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Critique de CDemassieux


Evidemment, cette lecture est d'abord une épreuve de force consistant à oublier le film, lequel a son histoire propre : un résumé très personnel de l'oeuvre de Margaret Mitchell et non moins brillant dans sa catégorie. Il ne saurait d'ailleurs prétendre au même but que le roman, beaucoup plus intimement lié à son auteur.
Mitchell est en effet une fille du Sud qui, nourrie des histoires de son passé, ne pouvait écrire une simple romance à deux sous pour midinettes en mal de prince charmant. Car, au-delà des désormais universels Scarlett O'Hara et Rhett Butler, le personnage central d'Autant en emporte le vent c'est le Sud. En trois actes : avant, pendant la Guerre civile américaine – que nous avons rebaptisée Guerre de Sécession – et après. C'est ce Sud qui étale dans un premier temps son insouciance, se frotte ensuite à la violente réalité des combats – les pages consacrées au siège d'Atlanta par le général Sherman sont de ce point de vue édifiantes – et, enfin, dans un sursaut d'orgueil, renaît de ses cendres, mais dans un autre contexte, le passé n'étant plus qu'un paradis perdu.
Maintenant, le tour de force de Mitchell est d'avoir concentré l'intrigue autour d'un destin de femme atypique, prise dans un tourbillon provoqué par des hommes : Scarlett, dont les épreuves n'émousseront jamais sa détermination à disposer d'elle-même. Scarlett, on adore la détester et l'on déteste l'aimer. C'est là toute l'ambivalence du personnage. Paradoxalement, son orgueil démesuré et sa rage de vivre ne la privent pas d'un certain sens du devoir lorsque les épreuves s'imposent à elle. Née princesse capricieuse, elle va devenir une femme de combat, l'égale des hommes en quelque sorte, jusque dans l'appropriation de son corps. Scarlett serait-elle féministe ? Je pose la question ! Ce qui est certain c'est qu'elle est devenue un mythe à elle seule, et ne le doit pas exclusivement aux yeux verts de Vivien Leigh !
Petite anecdote… Lorsque les « Sudistes » apprirent que l'actrice pour le rôle de Scarlett avait enfin été choisie, ils eurent cette phrase : « Mieux vaut une Anglaise qu'une Yankee ! » Car Vivien Leigh était anglaise !
Bien sûr, j'entends déjà les sirènes de la morale tinter dans mes oreilles : oui, l'esclavage, ce n'est pas glorieux ! Sauf que, à moins de me fourvoyer, il n'a pas cessé avec la reddition du Sud. La lutte ultérieure pour les droits civiques l'atteste. Certes, Autant en emporte le vent a sur ce sujet une vision édulcorée, mais ledit sujet est bien plus complexe qu'il n'y paraît et ce n'est pas le lieu ici d'en débattre.
Margaret Mitchell nous a donc offert, à nous lecteurs de bonne volonté, un de ces récits – j'ose le mot ! – inoubliables, à la fois élégant et brutal, intime et grandiose. A bien y regarder, Autant en emporte le vent est une tragédie.
Quant à ceux qui déploreront ses « interminables » descriptions, je leur répondrai qu'un destin romanesque ne tient pas en quelques lignes, ou alors c'est un destin de gare…

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