Une excellente pièce signée
Molière. C'est une pièce que j'avais déjà lue, mais son souvenir s'est un brin effacé sauf les rires qu'il m'avait procurés à l'époque. En le relisant, j'avoue qu'il est réellement drôle et bien pensé.
Le style change radicalement du Misanthrope, c'est à la prose que nous avons affaire et non plus à des vers. Ce qui a dû profondément choquer, puisque
Boileau prônait les vers pour faire du théâtre. Toutefois, j'ai adoré lire cette pièce, le style est simple et efficace, bien que le langage soit celui de l'époque de
Molière. le récit est court, car il s'articule autour de trois actes, cependant, c'est agréable à lire, fluide et drôle.
Chaque acte est centré sur un élément, un événement. le premier acte permet de mettre en place tous les personnages, d'implanter les différents noeuds scénaristiques. le deuxième nous offre toute la ruse, l'habilité, le grandiose du protagoniste qu'est Scapin ; ce dernier nous montre comment il s'y prend pour mener à bien ses affaires, à savoir soustraire de l'argent à Géronte et Argante, les deux pères. le dernier acte, c'est le final. le final est sympathique, drôle à l'image de la pièce elle-même, il présente surtout un dénouement aussi curieux qu'imprévu. J'ai été très surprise par la fin.
Les personnages sont intéressants. J'ai une très large préférence pour Scapin pour sa personnalité, mais les autres sont très attachants, parce qu'ils nous font rire. Pour plusieurs raisons, leur avarice, leur colère, leur sottise... Seul Sylvestre sort son épingle du jeu, car il est loyal, dévoué à son maître, il a beau prévenir des malheurs qui attendent Scapin s'il continue ses manigances. Octave est gentil, il est amoureux et ses élans le poussent tour à tour à la crainte des pères et à l'impulsivité, la force dont il fait preuve pour que son mariage soit accepté. Léandre est un peu plus fier, colère, je l'apprécie moins, mais son histoire avec Zerbinette est sympathique.
Hyacinthe est une jeune fille pour le moins étrange, elle semble peu confiante au sujet de l'amour, parfois un brin pleurnicheur. Tandis que Zerbinette, même si elle est plus vive d'esprit, n'hésite pas à confier au premier venu, quitte à mal faire. Les deux pères sont avares, ce qui donne lieu à de très belles scènes mémorables entre chacun d'eux et Scapin. Seul Argante paraît être moins ridicule que Géronte.
La force majeure de la pièce ne vient pas aux deux intrigues amoureuses, mais du personnage principal Scapin : hardi, un peu fanfaron, sans scrupule. Il est déconcertant, mais rien ne le déconcerte, il possède un art sans pareil pour redresser habilement des situations complexes, n'hésitant pas à employer la ruse, l'humiliation et d'autres stratagèmes. Ce que j'adore chez
Molière, c'est sa principale qualité de parvenir à se moquer des travers des hommes, des travers de sa société avec élégance et humour.
En conclusion, c'est une pièce très drôle rythmée par des protagonistes hauts en couleur, attachants et bien dépeints par
Molière. le style en prose est fluide et agréable à lire, les répliques donnent de la vie, Scapin est un personnage inoubliable, sa personnalité est extraordinaire. J'ai adoré lire cette pièce drôle, sympathique et bien écrite, où tout le génie de son auteur transparaît. Elle est divertissante et plaisante à lire, c'est une excellente lecture.
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