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3,2

sur 2263 notes
J'aime ce rendez-vous qu'Amélie Nothomb nous donne chaque année pour la rentrée littéraire. Mais tous les ans, c'est toujours avec une certaine appréhension que je lis son nouveau roman car avec elle, il n'y a pas de juste milieu : soit j'adore soit je déteste. Ça passe ou ça casse et clairement cette année ce n'est pas passé !

Je pense (et ce n'est que mon opinion) que c'est le pire roman qu'elle a écrit depuis très longtemps ! Aurait-elle bu trop de champagne quand l'inspiration lui est venue ? Toujours est-il qu'elle s'est mise en tête d'écrire les dernières pensées de Jésus avant sa crucifixion. Et bien c'est sitôt lu sitôt oublié, sans grand intérêt. Bref, un roman de cette rentrée littéraire à éviter….
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Vers quel mystère allons nous cheminer avec Amélie Nothomb. le mystère de Jésus. Avec ce dernier mot de Jésus  "Soif", cette supplique devient le titre de son livre événement.
Car c'est Jésus qui nous parle, qui nous a écrit, à nous pauvres pêcheurs des lacs ou des océans de l'âme humaine.


Est-ce le premier écrit sur la passion du Christ, non.
Des textes sur la passion sont nombreux , Eh oui !
Un me tient à coeur, celui de Pierre Gillet , mon prof de français, cette passion fut jouée à l'église de St germain des prés, en 1964, avec comme acteurs,
Emmanuel Delivet et un certain Michel...
Des textes écrits par Jésus ? Aucun. Bravo Amélie c'est le 1er. Jehan Rictus a écrit un fameux texte poétique en se regardant dans une devanture, "Le Revenant" :


Car il disait à ses Apôtres :
Aimez-vous ben les uns les autres,
Faut tous êt' copains su' la Terre,
Faudrait voir à c' qu'y gn'ait pus d' guerres
Et voir à n' pus s' buter dans l' nez,
Autrement vous s'rez tous damnés.

L' mec qu'était gobé par les femmes
(Au point qu' c'en était scandaleux),
L'Homme aux beaux yeux, l'Homme aux beaux rêves
Eul' l' charpentier toujours en grève,
L'artiss', le meneur, l'anarcho,

Si qu'y r'viendrait ! Si qu'y r'viendrait,
Le revenant

Soif est un beau titre, aux multiples entrées, Soif ou fois, donc Foi et soi. Une invitation à être soi face à la foi.
En 2019 comment imaginer des messages de Jésus encore porteurs de sens et lesquels !


Il y a une réplique, que j'ai extrait de la page 42 : "ce que l'esprit ne comprend pas le corps le saisit" . On la retrouve dans "habiter son corps", ou "l'idée géniale de l'incarnation", extrait du parler Nothombien.
Un sacré petit galet qui fait trembler le synode.


Avant l'incarnation je n'avais pas de poids. le paradoxe, c'est qu'il faut peser pour connaître la légèreté, écrit jésus page 27.
C'est sur ce point que je trouve la démarche d'Amélie Nothomb si actuelle, et sa démonstration si originale. Ce n'est plus Dieu que nous avons en face de nous mais un homme comme les autres hommes, avouant que ce qui est sacré est humain et que tout ce qui est humain est sacré.


Que la soif ressentie par Jésus, et sa façon de déguster cette boisson infâme, exprime la force incroyable de son incarnation. le corps n'est plus tabou.
Sartre lui même doit pester contre ce livre, lui qui avait la nausée de son propre corps ( "Les mots").

On peut penser alors à ces grévistes irlandais qui pour défendre leur cause n'ont pas voulu céder à cette soif parce qu'il voulait que leur cause soit fracassante et puisse aller au plus insoutenable de la condition humaine, la soif.


Ce jésus d' Amélie Nothomb est un Jésus vivant, au combien vivant et pour être vivant, il faut éprouver la soif sur la croix comme aux noces de Cana. Amélie Nothomb multiplie les manifestations de vie, et de présence charnelle.
Ainsi Jésus n'a jamais cessé "d'éprouver ce qui en valait la peine", il ajoute "en vérité il n'y a pas de limite à ce qu'on appelle vivre" par contre "se sentir plus intelligent qu'autrui est toujours le signe d'une défaillance".


