Du domaine des murmures

En 1187, Esclarmonde, refuse de se marier, le jour même de ses noces. Elle, si convoitée, fait un affront à son père qui n'accepte pas le choix de sa fille de prendre pour élu le maître céleste plutôt que l'homme de bonne famille qui lui avait été choisi. Esclarmonde est la narratrice. Elle confie au lecteur, son incapacité à se donner à un homme qu'elle n'aime pas, son choix de vivre cloitrée dans « un reclusoir », construit à côté de la chapelle du château par son père, la détresse et la violence de ce dernier qui se sent trahi par sa fille. Elle raconte sa vie de sainte emmurée, sa résilience, son amour pour Dieu, sa colère, sa sourde amertume… Carole Martinez nous embarque dans un moyen-âge sans pitié où, si la femme pèse peu dans la société, elle n'est ni dupe ni soumise … Cette rébellion impossible se transforme au fil du récit en une vengeance sournoise, en une duperie calculée mais également en une grande souffrance de femme … Cette vie tragique de la Sainte du Domaine des Murmures est émouvante. Ce roman sensible et rude à la fois, en devient poétique. Les termes d'un autre temps, utilisés pas l'auteur, ajoutent au mystère et au dépaysement. Je ne suis pas étonnée que des lycéens aient été touchés par ce livre et lui aient décerné le Goncourt des lycéens 2011. J'ai, moi aussi, passé un très bon moment de lecture.