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Critique de pilyen


pilyen
14 décembre 2015

Mourad est sur le point de mourir. Sa longue maladie comme on dit pudiquement pour ne point affoler, ne lui accorde que quelques heures. Tania, son épouse, téléphone à Adam, vieil ami avec lequel il est en froid depuis des décennies, pour qu'il accoure à son chevet. le problème est que le mourant est au Liban et l'ami à Paris. Foin de la brouille et au nom d'une grande amitié lors de leurs études universitaires, Adam sautera dans le premier avion mais arrivera trop tard. Cependant, après vingt-cinq d'exil, il retrouvera son pays de naissance et quelques amis restés sur place malgré les nombreux conflits qui ont mis le pays à feu et à sang. le passé remontera à la surface, un ancien amour platonique l'hébergera dans son hôtel de luxe et l'envie de réunir ce qui fut une bande unie et soudée lorsqu'il était étudiant deviendra une quasi obsession. Se concentrant sur les hommes et les femmes qui furent les témoins d'une jeunesse encore insouciante, Adam se questionnera sur sa vie, celle de son pays d'origine ainsi que du monde actuel, tout aussi désorienté que le sont les ces quasis cinquantenaires dont le repentir, le remord se mêlent à un féroce appétit de vivre.
Sur le thème lambda des retrouvailles d'une bande d'amis, Amin Maalouf laisse un peu de côté le passé de ses personnages et bâtit une intrigue qui lui permet de laisser libre cours à sa pensée et de nous faire profiter de ses pensées d'homme moderne réfléchi. Il nous adresse ainsi un message d'intellectuel bienveillant mais lucide. Tous les grands débats actuels y sont passés en revue, du siècle du retour du religieux mais aussi de ses extrémistes aux errances politiques du siècle dernier qui mènent au désarroi actuel. Mais on y trouve aussi une réflexion plus philosophique sur l'exil, le sentiment de culpabilité, la fidélité, la trahison ou ce que deviennent les idéaux de jeunesse ainsi qu'une réflexion historique sur le monde arabe, pertinente et éclairée.
Avec autant de thèmes développés, on peut craindre une lecture ardue, mais il n'en est rien, ça se lit aussi bien que du Eric-Emmanuel Schmidt. L'écriture est simple, aisée, facile. On rend donc grâce à Amin Maalouf de nous faire profiter de sa réflexion sans jouer les prétentieux ni les flagorneurs. Pour tout cela « Les désorientés » » est une lecture chaudement recommandée car de celles qui ont un contenu qui enrichit le lecteur.
Cependant, je mettrai plusieurs bémols. Autant la richesse du fond et du propos est lumineuse, autant la construction du roman m'a semblé un peu plus aléatoire. Je passerai sur le mix mi-récit, mi-journal, qui finit par prendre son sens à la fin, pour regretter quelques facilités de narration, notamment des ficelles un peu grosses parfois pour faire avancer l'action, donnant au récit un côté pâtisserie orientale trop sucrée. Alors que le propos est des plus convaincants, les personnages, eux, le sont nettement moins.
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