Bien sûr, il y aurait bien des réserves à exprimer, des lacunes, des manques, je pense tout particulièrement à la place étriquée laissée aux apôtres et disciples. Et si elle parle de Judas le discours qu'elle tient me parait bien confus, par rapport aux multiples livres qui ont traité le sujet de la relation entre Judas et Jésus.


En réhabilitant la vie, elle a réhabilité la femme engagée, la mère et l'amante. C'est l'amour qui est réhabilité comme l'ont fait les poètes comme Jehan Rictus et Xavier Grall.
Un texte de plus pour dire "le Courage d'être" pour reprendre le titre d'un philosophe qui a défié le Reich, Paul Tillitch.

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Certains crient au scandale.
D'autres dénoncent un navet littéraire.
Moi, j'ai une fois de plus décidé de faire confiance à Amélie Nothomb, à son talent et son expérience, pour entrer dans ce récit avec une attitude curieuse et une grande ouverture d'esprit.
Il fallait oser se glisser dans la peau de Jésus pour expérimenter, vivre et décrire sa Passion.
Il fallait connaître les récits bibliques, les interprétations théologiques, les lieux saints pour arriver à situer l'histoire dans son contexte historico-religieux de manière précise.
Il fallait oser affronter les critiques des croyants montant aux barricades lorsqu'on ose questionner leur foi, leur Dieu.
Il fallait oser choisir ce thème chrétien dans notre monde où la laïcité prend souvent visage d'anti-cléricalisme, d'anti-religieux.
Il fallait oser faire dialoguer le Père et le Fils dans une attitude toute humaine, empreinte de reproches et de respect.
Il fallait oser écrire Soif.
Amélie Nothomb l'a fait et l'a bien fait.

J'ai été émerveillée par la première partie du roman qui décrit les questionnements de Jésus au moment de son arrestation, de la souffrance qu'il endure, de la relation à son Père. Jamais je n'avais imaginé un tel point de vue. Les pistes de réflexion y sont nombreuses pour la croyante que je suis. Je n'ai pas fini d'y réfléchir.
Et puis j'ai été fascinée par le traitement du thème de la soif, fil rouge de ce roman. La soif comme expression de l'incarnation par excellence.
C'est superbe !
Plus jamais je n'aurai soif de la même manière.

Cela se gâte hélas dans les derniers chapitres, lorsque Jésus est mort.
En quelques pages, Amélie Nothomb aborde tous les sujets plus mystérieux, plus philosophiques et théologiques les uns que les autres et en fait un melting-pot indigeste et complexe.
Enfer et paradis, communication avec les morts, résurrection, conscience des défunts, interactions... Tant de sujets qui auraient mérité un développement bien plus important.
La fin semble bâclée. Et c'est bien dommage car elle jette un voile de discrédit sur cet ouvrage pourtant très intime, dense et fort bien documenté.

"Jean 4, 14 : "Celui qui boit de cette eau n'aura plus jamais soif." Pourquoi mon disciple préféré profère-t-il un tel contresens. L'amour de Dieu, c'est l'eau qui n'étanche jamais. Plus on en boit, plus on a soif. Enfin une jouissance qui ne diminue pas le désir !"

Plus on en boit, plus on a soif. Cela est valable pour les livres d'Amélie Nothomb. Je ne suis pas désaltérée de son travail d'auteur, de son imagination, de sa créativité, de ses tournures de phrase, de sa passion des mots. Je reste curieuse et émerveillée.
J'en boirai encore !
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Un autre petit roman de Nothomb, qui change de la série de reprise de contes de fées. (À moins que l'on considère que c'est dans la même veine…!!)

C'est assez étonnant qu'un bouquin génère autant de critiques divergentes et autant de commentaires. Des lecteurs ont adoré, d'autres ont abhorré. Il faut dire que les exigences sont grandes quand il s'agit d'une auteure chevronnée, aux revenus littéraires assurés…
Pour ma part, je n'ai pas été déçue. Pour moi, Nothomb n'est pas une idole (ou un Dieu) et mes attentes étaient réduites au vu des critiques en tête de liste sur Babelio.

