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Critique de Eve-Yeshe


Ce roman nous raconte l'histoire d'une jeune fille mongole, Bolormaa, obligée de quitter son milieu familial car le réchauffement climatique a provoqué la décimation du troupeau familial. le père, sous la pression de ses fils, doit se résoudre à vendre le reste du troupeau à un acheteur chinois sans scrupules. Ils vont s'occuper de troupeaux sédentarisés pour produire en chaîne, ce qu'ils faisaient de manière respectueuse de la nature auparavant, dans une mégalopole Ordos, poussée dans la steppe grâce à une idée germée dans le cerveau de technocrates mégalomanes.

Son père lui laissait toujours le produit de la tonte des cinq premières chèvres, alors pour la dernière fois, elle recueille la précieuse laine, qui donne ce fameux cachemire si prisé dans le monde entier. Elle décide d'utiliser les recettes de sa grand-mère pour mettre au point une teinture rouge et fabriquer un pull qu'une Italienne Alessandra, qui vient tous les ans acheter la précieuse laine pour son magasin de luxe.

Retrouver la jeune femme en Toscane lui sert de moteur pour s'accrocher à la vie. Adieu la yourte, la vie nomade au grand air, bonjour l'esclavage.

Bolormaa, dont le prénom signifie cristal, va donc travailler dans un atelier tenu par les chinois, subit le racisme de ses « collègues » chinoises, se fait violer par le chef d'atelier. Elle réussit à se faire une amie chinoise, XiaoLi après cette agression et toutes deux vont décider de partir à la recherche de l'Eldorado européen.

On va les suivre dans leur long voyage en train : le Trans mongolien, puis le transsibérien puis Moscou où elles partent à la rechercher du passeur, le voyage en camion la Pologne, la montagne à pied pour entrer en Autriche car les contrôles ont été resserrés, pour arriver en Italie et se retrouver à nouveau sous la coupe des Chinois mafieux (j'ai l'impression d'utiliser un pléonasme !) elles sont à nouveau esclaves dans les ateliers pour payer les dettes des passeurs (avec des intérêts astronomiques !!!)

Christiana Moreau nous raconte le changement climatique avec les dzuds : phénomène climatique caractérisé par une vague de froid extrême faisant suite à un été caniculaire, et les hivers particulièrement enneigés pendant lesquels le bétail est incapable de trouver sa nourriture.

Elle évoque aussi le statut des femmes à l'époque de Gengis Khan : « Les Mongoles avaient une situation bien meilleure que la plupart des femmes de cette époque. Elles administraient leur foyer, pouvaient divorcer de leur mari et étaient des conseillères écoutées »

On découvre aussi la haine des Chinois envers les Mongols à cause de Gengis Khan ; ces Chinois qui construisent des mégapoles dans les Steppes au milieu de nulle part, telle Ordos, pour les abandonner ensuite car illusoires les transformant en cités fantômes…

J'ai aimé la relation qui se tisse dans le train entre les deux jeunes filles et la Baba russe, qui rentre chez elle après avoir rendu visite à sa fille, la manière dont elle partage la nourriture, les chants…

Christiana Moreau explique aussi la manière dont la Chine a établi sa mainmise sur le cachemire, spéculant sur la raréfaction des troupeaux, donc de la laine, imposant ses tarifs au monde entier.

Ce roman est un coup de coeur, j'ai adoré suivre les pas de Bolormaa et XiaoLi, dans ce périple dur, leur courage est exemplaire. On n'est jamais dans l'angélisme, même s'il y a un « Happy End ».

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Préludes qui m'ont permis de découvrir ce roman et donné l'envie de lire « La sonate oubliée », son premier roman.

#CachemireRouge #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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