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Critique de TmbM


1699. le dix-septième siècle vit ses derniers mois et Fount Royal, une petite ville américaine, reculée, humide et boueuse, est le théâtre de scènes inexplicables et de morts mystérieuses. Ses habitants, qui vivent dans l'angoisse, attendent avec impatience l'arrivée du juge qui doit envoyer au bûcher une sorcière, accusée d'être à l'origine du moindre de ses maux. Mais, une fois sur place, alors que tout le monde espère une justice expéditive qui lèvera la malédiction, le juge Woodward entend bien organiser un procès juste et ne condamner la jeune femme qui croupit dans la prison infestée de rats, Rachel, que sur la base de témoignages fiables et de faits irréfutables.

Malheureusement, le procès échappe rapidement à Woodward, très malade et sous l'influence des notables de la ville qui exploitent sa faiblesse. Matthew, son jeune clerc et protagoniste principal du roman, prend alors les choses en mains. Il ne lui faudra pas moins de deux volumes et d'un bon millier de pages pour, seul contre tous, faire la part des choses entre les déclarations troublantes, mettre à jour l'intrigue complexe que dissimule cette mascarade et plonger le lecteur dans l'horreur des croyances liées à la sorcellerie. N'oublions pas que les procès de Salem sont récents et que leur influence est palpable dans la société apeurée que dépeint l'auteur de Swan Song. Qu'une population mette tout ce qu'elle ne peut expliquer sur le dos d'une femme accusée pour l'occasion de sorcellerie ne s'explique pas que par un comportement primaire ; c'est le résultat d'un sentiment d'isolation, d'une bigoterie atavique ainsi que, par certains aspects, d'un contexte politique et d'une cohabitation compliquée avec ses esclaves d'une part, avec les peuples autochtones d'autre part. Bref, tout cela n'est pas si simple. le roman de Robert McCammon ne l'est pas non plus.

Sur fond de ce décor historique, le chant de l'oiseau de nuit est un roman policier à la trame particulièrement bien ficelée et à la narration adictive. Au-delà de la première question qui est donc de savoir si la sorcière en est vraiment une, l'intrigue emmène à se demander si le jeune clerc parviendra à faire innocenter Rachel et à confondre de vrais coupables. Or, les suspects sont nombreux. Et, malgré les défauts de ces derniers, leur lâcheté, leur entêtement ou leur obstination, ils semblent tous d'autant plus innocents que les preuves de la culpabilité de la jeune femme sont accablantes. Matthew, qui n'est que clerc et n'a pas la légitimité pour interroger les habitants et mener une enquête, devra faire appel à toute son ingéniosité et à son sens de l'à propos pour faire parler ses interlocuteurs malgré eux et trouver la faille. Il confronte alors les habitants à leurs témoignages, leur passé, leurs croyances et leurs terreurs, tout en cherchant à qui profite le crime et en s'interrogeant sur les mobiles. Par ailleurs, en digne roman d'apprentissage, le livre fait découvrir la vie, la mort, l'amour ou encore le rapport filial à notre protagoniste, que cette histoire marquera durablement et au sortir de laquelle il deviendra un homme. le lecteur, lui aussi, à défaut de devenir un homme, sera marqué par la maîtrise du récit et du dialogue de Robert McCammon - quand bien même celui-ci n'avait plus rien à prouver. La finesse des portraits de ses personnages, pourtant souvent rudes ou grossiers, et surtout le charisme de Matthew, un personnage touchant, entier, sensible, font le reste.

Touchez mon blog, Monseigneur...
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