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Critique de JosEtPhine


Fin, policier ayant perdu récemment son fils, se voit obligé d'enquêter pour meurtre sur l'île de son enfance, qu'il avait quitté 18 ans plus tôt. Voulant oublier son passé, il avait tout fait pour ne pas y retourner. Mais dans une période de sa vie où l'avenir de son couple demeure incertain, maintenant que son fils n'est plus là, revenir dans un endroit que l'on connaît bien peut être rassurant. Peut-on néanmoins parler de refuge lorsque le passé encombrant, parfois terrifiant, refait surface ? Lorsque l'on ne reconnaît plus ses anciens proches et qu'on a l'impression de s'immiscer dans leurs vies sans leur accord ? Lorsque surtout il s'agit d'enquêter sur un meurtre abominable ? Les regrets d'une vie qui n'est plus, qui ne peut plus être, apparaissent ; les doutes, les peurs s'accumulent ; la tension, au fur et à mesure que l'on approche de la vérité, s'intensifie.

Peter May réussit, et ce dès les premières pages, à nous happer dans une histoire toujours plus sombre, où la vérité devient de plus en plus dérangeante. Chaque chapitre sait installer, parfois avec seulement quelques phrases, une ambiance saisissante, où l'on perçoit toute la froideur de ces îles, la force des vagues et du vent, l'odeur de la tourbe que personnellement je ne connais pas, mais que je devine. L'on vit avec les personnages dans un endroit où la nature domine les hommes et cela se ressent dans les descriptions des maisons, des collines… le chapitre sur An Sgeir est tout simplement bluffant tant l'écrivain parvient à nous faire comprendre la rudesse de ces lieux, l'évocation, omniprésente, du vent et de la mer qui se déchaînent nous apparaît clairement. On ressent le froid, on sent le vent, on comprend l'incompréhension de Fin lorsqu'il fait un peu trop beau tant on est baigné en permanence dans cette atmosphère écossaise. C'est là ce qui fait la grande force de ce roman : l'ambiance. Sans elle, le livre ne serait pas aussi bien.

Le suspense et la construction du récit sont aussi très bien menés : les chapitres alternent entre le passé de Fin, raconté à la première personne, et le présent, cette fois raconté à la troisième personne. Chaque fois, le passé permet d'éclairer le présent et de mieux avancer dans l'histoire et par extension, dans l'affaire, de mieux comprendre un personnage et ses relations avec Fin… Jamais je ne me suis sentie coupée dans l'intrigue puisque chaque chapitre aide à mieux comprendre la précédente et à mieux appréhender la suivante et s'arrête pile quand il le faut, avec la phrase déclencheur qui sous-entend une prochaine révélation, nous donnant toujours plus envie de tourner la page. A aucun moment je n'ai préféré le passé de Fin au présent ou vice-versa, les deux histoires (qui au final n'en forment qu'une) sont toutes les deux passionnantes. de cette construction quasiment parfaite du livre en émane un suspense bien plus convaincant qui joue sur nos émotions, notre hâte de voir un certain détail prendre son sens, nos doutes, notre étonnement.

Et cette fin ! Vers la fin, tout s'accélère, les éléments s'imbriquent de plus en plus et bien plus vite, sans que cela ne soit pour autant déstabilisant. La tension, partagée avec le héros, atteint son paroxysme, on espère, on doute, on s'effraie avec lui. On hallucine, tant c'est bien pensé, tout à coup, tout prend son sens, on en vient à faire une pause pour mieux saisir et savourer la complexité de l'affaire. Mais très vite, on reprend, la suite ne peut attendre ! On aimerait que tout aille plus vite, tant il devient urgent de connaître la fin. Les pages défilent, les yeux sautillent de mot en mot et s'agrandissent au fur et à mesure que la vérité apparaît, ahurissante.
Ca y est, la dernière page est là. le livre se referme, les yeux toujours aussi grands mais l'esprit comblé par une telle lecture.

Je ne lis pratiquement jamais de livres policiers mais je dois dire que là, ce fut une véritable claque. A la fin de ce premier tome, je ne ressentais même pas le besoin de lire les deux autres tant celui-là se suffit à lui-même, on n'ose pas en redemander d'autre d'une telle envergure. Est-ce même possible de faire mieux ?

En plus de l'enquête, j'ai trouvé dans ce livre une réflexion sur le temps qui passe, les regrets que l'on peut avoir à cause de mauvais choix, les conséquences de nos actions sur notre vie future. Ces constats teintent le livre d'un aspect plutôt mélancolique et nostalgique, tout à fait compatible avec l'ambiance écossaise et glaciale, et montrent à quel point le passé peut déterminer toute notre vie (tout comme il peut nous aider à mieux la comprendre), ce qui peut paraître assez effrayant.

En bref, un premier tome que je recommande bien sûr chaudement, comme je pense vous vous en seriez douté au vu de ma critique. Parfait à lire en novembre (d'accord, je suis peut-être un peu en retard…), avec la pluie qui tambourine les fenêtres et le vent qui siffle. Bonne lecture à tous !
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