AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Apoapo


Dans cet ouvrage collectif, il n'est pas question de la genèse sociale des pathologies mentales que je recherche toujours avidement, et l'actualité des métamorphoses de la psychiatrie est également fortement mise à mal parce qu'il est daté (2001). Ainsi, les critiques des DSM sont largement connues, de même que les polémiques entre approches neuroscientifiques et psychothérapiques, les questionnements sur les us et abus des prescriptions de psychotropes et enfin, en partie, les inquiétudes sur les études du génome. Cela dit, cette première approche interdisciplinaire entre psychiatrie, sociologie, anthropologie (le cas des sans-abris), ethnologie (le cas de la maladie mentale en Indonésie), histoire et philosophie a le mérite d'explorer pour la première fois des pathologies mentales – en particulier la dépression et les troubles de personnalités multiples – selon plusieurs points de vue. de cette démarche originale apparaissent des voies d'appréhender le phénomène psychopathologique de manière sociologique, certaines desquelles seront approfondies et systématisées par Alain Ehrenberg lui-même dans ses ouvrages successifs, alors que d'autres attendent encore de l'être, peut-être par quelqu'un qui voudra s'engager davantage dans les implications de la « sociogenèse des troubles mentaux », en dépassant à la fois le cadre marxien-pavlovien, les études rattachant spécifiquement une pathologie précise à une condition sociale ou professionnelle (ex. les SDF, les travailleurs de tel ou tel secteur, les chômeurs, les jeunes, etc.), et sans doute en actualisant les découvertes des pionniers parmi les psychanalystes politiquement engagés...



Table [avec quelques commentaires et appel des cit.]

Introduction : « Pourquoi avons-nous besoin d'une réflexion sur la psychiatrie ? » par Alain Ehrenberg et Anne M. Lovell [Les spécificités de la psychiatrie depuis sa naissance et les mutations contemporaines. Cit. 1 et 2]

Première partie : le sujet pathologique dans tous ses états :
- « L'apparition d'une double personnalité en France – entre médecine et philosophie » par Jacqueline Carroy [Sur l'apparition des premiers cas de personnalités multiples au début de la IIIe République en France]
- « Le trouble de la personnalité multiple : vérités et mensonges du sujet » par Sherrill Mulhern [Sur l'explosion des cas de TPM aux États-Unis dans les années 1980 et sur la dérive des récits des traumas infantiles relatifs]
- « Nos névroses traumatiques ont-elles un avenir ? » par Allan Young [Sur le remplacement de la notion de névrose traumatique à partir du DSM-III et l'émergence d'un nouveau programme de recherche américain sur le « stress post-traumatique » en neurobiologie]
- « Les fictions de soi-même ou les délires identificatoires dans la rue » par Anne M. Lovell [Comment, chez les sans-abris américains, les délires identitaires constituent un mécanisme de défense contre la stigmatisation. Cit. 3]
- « Le sujet de la maladie mentale : psychose, folie furieuse et subjectivité en Indonésie » par Byron J. Good (et alii.) [Étude de cas ethnologique]
- « La neurasthénie de l'écrivain. de Byron à Styron » par Pierre Pachet [Dépression et écriture à partir du Romantisme jusqu'à aujourd'hui. Cit. 4]

Deuxième partie : Traitements et diagnostics :
- « Psychogenèse de la dépression et mode d'action des médicaments antidépresseurs » par Daniel Widlöcher [Une nouvelle conception des figements du corps et de l'esprit. Cit. 5]
- « Les modes de légitimation de la prescription de médicaments psychotropes en médecine générale dans la presse professionnelle depuis 1950 » par Claude Legrand [Comment le social intervient dans la conception de la maladie et de la thérapie]
- « Diagnostic et clinique psychiatrique au temps du DSM » par Jacques Gasser et Michael Stigler [Le grand débat sur les DSM... même s'il n'est question ici que des DSM-III, DSM-III-R et DSM-IV]
- « L'histoire contemporaine de la psychiatrie, dans ses rapports avec la société française » par Georges Lantéri-Laura [Spécificités françaises de la réception de l'antipsychiatrie compte tenu du contexte institutionnel (asiles) et politique (par rapport à la question de la sociogenèse des troubles mentaux).]

Troisième partie : le mental, le cérébral, le vivant :
- « Y a-t-il des limites à la naturalisation des états mentaux ? » par Marc Jeannerod [La dialectique entre états mentaux et états cérébraux considérée du point de vue de la communication entre individus]
- « Le mental » par Vincent Descombes [Comment la philosophie conteste, sur une base wittgensteinienne la notion de « représentations internes » c-à-d. la dichotomie posée par les neuroscientifiques et exposée dans le chap. précédent]
- « Artifices et Lumières : de la sociobiologie à la biosocialité » par Paul Rabinow [Le potentiel dangereux des recherches sur le génome hypothétisé par rapport au handicap ainsi qu'à la nourriture génétiquement modifiée]
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}