C'est un livre qui a une certaine audace, puisque c'est Jésus qui en est le narrateur. le roman commence au moment où le Christ est jugé par Pilate et se termine à la résurrection. C'est un Jésus amoureux de Marie Madeleine, un fils qui admire sa mère et a une relation ambiguë avec son Père céleste qui lui inflige ce cruel destin. Des moments de souffrance et de doute…

Bien sûr, un Xième remake d'une histoire vieille de 2000 ans n'est pas absent de clichés. C'est du connu, parfois redondant, mais l'angle de la narration est intéressant : ce Jésus plus homme que Dieu, cet amoureux qui a soif et qui se meurt est somme toute sympathique.

Un court roman, que je n'aurais pas voulu plus long, mais dont j'ai quand même apprécié la lecture…
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J'apprécie en général les livres d'Amelie Nothomb. Je les ai tous lu sauf "Attentat" sur la télé-réalité il me semble. Mais celui-là ne m'a pas du tout plu, d'ailleurs à ma grande honte je ne l'ai pas terminé. Je m'y suis ennuyée ferme. La religion et moi, cela fait deux...ce n'est pas ma tasse de thé et n'ayant pas les rudiments de la religion catholique je n'ai pas pu vraiment apprécié ce livre. Dommage...
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Je ne suis pas à proprement parler un nothombophile, mais je ne suis pas non plus un nothombophobe ; la preuve en est que j'ai lu quelques-uns des bouquins d'Amélie, dont ce dernier... à propos duquel je vais m'efforcer de vous dire quelques mots.
Ce ne sera pas tâche facile... parce que la tâche n'est pas facile.
De plus, après avoir pris connaissance de quelques critiques et de leurs tombereaux de véhémences, il n'est pas aisé de trouver la voie du milieu.
À propos de critiques, si j'utilise le mot véhémences ( pour les puristes, le pluriel est valide ), c'est bien sûr à dessein.
J'ai en effet été surpris de lire des billets qui tenaient davantage du scatologique que de l'eschatologique.
Pourquoi donc cette exacerbation de ce petit exercice littéraire qu'est la relation d'une lecture ?
Je ne vois aucune autre explication à ce déchaînement des passions si ce n'est qu'Amélie Nothomb, consciemment ou pas, fait figure, aux yeux de certains d'apostate.
Car en choisissant d'évoquer la passion du Christ, en faisant de Jésus un homme, simplement un homme en butte à sa relation au corps, en consacrant 125 pages à "ça"... il était acquis qu'elle allait ébranler quelques surmoi.
Après avoir terminé la lecture de - Soif -, ma fille m'a demandé ce qu'en j'en pensais... à savoir si c'est un livre que je lui conseillais.
D'ordinaire, lorsqu'il s'agit d'autres lectures, ma réponse ne tarde pas.
Là, je lui ai dit...
Mais avant de vous révéler ce que fut ma réponse, j'aimerais poser comme postulat qu'Amélie Nothomb est indubitablement à mes yeux une écrivaine de talent, une femme intelligente, très érudite, fine, subtile, cultivant avec bonheur l'humour et le sens de la formule.
Son oeuvre est , toujours pour ce qui me concerne, caractérisée d'une part par une "création" inégale, et d'autre par par la tentation de l'abandon au facile... qui est une des marques de beaucoup de surdoués.
J'ai donc essayé d'expliquer à ma fille que, pour une fois, il m'était difficile de lui répondre de manière assurée.
Que je faisais un parallèle entre la lecture de ce livre et l'approche de chacun au mystère, à la croyance, à la foi.
Que chacun ne pouvait le lire qu'à partir d'un "intime" qu'il est difficile de partager.
Qu'on peut être bénédictine ou franciscain, vivre dans la même communauté, partager les mêmes règles, les mêmes rites ; la foi de chaque soeur, de chaque frère, est unique et, contrairement aux apparences, ne ressemble pas, ne peut être expliquée à la soeur ou au frère dont on se sent le plus proche.
Bref, que connaissant Amélie Nothomb, ma "vérité" sur ce livre ne sera jamais la sienne ni la vôtre.
Jésus est donc humanisé.
Jésus est de chair et d'os.
Livré à Pilate, on fait son procès.
Les 37 miracles qu'il a accomplis, lui sont reprochés par ceux-là mêmes qui en ont été les "heureux" bénéficiaires.
L'époux des noces de Cana, au cours desquelles Jésus changea l'eau en vin, dénonce le fait "qu'à cause de lui, on a servi le meilleur vin après le moyen. Nous avons été la risée du village".
