Ce somptueux ouvrage présenté dans un coffret en toile, qui compte pas moins de 365 illustrations en couleurs dont des détails remarquables, est tout à fait bienvenu en cette période de fêtes. Il offre une plongée au coeur de la collection de
textiles du Japon rassemblée par l'Américain
Thomas Murray et acquise en mars 2019 par le Minneapolis Institute of Art. Célèbre marchand d'art tribal, spécialiste de sculptures et textiles d'Indonésie, Murray a réuni cet ensemble en une quarantaine d'années, avec une prédilection pour les textiles rustiques portés par les paysans et les pêcheurs, les vêtements archaïques des Aïnous du Grand Nord aux saisissants motifs géométriques ou encore les lumineuses étoffes de couleurs vives d'Okinawa (archipel des Ryûkyû). C'est au Japonais Sõetsu Yanagi (1889-1961), fondateur du mouvement des arts populaires japonais, que l'on doit en grande partie la compréhension et la conservation de ces textiles à l'esthétique fascinante, tissés à partir de toutes sortes de matériaux souvent mêlés (fibres libériennes, papier, peau de daim ou de poisson, coton, soie...). En 1925, Yanagi invente le terme mingei (art populaire) à partir de minshu (gens ordinaires) et de koger (artisanat) et expose ses théories esthétiques sur la beauté de l'objet utilitaire dans son livre L'Artisan inconnu. En 1936 est créé à Tokyo le musée des arts populaires japonais. Les textiles mingei sont très recherchés et la collection de
Thomas Murray, si elle ne peut être exhaustive, témoigne de la variété des techniques de teinture : shibori, tsutsugaki, katazome, kasuri...
Par Nathalie d'Alincourt, critique parue dans L'Objet d'Art 562, décembre 2019
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