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Critique de Erik35


QUE PERSONNE NE BOUGE !

Avec tous les poutibloks (monnaie intergalactique très en cours outre-terre) qu'ils ont empoché lors de leur précédente aventure (NB : Les cercles du pouvoir), nos deux ex-agents spatio-temporaux ont désormais de quoi voir venir : Finie la dèche, vive les vacances à perpette ! C'est donc sur un immense croiseur paquebot intersidéral que nous retrouvons, pour la seizième fois, l'intelligente et charmante Laureline ainsi que son compagnon de fortune et d'infortune, le trépidant Valérian.

Mais le jeune homme s'ennuie à ne presque rien faire et, de plus en plus ronchon, il supporte de moins en moins cette apathie liée à la disparition de Galaxity. Fort heureusement, une bande de joyeux drilles - façon de parler - a décidé de s'emparer de l'insupportable rejeton du non moins insupportable calife d'Iksaladam, un genre d'émir galactique riche à milliards grâce à des réserves quasi inépuisable d'ultralum, une sorte de pétrole de l'espace, et qu'il donne à forer sur les planètes qu'il gouverne à de pauvres hères qui ne vivent malheureusement guère longtemps, tant le produit est toxique et les méthodes de forages délétères (ce qui vaudra d'ailleurs la séquence "Monde Ouvrier vs Capitaliste Exploiteur" de cet album).

C'est dans ce contexte que Valérian va se lancer à la poursuite des quatre étonnants kidnappeurs qui se sont dénommés (non sans quelque morbide humour) «Le Quatuor Mortis» dont l'une des caractéristiques est d'agir de concert - bien entendu - en empruntant aux rythmes du Classique (Allegro, adagio, etc) dans leur modus operandi. Une belle bande de crapules maniaques sans foi ni loi, malgré leurs tenues de gala, costumes et noeuds pap' !
Valérian va doublement entamer la poursuite car, imprévu majeur, le petit califon (c'est ainsi qu'est appelé le fils du sanguinaire, autocratique et cynique Calife) va se saisir des mollets de Laureline avec les tentacules qui lui servent de chevelure au moment du rapt, les rendant dès lors parfaitement inséparables.

Pétrole/Ultralum, Calife spatial/Émirs du Golfe, les allusions sont bien entendu recherchées. Pour autant, cet album est moins une critique (assumée) d'un certain état de fait terrien qu'une aventure menée tambour battant par le duo de choc... Jean-Claude Mézières et Pierre Christin. L'humour est omniprésent, des éléments comiques désormais classiques (ces bons vieux Shingouz ainsi que l'intenable Schniarfeur de Bromn) se surexposant à un nouvel invité, ce petit diable de Califon qui, malgré tous les dénis de leurs créateurs, n'est pas sans évoquer l'odieux petit Abdallah que l'on découvre pour la première fois dans «Tintin au pays de l'or noir».

Si le grand souffle politico-épique qui avait fait la réputation de cette série étonnante et nouvelle dans le paysage de la BD franco-belge des années 70 n'y est plus tout à fait, cet «Otages de l'Ultralum» demeure un cru qui se tient parfaitement bien. le rythme est vif, efficace, amusant et si la trame est un rien convenue, qu'il est désormais clair qu'il sera malaisé aux deux créateurs de retrouver de cette puissance de feu depuis qu'ils ont pour ainsi dire sabordé la série en faisant disparaître Galaxity, que le dessin de Mézière n'est plus aussi appliqué que quelques albums plus tôt (malgré d'encore belles innovations graphiques et surtout un imaginaire incroyablement foisonnant), on se laisse vraiment emporter par cette course-poursuite entremêlant des éléments de polars intersidéral et quelques considérations de géopolitique qui parfont l'ensemble en lui insérant une toile de fond tout à la fois crédible et questionnante.

Quelques crans en dessous des meilleurs albums de la saga, sans nul doute, mais un titre qui tient tous ses engagements s'ils ne s'agit que de passer un très bon moment en compagnie de nos deux petits héros de papier !
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