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Critique de Laureneb


Je remercie l'émission de France Culture "Sans oser le demander", qui m'a à la fois donné envie de lire ce roman, et qui m'a donné certaines pistes de lecture. J'ai bien compris que c'était une oeuvre du patrimoine italien, connu des élèves et étudiants, mais je dois d'abord confesser que j'ai trouvé beaucoup, beaucoup de longueurs - le roman fait mille pages. Des longueurs dans les descriptions, dans la forme même du récit - les personnages vivent les événements, se les remémorent, les racontent, puis d'autres les interprètent... Des longueurs dans les digressions aussi, avec les portraits assez longs de personnages parfois très secondaires.
J'ai bien compris à l'écoute de cette émission que ce n'est pas un roman sentimental mais matrimonial - les sentiments de Renzo et Lucia sont donnés pour acquis, leur but est de se marier, pas de se séduire. J'ai surtout compris que les interprétations peuvent être multiples, de la lecture marxiste qui s'intéresserait surtout à la description des émeutes de la faim et aux rapports entre seigneurs et petites gens, une lecture religieuse qui penserait à la sanctification de certains personnages très positifs de religieux (le cardinal Frédéric, le père Cristoforo) et sur la punition des pêchés et la gratification des vertueux, ou une autre anticléricale qui se centrerait sur les portraits négatifs de religieux paresseux, usuriers, peureux...
Moi qui suis historienne, historienne moderniste, c'est l'aspect roman historique qui m'a intéressé, forcément. C'est l'Italie du XVII ème siècle, majoritairement rurale et paysanne, avec déjà des grandes villes puissantes qui se modernisent par une proto-industrie (les filatures). Mais c'est aussi une Italie qui n'existe pas en tant qu'Etat souverain, où les puissances européennes viennent mener des opérations de conquêtes - on croise donc des Espagnols, des Autrichiens, des Français, des Suisses..., le tout au détriment des populations locales. C'est la Guerre de Trente Ans, la "guerre nourrit la guerre", les armées vivent du pillage, du viol, du meurtre, même si elles ne combattent pas directement les Etats italiens. Et elles transportent la peste... J'ai été assez fascinée par la description très documentée de la peste à Milan, Manzoni cite même des sources. Certains passages sont très actuels et résonnent fortement avec notre traversée de la pandémie. Les connaissances ont changé, mais certains comportements restent les mêmes : ne pas nommer la maladie pour ne pas effrayer, ne pas écouter ceux qui parlent de contagion, diffusion de rumeurs et de fausses informations, crainte d'un complot généralisé, profiteurs économiques... le tableau est saisissant.
Une lecture assez longue, trop pour moi, mais où chacun peut trouver la grille de lecture qui lui plaît, le genre aussi entre comique, mélodrame, roman historique, politique...
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