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Critique de Dionysos89


Vingt ans après la publication du comics 300, Frank Miller propose une nouvelle plongée dans le monde antique grec, se focalisant davantage sur les enjeux géopolitiques, notamment orientaux, de cette bataille.

De retour dans l'Orient hellénistique
En parallèle du deuxième film 300, Frank Miller avait promis de réaliser une mini-série qui prolongerait l'aventure originale. Il est finalement sorti un brin en retard, il semblait au fur et à mesure assez peu motivé, mais au bout du compte nous l'avons. Il y a détaille l'avant, le pendant et le « bien après » la bataille des Thermopyles et le sacrifice des 300 Spartiates face aux innombrables armées « infernales » de Xerxès, dirigeant de l'empire des Perses. C'est un a priori intéressant de construire un récit en contrepoint centré sur la figure de Xerxès : c'est l'occasion de parcourir à nouveau la péninsule grecque, mais aussi et surtout de partir vers Babylone et les contrées de la Mésopotamie afin de comprendre ce qui l'a fasciné dans la personnalité (malheureusement très peu développée) du roi achéménide. Ce fils de Darius, lui-même conquérant, semble, selon Frank Miller, avoir à prendre une revanche sur la vie, ce qui justifierait ses actions et la mémoire qu'il a laissée. La réalité historique prend encore un uppercut, mais l'auteur creuse le filon pour aller jusqu'à la conquête en retour de la Perse par le macédonien Alexandre le Grand.

Une franche baisse de qualité
On retrouve le format d'un comics à l'italienne, avec les « tics » graphiques de Frank Miller : des personnages très rudes physiquement, de grands aplats figurant les paysages et une utilisation profuse des ombres. L'exemple de la série Sin City est un modèle du genre sur ce thème. Au fur et à mesure, les personnages sont malheureusement vus comme des ninjas. Sauf qu'ici, nous ne sommes pas dans Daredevil ou Elektra où les ninjas sont largement tolérés, scénario oblige. Ici, on s'attend à voir des hoplites, puis une phalange bien organisée ; l'art de la guerre est battu en brèche par l'envie de l'auteur de créer des figures héroïques à partir de figures historiques qui dépendaient beaucoup des autres. D'habitude, les graphismes prennent le pas sur les dialogues, mais c'est voulu. Ici, les dialogues sont très vite assez pauvres : les deux premiers épisodes fonctionnent sur nos souvenirs de 300 et quelques phrases bien senties, mais par la suite il devient plus difficile de suivre le récit qui est très haché et les dialogues sont de plus en plus fades, neutres et sans grand sens. C'est bien triste, car cela donne l'impression d'une écriture à la va-vite.

Des thèmes assez classiques
Comme dans 300 et The Dark Knight returns, le thème de l'étranger à repousser est très présent, mais la subtilité en prend encore un sacré coup au moral. L'auteur essaie tant bien que mal de créer un récit cohérent entre la préparation des Thermopyles, avec de grandes références comme la bataille de Marathon, et la destinée fatidique de l'empire perse confronté à toujours plus de menaces venues de la péninsule grecque (oui, c'est intéressant de le tourner ainsi pour une fois, alors même que l'auteur ne le voit pas du tout ainsi). Difficile de creuser tant que ça des thèmes forts quand on en reste à « toute la volonté de puissance de Xerxès trouverait son origine dans une enfance mal passée » ou bien « toutes les conquêtes grecques ne sont que des justes retours, vu qu'ils ne se battent tous dans un seul but, venger les 300 tombés plusieurs décennies auparavant ». Je caricature probablement à mon tour, mais le peu de dialogues et les dessins « ninjas » n'aident pas à enrichir le fond de l'affaire. Cette dynamique simpliste ne rend pas hommage à cette période particulièrement riche d'échanges entre Grèce continentale, Grèce insulaire, Proche-Orient, Moyen-Orient, Cyrénaïque et Égypte.

En conclusion, Xerxès pâtit beaucoup trop de son grand frère 300 et montre qu'on peut être un génie en la matière, ressortir quelque chose de neuf, d'original et réussi n'est pas toujours donné, même quand on s'appelle Frank Miller.

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