L'ex-possédé de Capharnaüm se lamente : " Ma vie est devenue d'une platitude depuis l'exorcisme !"
L'ancien aveugle se plaint de la laideur du monde.
Quant à Lazare, il lui est odieux de vivre avec une odeur de cadavre qui lui colle à la peau.
On connaît la suite : Jésus est coupable et sera crucifié.
Pas tout de suite... licence "évangélique".
Le lendemain.
Jésus passe sa dernière nuit dans une geôle.
Il est confronté à la solitude, à la peur de la souffrance que son corps va devoir endurer, à l'envie de dormir et au sommeil qui ne vient pas, à la soif... à ses souvenirs.
Dans ses souvenirs revient le choix de naître dans ce pays de chaleur et de soleil... ce pays où il fait souvent soif.
Là est l'allégorie voulue par l'auteure : la soif.
Car la soif est, à ses yeux, synonyme d'élan mystique.
"L'instant ineffable ( gardez cet adjectif en mémoire ) où l'assoiffé porte à ses lèvres un gobelet d'eau, c'est Dieu... C'est un instant d'amour absolu et d'émerveillement sans bornes. Celui qui le vit est forcément pur et noble, aussi longtemps que cela dure. Je suis venu enseigner cela et rien d'autre. Ma parole est d'une simplicité telle qu'elle déconcerte.".
Tout est là.
Pour certains, cela sera l'objet d'une risée que l'on retrouve dans quelques commentaires... et je ne leur en fais pas reproche.
Pour d'autres, dont je fais partie, et sans être un mystique... tout au moins pas un mystique professionnel, cela va réveiller des souvenirs personnels, convoquer quelques évocations, susciter réflexions et questions.
J'ai vécu trois expériences où j'ai été confronté à l'extrême soif.
Enfant, après une intervention chirurgicale, je me trouvais en salle de réveil... je mourais de soif... il était trop tôt pour que l'on me donne à boire.
De temps en temps, une infirmière me mouillait les lèvres et la langue avec une compresse humide de thé glacé... ces instants étaient divins !
S'il y avait un Dieu, il était dans ce thé glacé dont le contact seul me faisait tutoyer les anges. Ressentir ce qu'était la joie pure !
Adulte, devant encore subir une intervention chirurgicale sous neuroleptanalgésie ( sédation consciente )... j'étais à jeun depuis la veille minuit.
Au bloc, ma bouche était empâtée de soif, ma langue rôtie ne pouvait plus articuler une voyelle... Quelle délivrance ce fut lorsqu'à midi je pus enfin boire un peu d'eau !
Il y a quelques années, lors d'un séjour au Maroc, je me baladais près de Merzouga... le soleil n'allait pas tarder à se coucher.
La plus haute dune nous tendait les bras.
Imprudemment, nous avons décidé de l'escalader.
Nous étions trois.
Quinze minutes plus tard... j'étais seul mais décidé à atteindre le sommet.
Je n'avais plus d'eau.
Mon coeur tambourinait à plus de 400 roulements/minute.
J'ai cru que j'allais mourir d'épuisement et... de soif.
J'ai atteint le sommet... il y avait deux Marocains... qui ont partagé avec moi leur réserve d'eau. La fraternité, le miracle et le soleil couchant.
Une fois encore, l'Absolu était là dans son extrême simplicité et dans sa générosité nue, innocente, dépourvue de toute attente.
Il y a eu dans ces trois expériences quelque chose de ce que vivent les ermites, les mystiques.
Il y a eu cet instant ineffable...
Après cette nuit, Jésus vit ce qu'on appelle la "passion"... le chemin de croix, le Golgotha, la crucifixion ( le moment le plus fort pour Jésus mourant de soif, c'est l'éponge imbibée d'eau vinaigrée que lui tend un légionnaire au bout de sa lance ), la mort, et ce qui serait selon certains la résurrection.
Tout est vécu de la façon la plus "humaine" qui soit : à travers ce que vit le corps et ce que ce corps induit au niveau de l'esprit.
La soif est omniprésente.
La soif de vie, la soif d'aimer, la soif de comprendre, la soif de... lire.
On fait grief à Amélie Nothomb des anachronismes...
Un peu d'humour, que diable !
Oups... ne viens-je pas de blasphémer ?
On lui fait de mauvais procès... parce qu'elle cite Malherbe ou Thérèse d'Avila, parce qu'elle pêlemêle du grec et de l'araméen, qu'elle étymologise à tort.
Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première racine latine... !
Je ne sais pas si j'ai réussi à faire comprendre à quel point, si l'on veut lire ce livre, il est pour une fois de peu de secours de faire appel aux critiques pour se décider.
J'ai passé deux heures dans le désert... j'ai eu soif... la suite n'appartient qu'à moi.

