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Critique de BazaR


BazaR
07 décembre 2022
Bon, ce livre ne va pas arranger mon arachnophobie.

Richard Matheson est un artiste de l'effroi. C'est en tout cas ainsi que je le vois après avoir lu ce roman. le travail qu'il accomplit sur son pauvre héros Scott Carey, qui voit sa taille diminuer aussi régulièrement qu'une horloge atomique donne l'heure, est incroyablement visuel et émotionnel. L'angoisse sue par tous ses pores, que ce soit dans l'action quand, mesurant un centimètre, il fuit son ennemie la veuve noire ou dans les scènes familiales, quand il descend sous 1m50 et rend l'univers responsable de son état devant sa femme qui a du mal à s'adapter. La vision que le lecteur acquiert de l'univers périlleux que devient une simple cave pour un homme d'un centimètre est nette et affolante. Lors de sa descente vers les enfers du minuscule, Scott passe d'un désespoir révolté à une renonciation – ou une acceptation – de son sort. Sa résilience devient aussi infinie que les dimensions des objets autrefois si communs. Il renvoie les instants d'abattement aussi fort qu'une balle de tennis. Mais parfois la peur s'empare de lui comme un homme musclé aux bras d'acier. Il ne parvient pas à s'en dépêtrer. Tout cela passe si facilement de Scott au lecteur (à moi en tout cas) que j'en étais presque arrivé à hésiter d'éteindre la nuit.
Autre élément « surprenant » : sa libido, elle, ne décroît pas avec sa taille. Les scènes où on le voit s'exciter à la vue d'une inaccessible femme sont nombreuses. Un peu trop selon moi.

Ayant lu son Livre d'or, je savais que l'auteur n'était pas un grand fan des sciences et dissimulait des romans en fait fantastiques derrière un paravent de science-fiction. C'est particulièrement visible ici. Même si des explications techniques finissent par être données, on sent bien qu'elles n'ont qu'un impact secondaire sur Scott ou sur l'histoire. Elles sont presque de trop. Parfois, j'ai pris certains comportements du héros comme un manque de réflexion de l'auteur – par exemple le fait que lors de son ascension d'un meuble Scott s'inquiète de sa chute possible de ce qu'il voit comme des centaines de mètres. En fait Matheson avait parfaitement intégré la physique dans son histoire mais s'était arrangé pour que Scott n'imagine pas que la chute est beaucoup moins dramatique quand on fait un centimètre ou moins, à cause du faible poids et de l'importance relative de la résistance de l'air.

J'ai été ravi par la fin. Surpris peut-être pas tant que ça. Après tout, certaines lectures ou certains films plus récents permettaient de faire la conjecture de ce qui se passe. Richard Matheson est sûrement un des premiers à avoir imaginé cela. La fin, donc, ouvre des perspectives et c'est très libérateur, après une lecture en tension.

Il reste néanmoins que c'est pas avec ça que je vais arrêter d'avoir peur des araignées, moi.
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