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1891, en Finlande. Maíjaliisa Koski revient chez elle, après trois jours d'absence. Lorsqu'elle est partie, ses enfants avaient une légère fièvre. Pendant qu'elle aidait une femme suédoise à accoucher, ses deux filles aînées et son petit dernier sont morts. « Peu survivaient au choléra. » (p. 15) « Cette nuit atroce marqua chacun des enfants différemment. » (p. 16) Aino, âgée de trois ans, a compris que personne ne viendrait. Ilmari, à douze ans, « sut qu'il existait un Dieu et que ce Dieu devait être craint, mais qu'il envoyait aussi des anges. Lemminki Matti, lui, n'avait pas vraiment compris ce qui s'était passé et en garda une vague inquiétude pour l'avenir. En grandissant il comprit que les riches avaient moins peur de l'avenir que les pauvres. » (p. 17) Il a deux ans, au moment du drame.


Ilmari est le premier de la fratrie à émigrer en Amérique. Nous sommes en 1897. Son objectif est de s'assurer un avenir et de fuir l'appel de l'armée russe. Il s'installe en Oregon et s'engage comme bûcheron. Il est rejoint par Matti, forcé de fuir la Finlande, car menacé de prison, après une bagarre avec un officier russe. Aino retrouve ses frères, après avoir été torturée par l'Okhrana, la police politique secrète de l'Empire russe à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, à la suite de son arrestation pour trahison et sédition. Elle a adhéré « au Parti finlandais de résistance active, de violents révolutionnaires. » (p. 63) Très jeune, elle avait découvert Karl Marx et toute sa vie, elle restera une « rouge ». Cette saga déroule leur vie, sur les berges de Deep River.


Les bûcherons effectuent un travail titanesque et dangereux. Comme le montre la photo de la couverture, les troncs peuvent atteindre des diamètres de huit mètres et ont une hauteur gigantesque. La mort fait, hélas, partie du métier. Les descriptions sont charnelles, les hommes font corps avec les arbres. J'ai été impressionnée par leur art et leur maîtrise ; ils sont conscients des risques, des accidents endeuillent, régulièrement, la colonie, mais chaque matin, avec héroïsme, ils sont à leur poste.


Alors que les patrons s'enrichissent, les bûcherons reçoivent des salaires dérisoires pour des journées interminables. Aino, au tempérament de feu, se révolte contre les injustices du capitalisme. Communiste convaincue, elle participe à des réunions, recrute des adhérents dans l'objectif de créer un syndicat pour défendre les droits des travailleurs, par le biais de grèves et de revendications. Hélas, elle ne vit que pour ses combats contre l'injustice. Aussi, malgré la noblesse de sa lutte, elle fait souffrir ses proches au nom de son idéal. Elle provoque le malheur de ceux qui l'aiment. Elle ne mesure les conséquences de ses actes, qu'une fois devant le fait accompli. Paradoxalement, elle peut sembler égoïste envers sa famille, alors qu'elle se bat pour les opprimés. le collectif l'emporte sur l'individualité des siens.


Faire éclater la terre est une grande fresque historique, politique et sociologique (de plus de 850 pages) qui décrit l'Histoire des Etats-Unis, pendant le premier tiers du XXe siècle, à travers le regard d'immigrés scandinaves. Les personnages sont nombreux. Ils ont des attentes différentes. Leur caractère et leur histoire ne se ressemblent pas, mais tous participent à la création d'un nouveau monde. Ils s'inscrivent dans la construction d'une Amérique en pleine mutation, dans laquelle les intérêts s'opposent, en particulier ceux des patrons et des ouvriers. Ce roman est, également, une saga familiale passionnante et ardente, avec au centre des rebondissements nombreux, des frères et soeur aux aspirations, parfois opposées, mais unis par un amour fraternel plus fort que les dissensions. J'ai adoré ce roman captivant, qui alterne entre des phases de contemplation et des passages tumultueux.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Comme j'ai aimé ce roman éblouissant et passionnant de Karl Marlantes traduit par Suzy Borello !

L'écriture d'une précision et d'une intensité remarquables m'a entièrement absorbée et emmenée dans un lieu qui semble hors du temps mais bien réel pourtant, les camps de bûcherons sur les rives de l'Orégon. Au début du 20ième siècle, c'est la terre d'adoption des immigrants finlandais dont la vie était menacée dans leur pays par l'oppresseur russe.

C'est le cas pour la jeune Aino Koski et ses 2 frères Matti et Ilmari contraints à l'exil ainsi que leur ami Aksel.
Je les ai admiré tous les 4 dans la manière de construire leur vie dans un pays totalement inconnu et comment ils bâtissent leur propre vision d'une Amérique dont ils ne connaissent en arrivant que les terres agricoles, la pêche, la forêt et la Deep River.

Tous ces éléments naturels sont leur unique gagne-pain, un métier dangereux sans aucun droit de protection sociale, un salaire de misère et des conditions de vie effroyables des familles dans les cabanes de bois très rudimentaires. J'ai beaucoup appris sur l'organisation des premières grèves dans les camps de bûcherons, la mise en place fastidieuse des syndicats pour fédérer des corps de métier et leur violente répression.

