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Critique de Perlaa


C'est d'un pas lourd que l'on pénètre dans le pensionnat W situé aux confins orientaux de l'Empire austro-hongrois.
Les portes se referment sur de jeunes adolescents, la future élite de l'empire.
Törless jeune Viennois d'abord solitaire, finit par nouer des liens avec deux meneurs violents, Reiting et Beineberg. Une attirance malsaine faite de crainte et de répulsion. Des vols sont commis. L'auteur est un jeune et faible élève, Basini. Plutôt que de dénoncer le coupable, Reiting et Beineberg vont en faire leur tête de turc et le contraindre à des sévices physiques et sexuels.
Törless, en proie au désir de justice et à la curiosité, s'associe à leurs exactions. Il sera témoin plus qu'acteur. Un témoin passif qui enregistre et engrange, mi-horrifié, mi-satisfait par l'excitation mentale procurée. La violence est décrite et argumentée, les sévices sexuels demeurant flous.
L'internat, le huis-clos, le corps enseignant manifestement dépassé, les parents hors circuit, la mise en scène de l'enchaînement pervers de la violence sur des faibles, tout un univers qui résonne en nous comme un témoignage d'une époque, témoignage maintes fois repris par d'autres écrivains.
Mais le désarroi de Törless est aussi celui du lecteur. le roman est troublant à plus d'un titre. Troublant devant la violence gratuite des deux forts-à-bras, troublant aussi devant l'attitude de Törless. On assiste impuissant, quasi complice et voyeur à l'humiliation de Basini. Loin de s'en émouvoir personnellement, Törless se retranche intérieurement et s'en dissocie pour des raisons intellectuelles. le détachement de Törless est raisonné. La compassion n'est pas son propos. Pour lui les désirs coupables enfouis en nous peuvent être refrénés par une discipline toute intellectuelle.
Ce fut pour lui essentiellement une expérience formatrice répondant à ses questionnements philosophiques et un besoin d'aller au-delà du visible. Ce qui lui importe c'est de décoder ce brouillard, cette confusion qui règne en lui. Sa conviction «que notre pensée seule [est] parfois insuffisante» et «que quelque certitude plus intime nous fît en quelque sorte franchir l'abîme » en fait une expérience personnelle qui nous interroge.
Ce court roman se lit aisément, l'intrigue factuelle maintient l'intérêt. Ce n'est pourtant pas un roman facile. J'ai tenté de suivre Törless dans sa démarche. Elle est hésitante, foisonnante, complexe, à la limite du compréhensible. Un roman à lire et relire avant peut-être d'être en mesure de l'accepter.
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