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Critique de Foxfire


Le nom d'Omar Khayyam ne m'était pas totalement inconnu. Si je ne savais rien de cette figure historique, j'avais déjà entendu parler de ses poèmes sur le vin et l'amour. Une lecture commune m'a donc donnée l'occasion de découvrir ce grand homme avec le roman d'Amin Maalouf.

Dans la bande dessinée « A la recherche de Sir Malcolm » de Floch et Rivière que j'ai lue récemment il était fait mention d'un précieux manuscrit à bord du Titanic, ce qui m'a bien amusée quand j'ai lu le prologue de « Samarcande » qui commence justement à bord de l'insubmersible naufragé. A la lecture de ces toutes premières pages, j'étais donc amusée mais un peu dubitative. Où donc étaient Khayyam et l'Orient enchanteur que me promettait cette lecture ? Pas très loin puisque très vite on fait la connaissance du fameux poète mais « Samarcande » ne se contentera pas de raconter la vie de Khayyam. Il ne s'agit pas d'une banale biographie romancée. En fait, plus que Khayyam lui-même, c'est son oeuvre poético-philosophique qui est au coeur du roman et qui permet à l'auteur de mettre en lumière l'évolution politique de la Perse au cours des siècles. Un propos très ambitieux donc. Maalouf se hisse à la hauteur de ses ambitions et livre un roman très riche et passionnant.

La 1ère partie place le lecteur dans les pas de Khayyam en lui racontant sa vie mouvementée. Cette partie est sans aucun doute celle qui m'a le plus séduite. le récit est d'un dépaysement enchanteur. Dans cette partie du roman, Maalouf prend sans doute beaucoup de libertés avec L Histoire pour donner un souffle romanesque à son récit, on sent bien que l'aspect biographique est très romancé. le plaisir de lecture est immense dans cette première partie qui, après s'être intéressé directement à Omar Khayyam, va se concentrer sur la secte des Assassins. Et c'est formidable que de suivre l'histoire de ces illuminés. S'ils n'avaient pas réellement existé il aurait fallu les inventer parce que, y'a pas à dire, elle a de quoi enflammer l'imaginaire cette secte. Et puis, j'ai adoré le rôle, discret mais fort, que joue le manuscrit de Khayyam dans l'évolution des Assassins.

La 2ème partie a de quoi surprendre. Après l'orient médiéval enchanteur et dépaysant de la 1ère partie, voilà que le lecteur se retrouve dans la Perse du début du XXème siècle. On suit cette fois un américain à la recherche du manuscrit de Khayyam et qui se retrouve témoin et acteur des événements qui vont transformer la Perse. On pourrait penser que le manuscrit de Khayyam n'est ici qu'un prétexte et qu'il ne revêt qu'une importance minime dans cette partie. J'ai trouvé au contraire que, s'il était quasiment absent physiquement du récit, Maalouf lui faisait jouer comme un rôle de miroir avec les troubles politiques du pays. C'est comme si la dualité entre Khayyam et Hassan Sabbah, le fondateur des Assassins, trouvait un écho dans la rivalité entre les tenants de la Constitution et ses opposants. Cette 2ème partie est très intéressante d'un point de vue historique. On apprend beaucoup de choses, c'est très dense. Mais cette partie m'a moins enthousiasmée que la précédente. Beaucoup moins romanesque, avec un souffle moins lyrique, cette partie est plus factuelle, moins portée sur l'émotion et l'aventure, même s'il y a de beaux passages qui retrouvent un élan exalté.

Sur un sujet assez voisin, j'ai préféré l'écriture de Sinoué dans son roman consacré à Avicenne. Mais j'ai passé un très bon moment avec « Samarcande ». C'est un roman riche et passionnant qui mériterait sans doute que je m'y replonge un jour pour tout bien appréhender. En tout cas, après cette lecture j'ai encore plus envie de découvrir l'oeuvre poétique de Khayyam.
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