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Ce roman est un péché d'orgueil de la page 1 à la page 86, et un chef d'oeuvre de la page 87 à la page 152. Amélie Nothomb a tellement pris la grosse tête qu'elle doit porter des chapeaux. Il lui fallait donc un protagoniste à la hauteur de sa mégalomanie : Jésus. L'image d'Amélie fait désormais la couverture de ses livres, comme si son portrait résumait son oeuvre. Chaque année, un Nothomb, plus ou moins bon, comme le Beaujolais. J'en étais restée à « Stupeur et tremblement », les suivants m'avaient déçue. Si « Soif » est sélectionné au Goncourt il doit y avoir une raison. Alors, je l'achète. Amélie Nothomb a pris un risque, il faut lui reconnaître cela. de la page 1 à la page 86, elle utilise un registre qui ne fonctionne pas, avec d'inexplicables chutes de ton, des anachronismes, de la gaudriole à gogo : l'enfant trop agité (page 9), les fumisteries (p13), Ponce Pilate qui « tend une perche », le geôlier qui conseille « d'être d'attaque » (p19), la vierge Marie qui est « pompette » aux noces de Cana (p27). Son Christ rappelle souvent au lecteur qu'il est un homme, comme pour justifier la légèreté de son langage. Tout change page 87 quand le Christ monte en croix. Les derniers à plaisanter sur la crucifixion étaient les Monty Pythons avec « La Vie de Brian ». Par je ne sais quel miracle, Amélie Nothomb ne s'y essaye pas, choisit enfin la gravité, le respect… et le roman se transforme, devient sensible, intelligent et profond. Elle excelle dans l'exégèse, ses réflexions (la soif de Dieu, le sens du sacrifice, la signification de la mort) sont merveilleuses, on voudrait toutes les noter. Rien que pour ces 70 dernières pages, il faut acheter « Soif ». Dommage qu'elle n'ait pas tenu la même posture depuis la première ligne. L'écrivain irlandais Colm Tòibín n'était pas tombé dans le piège avec « le testament de Marie ». Pour son oeuvre prolifique et ces 70 dernières pages, Amélie Nothomb a de fortes chances de remporter le Goncourt.
Bilan : 🔪🌹🌹
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Vous savez cet élève qui vous demande systématiquement combien de pages contient le roman que vous lui proposez de lire ? Eh bien, c'est moi, avec Amélie Nothomb ! Je sais pertinemment que je vais être déçue ou achever ma lecture par un « Ouais, bof » ou encore une fois méditer sur le fait que tant d'auteurs doivent peiner à voir leurs super manuscrits publiés tandis que Dame Nothomb les enchaîne presque plus vite que moi les mojitos. Non, en vrai, je n'ai rien contre Amélie Nothomb, je trouve même qu'il y a bien pire en terme de publication et, après tout, les gens achètent, alors tant mieux pour elle. Et moi, tel l'élève flemmard qui veut connaître le nombre de pages, j'aime bien lire de temps en temps le nouvel opus d'Amélie Nothomb parce que je sais que c'est court, une sorte de pause entre deux gros volumes. Pas terrible comme motivation à la lecture, mais c'est en tout cas ce qui m'a poussée à lire pas moins de quatorze de ses romans. Amélie Nothomb, je la connais plutôt bien donc, mais je l'oublie vite. Des fois, je passe un bon moment, ce serait mentir que de dire le contraire. Mais là… Pfff ! Jésus, quoi ! Non mais, Jésus ! Je me suis revue en pleine traversée du désert lorsqu'il m'a pris l'idée il y a quelques années de lire le Royaume d'Emmanuel Carrère. Mais on retombe sur l'aspect positif de Nothomb : sa brièveté. A moitié lu ce matin au réveil, à moitié cet après-midi sur un vélo elliptique, je peux vous garantir qu'en terme de souffrance, j'ai donné aussi ! Mais bon, Jésus encore plus. Est-ce que le roman est bon ? Je ne sais pas. Est-ce que j'y ai trouvé de l'intérêt ? Non. C'est l'histoire revisitée de la passion de Jésus : le dernier jour de la vie de Jésus (si je puis dire) et son chemin de croix, ses pensées, sa soif... Certainement du vu et revu, traité ici de manière très légère, pourquoi pas, mais sincèrement je peine à voir ce que l'on peut en retirer... à part quelques phrases bien tournées que j'ai notées comme à mon habitude. Peut-être à l'année prochaine, Amélie !