J'ai admiré la progression des armes de combat d'Aino pour contrer le pouvoir par le pouvoir avec la naissance des coopératives.
Karl Marlantes rend tout ceci très immersif et très intéressant. Son écriture est un mouvement continuel comme le fleuve, fluide et transparente, elle progresse dans le temps et la mémoire.

J'ai ressenti sa passion pour le métier du bois. Karl Marlantes montre toutes les facettes du métier de bûcheron qui est aussi grimpeur, transporteur des grumes sur le fleuve. Comme le meunier d'autrefois qui passait son temps à réparer la rivière plutôt qu'à moudre le blé. L'auteur rend le métier de bûcheron dans sa plus belle acceptation.

J'ai suivi Aino et ses frères avec émotion et un intérêt qui ne cessait de grandir, une lecture addictive de 850 pages qui n'a jamais cessé de me captiver.
C'est une admirable saga familiale riche et intense dans un contexte historique et social dont je connaissais mal la portée.

J'ai vu dans le regard d'Aino, de Matti, d'Ilmari et d'Askel, la beauté poignante de la forêt d'origine, les séquoias majestueux et les gaulthéries flamboyantes.

J'ai lu leur amour pour tout ce qui les entoure, le regret pour leur perte irrémédiable au nom du progrès. A la merci du monopole exclusif d'une grande compagnie forestière et de l'abattage intensif pour les besoins économiques du pays en pleine expansion.

Les descriptions de la forêt, du fleuve sont brèves et puissantes, et laissent une mélancolie tenace sur le passage du temps et sur ce que nous laissons derrière nous.

Faire bientôt éclater la terre est un de mes grands coups de coeur de la rentrée littéraire lu dans le cadre du Prix du Roman FNAC qui fait partie des 30 livres sélectionnés.
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Vous avez aimé la saga de la famille Caskey ? Alors vous adorerez celle de la famille Koski !

Fuyant leur Finlande natale et la répression de l'occupant russe qui y sévit en ce début de XXe siècle, ils sont trois dans la fratrie, Ilmari, Aino et Matti, venus le long de la Deep River, entre Oregon et État de Washington, tenter de saisir leur part de rêve américain.

Dans une région où les métiers du bois et la pêche offrent du travail à qui en cherche, ils ne tardent pas à découvrir que la condition ouvrière n'y est pas plus favorable, trimant des journées entières pour quelques cents de l'heure, dans des conditions d'hygiène dans les campements et de sécurité dans les bois, quasi-inexistantes.

Aino la révoltée, déjà en contact avec les aspirations de révolte prolétarienne durant son adolescence, va les mettre en pratique une fois en Amérique et jeter toute sa colère dans la mobilisation des opprimés, les luttes contre les propriétaires et les grèves revendicatrices. Au risque de mettre sa vie en danger, mais aussi celle de ses proches…

Des débuts à la tâche jusqu'aux velléités d'entrepreneuriat en passant par l'économie coopérative, Faire bientôt éclater la terre de Karl Marlantes – traduit par Suzy Borello – tient toutes ses promesses de roman au long cours, mélangeant avec succès la petite histoire des Koski dans la grande histoire des luttes sociales ou plutôt des luttes humaines aux USA.

« La politique n'est qu'une guerre par d'autres moyens. Et il n'y a pas de gloire dans la guerre. »

Et au pays du capitalisme triomphant, la tâche n'est pas simple, quand la lutte syndicat-patronat est un bras de fer fluctuant selon l'offre et la demande, et que le cours du bois souvent à la hausse quand l'expansion économique est là où lorsque le canon se met à gronder en Europe, devient le juge de paix.

Comme un Germinal égaré sur la côte Ouest, Faire bientôt éclater la terre est une réussite, en grande partie imputable au talent de conteur de Marlantes, mais aussi de portraitiste : Ilmari, Vasutati, Jouka, Lempi, Kullerrikki, Aksel et tous les autres restent longtemps dans la tête du lecteur.

Mais la palme revient à Aino, qui rentre en bonne place dans la catégorie des héroïnes marquantes de roman US, indépendante, déterminée mais au coeur prêt à fondre lorsque résonnent les premières notes de la Lördagsvalsen au bras de celui qu'elle aime.

« Les hommes disent toujours qu'ils attendent des excuses, mais ce qu'ils veulent vraiment, c'est qu'on les aime. »

Un dernier mot : à celles et ceux qui craindraient les quelques 900 pages, faites comme d'autres : séparez artificiellement votre lecture en 6 livres. Vous verrez, ça passe crème ! »


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Une histoire prenante d'une famille finlandaise qui part en Amérique pour fuir la misère de leurs pays et se retrouvent à couper du bois. Un livre que je ne pensait pas forcément terminé (c'est un beau bébé). Mais j'ai été tellement attaché à chaque personnage que je ne pouvais pas m'arrêter avant la fin. L'histoire s'insère aussi dans un large contexte historique qui est fort intéressant à lire. Même s'il peut faire peur à cause de sa taille, je recommande vivement ce livre.
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