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Critique de evergreen13



Taratata !
Voici ce que j'avais écrit rapidement à mon inscription sur Babelio, sur cet ouvrage placé en tête sur mon île déserte : « C'est mon livre de référence (catégorie saga romanesque), celui que j'ai lu lorsque j'avais -12-13ans, celui qui m'a laissé un souvenir impérissable ... J'étais Scarlett, le temps de ma lecture, désespérément amoureuse de Rhett...
Évidemment à emporter sur une ile déserte, pour le livre en lui-même (il fait largement plus de 1000 pages !!) et pour l'histoire éminemment romanesque !!
taratata !! »
Autant dire que j'appréhendais de relire ce roman mais je ne regrette pas de m'être laissée embarquer dans l'aventure d'une lecture commune (proposée par Gwen21) et bien m'en a pris !
Le roman commence en 1861, juste au moment de l'annonce de la Sécession des quatre Etats du Sud, il s'achèvera 8 ans plus tard, dans une Georgie profondément changée.
Le contexte historique, du point de vue des Confédérés, est particulièrement bien rendu et il contribue largement à la dramaturgie qui s'installe : les hommes qui partent à la guerre, la vie qui s'organise à Atlanta, les premiers morts, les blessés qui commencent à affluer, les batailles qui se succèdent, les vies gâchées, la défaite qui se profile… Que de scènes inoubliables : la scène d'ouverture qui inscrit le décor, la soirée de charité à Atlanta, les milliers de blessés qui agonisent sur les quais de la gare d'Atlanta, la fuite à travers la ville en flammes, la promesse que Scarlett se fait à elle-même dans la boue rouge des champs de Tara (« Dieu m'en est témoin, Dieu m'en est témoin, les Yankees ne me vaincront jamais. Je tiendrai bon, et quand ce sera fini, je n'aurai plus jamais faim. Non, ni aucun des miens. Si je dois voler ou tuer – Dieu m'en est témoin, je n'aurai plus jamais faim »), des moments de grâce, des instants où tout aurait pu basculer, des occasions perdues…
Lorsque la guerre est terminée, les confédérés ont tout perdu. Malheur aux vaincus, le Sud est exsangue, les Yankees occupent notamment la Georgie trainant dans leur sillage les Carpetbaggers, ces nouveaux-riches, et les Scalawags, ces sudistes qui ont fait allégeance aux nordistes. C'est l'époque de la Reconstruction dont les conditions imposées par le Nord sont tout simplement insupportables pour le Sud. le paradis perdu des sudistes a laissé la place à une sorte d'enfer peuplé de Yankees sans foi ni loi qui font payer très chèrement aux vaincus les années de guerre, tant sur le plan économique que politique. Cet environnement, très complexe et passionnant, est très présent dans le roman et je dois reconnaître qu'il m'avait échappé à ma première lecture…
Et les personnages ? Scarlett que l'on découvre dans les tous premiers mots du roman « Scarlett O'Hara n'était pas belle, mais les hommes en avaient rarement conscience une fois sous son charme (…) », jeune fille gâtée, capricieuse, futile, sûre de ses charmes, entourée d'une foule de soupirants énamourés… et terriblement malheureuse en apprenant que Ashley dont elle est amoureuse va en épouser une autre. La guerre va changer Scarlett, profondément, mais c'est surtout l'après-guerre qui la fera passer à l'âge adulte. On voit Scarlett « grandir » (il ne faut pas oublier qu'elle n'a que 16 ans lorsque le roman commence !), changer, s'affirmer… C'est une femme qui malgré des épreuves inimaginables parvient toujours à se relever, plus forte encore. C'est un personnage résolument féministe à contre courant de son éducation et terriblement moderne qui n'hésite pas à braver les interdits. Autour de Scarlett gravitent des personnages qui prennent une épaisseur et une importance au fil des pages. Melanie, que Scarlett déteste puisqu'elle est la femme d'Ashley, et plus encore, dont elle méprise l'apparente faiblesse : Melanie va se révéler, et forcer notre admiration (j'ai une tendresse infinie pour elle). Et puis il y a Rhett Butler, qui a, pour l'éternité, les traits de Clark Gable (je ne peux pas l'imaginer autrement, et la description de Margaret Mitchell colle tellement bien !), Rhett, « persona non grata » dans la bonne société sudiste mais forceur de blocus dont on ne saurait se passer pour apporter à ces dames, outre des produits de première nécessité, les babioles futiles dont elles raffolent. Rhett est un rebelle, il n'a que faire du « qu'en dira-t-on », il se moque que sa réputation soit ruinée, Rhett est celui qui a percé à jour Scarlett et qui sait qui elle est vraiment, et va lui révéler sa vraie personnalité. (tous deux sont si semblables finalement). Là aussi, le mauvais garçon infréquentable se change en un homme sinon respectable, de plus en plus respecté par la « bonne société » d'Atlanta.
Mais il ne faut pas oublier qu'au-delà d'une peinture historique très intéressante (la condition féminine des années 1860 dans le sud est très bien décrite et plusieurs scènes ne peuvent que nous faire à la fois sourire et hurler) Autant en Emporte le Vent est une magnifique histoire d'amour, des amours impossibles et incandescents…
Il y a tant à dire…
Au final, un roman magnifique, dense, qui peut être lu (et relu) à plusieurs niveaux : tous sont passionnants.
A emporter sur une île déserte (bien que mon édition de 1938 n'y résisterait sans doute pas…).
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