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Contrairement à beaucoup de lecteurs babeliotes, j'ai adoré ce récit. En fait, dès que l'on me parle de la vie de Jésus d'une manière différente des sacro-saints évangiles, je suis preneur. Cette vision d'un Christ plus humain, ancré dans une vie humaine quotidienne me réjouit pleinement. Amélie Nothomb donne la parole à un Jésus un peu désabusé, colérique, se dissociant de la volonté de Dieu son père. Car il reste tout de même d'ascendance divine. Il applique les directives divines bien que n'étant pas d'accord et trouvant sa Passion inutile. Trouve stupide et indécent que l'on garde de lui l'image d'un crucifié pour sauver les hommes. Il n'y croit tout simplement pas. Les derniers chapitres sur la résurrection m'ont également beaucoup plus. Au fond, qu'est-ce que la mort ? L'auteur fait survivre l'esprit du Christ à travers un discours plus philosophique.
Je n'ai pas lu beaucoup de livres d'Amélie Nothomb, mais j'ai à chaque fois beaucoup aimé. Celui-ci de même.
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« Pour éprouver la soif, il faut être vivant » nous indique la quatrième de couverture et ainsi commence le voyage…

On assiste au procès de Jésus : audition des témoins, tous mécontents du miracle qu'il leur accordé, la trahison de Judas, la condamnation, le chemin de croix et la Crucifixion et tout ceci est raconté par Jésus lui-même, qui nous livre ses différents ressentis.

L'auteure évoque ainsi les mystères de l'incarnation, le corps de Jésus qui souffre, qui comprend qu'il s'est fourvoyé au nom de l'amour et se retrouve contraint d'accepter la condamnation ainsi que sa réflexion sur la mort, comment il la ressent dans ce corps…

On apprend des vérités si fortes qu'en ayant soif, qu'en éprouvant l'amour et en mourant : trois activités qui nécessitent un corps. L'âme y est indispensable aussi, bien sûr, mais ne peut en aucun cas y suffire.

Au début, j'ai trouvé l'idée et le récit amusants, Jésus qui réfléchit et éprouve la souffrance, décrivant en détails, la flagellation, la croix à porter, les clous qui pénètrent dans les mains et les pieds, l'expérience inégalable de la soif, voire la sublimation …

Peu à peu, le récit devient peu crédible, Jésus évoquant Pascal, entre autres, et Amélie surgit dans les réflexions de Jésus…

J'avais décidé de boycotter le livre à sa sortie, le sujet en lui-même me paraissant quelque peu présomptueux, et j'ai changé d'avis après avoir lu dans « Psychopompe » que le père de l'auteure avait beaucoup apprécié « Soif », alors pourquoi pas ? En tout cas, il fallait oser s'attaquer à un tel sujet…

Je voudrais quand même rendre hommage à la plume d'Amélie Nothomb, son style incisif, voire caustique et la manière dont elle manie la langue française, ce qui n'est pas toujours le cas avec les auteurs actuels.

Je le reconnais aisément, je ne me suis pas trop investie pour rédiger cette chronique… Lecture intéressante, entre deux romans plus denses, mais qu'en restera-t-il dans un mois dans un an ?
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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