l'autre dominent, et où la mort interrompt souvent le cours des évènements.
Et pourtant, le ton des récits est léger, badin, masquant la cruauté sous des dehors cocasses, et c'est ce qui en fait l'originalité et la puissance narrative.
Où Flannery O'Connor est-elle allée puiser son inspiration ? Dans son histoire personnelle, marquée par une grave maladie invalidante qui l'emportera, après son père, à l'âge de 39 ans, par une vie à la ferme avec sa mère, dans un contexte de religion et de racisme ? Elle a incontestablement fait preuve de dons d'observation stupéfiants qui lui ont permis de livrer des contes alliant noirceur et véracité sociale.
Leur lecture m'a permis de mieux appréhender le Southern Gothic, et de mesurer l'influence que Flannery O'Connor a eue sur des écrivains, parmi lesquels Joyce Carol Oates.
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