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Critique de Arakasi


Avoir dix-sept ans, c'est l'enfer ! Tous les jeunes gens le savent, et surtout Sonny et Duane, élèves en quatrième année au lycée de Thalia, une petit ville paumée du Texas. Trop fauchés pour entrer dans une université, tous deux s'apprêtent à quitter la scolarité pour trouver un travail, mais, en attendant ce changement radical d'existence, il leur reste encore un été à passer à Thalia. Un long été à tuer dans la poussière et la chaleur écrasante, à partager leurs journées entre leurs petits jobs estivaux, le billard et l'unique salle de cinéma de la ville tenue par le vieux Sam le Lion. Un long été à trainer leur ennui morose en rêvant de la seule chose qui obsède tous les gamins de leur âge : le sexe. Mais le sexe, au début des années cinquante, reste une expérience bien mystérieuse pour des adolescents de dix-sept ans, surtout dans une ville aussi pudibonde que Thalia. Alors on flirte discrètement à l'arrière d'une salle de cinéma, on s'embrasse sur le siège d'une voiture et on se caresse sur la dernière banquette d'un bus scolaire en prenant garde de ne pas éveiller le professeur endormi. Tout cela en fantasmant sur le jour où leur délicieuse partenaire leur permettra enfin d'atteindre le plaisir espéré. Ce qu'ils ignorent, tous ces bouillonnants jeunes gens, c'est à quel point la vie peut se montrer dure et les désillusions cruelles pour les garçons à l'âme trop sensible et aux poches vides. Oh oui, c'est parfois bien laid de devenir adulte…

Ma première rencontre avec Larry McMurtry a été un coup de foudre. Littéralement soufflée par « Lonesome Dove », roman historique qui avait permis à son auteur de rafler le prix Pulitzer en 1986, il m'a fallu des mois pour oser m'attaquer à une autre de ses oeuvres, tant je craignais que celle-ci ne soit pas à la hauteur de mes espérances – craintes tout à fait vaines puisque c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai renoué avec le style simple, sensible et pourtant si riche de sens de McMurtry. Comme pour « Lonesome Dove », le principal atout du romancier réside dans son incroyable talent de portraitiste, ce sens du détail émouvant, tragique ou cocasse qui permet de toucher le lecteur au coeur sans jamais trop en dire. Les mésaventures de Sonny et Duane, qui pourraient paraître banales à la première vue, sont sublimées par cette habilité narrative et par l'attachement que l'on ne tarde pas à ressentir pour ces deux gamins, complétement paumés mais pas méchants pour un sou. Les très nombreux protagonistes secondaires du roman sont traités avec autant de délicatesse et tous s'avèrent mémorables, particulièrement les personnages féminins comme le belle Loïc, splendide bourgeoise de quarante ans rongée par l'ennui et les déceptions, ou Ruth, épouse vieillissante et négligée par son abruti de mari qui découvrira dans les bras d'un jeune lycéen le plaisir ardent mais trop fugace d'être une femme.

Très tendre, triste et gai à la fois, « le dernière séance » est avant toutes choses un roman sur la jeunesse, celle qui nous fait souffrir, mais celle aussi que l'on regrettera amèrement, une fois les années écoulées et les dernières chimères parties à vau-l'eau. Une bien belle lecture, mais un peu déprimante tout de même.

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