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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une société dans laquelle les femmes de 50 ans deviennent obsolètes ?
J'avais déjà lu "l'unité" de Ninni Holmqvist qui abordait ce thème, alors j'avais un peu peur de relire la même chose, mais le thème, bien qu'identique à la base, est traité différemment ici.
Nous sommes en 2224 et la société a beaucoup changé depuis le "Grand effondrement", les humains ont dû totalement repenser leurs conditions de vie.
Par rapport à notre vie actuelle, tout est très différent, l'habitat, l'alimentation, l'éducation, les moyens de transports, la santé, les rapports humains, la technologie, rien n'est comparable à ce que nous connaissons aujourd'hui.
Les humains sont beaucoup moins nombreux, surtout les hommes d'ailleurs, c'est pourquoi, dès qu'elles atteignent l'âge de 50 ans, les femmes doivent quitter leur travail, leur maison et leur famille pour le "Grand Recyclage", un nom bien mystérieux pour désigner un endroit dont on ne sait pas grand chose, si ce n'est que c'est forcément merveilleux, un véritable paradis sur terre.
Cela permet à leurs époux de prendre une femme plus jeune afin de tenter d'avoir d'autres enfants.
Nous allons suivre le quotidien de plusieurs femmes qui viennent d'atteindre cet âge et qui s'apprêtent à vivre ce grand changement.
J'ai beaucoup aimé découvrir l'univers très complet créé par l'auteure et je me suis évidemment attachée à ces femmes, d'autant que j'ai moi aussi atteint cet âge fatidique récemment.
J'ai trouvé que le roman prenait le temps de bien présenter l'univers décrit, aussi bien les lieux que les sentiments et pensées des protagonistes.
Je me suis laissée happer par l'histoire qui est riche et haletante comme un bon polar, et qui nous pousse à nous interroger sur nos envies et nos valeurs avant qu'il ne soit trop tard.
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Nous sommes en 2224, en France, dans une communauté villageoise autosuffisante. le « Grand Effondrement » de notre « civilisation fossile » a eu lieu au début du XXIIe siècle. Victime des catastrophes climatiques (températures extrêmes, submersions…), de l'infertilité et de ses propres abus en tous genres, l'humanité a dû s'adapter pour la survie de l'espèce et créer un « Nouvel Ordre terrien ». Il faut économiser les ressources, tout recycler, se protéger d'un soleil mortel et surtout empêcher le déclin de la population, notamment masculine, qui signifierait l'extinction de la race humaine.

Pour ce faire, les femmes trop nombreuses et devenues infertiles, doivent, à partir de 50 ans, laisser leur place à de plus jeunes et fécondes « Isolées » ; elles partent pour le « Grand Recyclage », dont on ignore tout, sinon la vision idyllique d'un monde de rêve, un paradis, dont la « Gouvernance Territoriale » les abreuve et conditionne depuis leur enfance, et quI a vocation à rétablir l'équilibre démographique vital. Une seule alternative pour elles à ce destin : « l'Euthanasie Raisonnée » !

Le grand départ pour le mystérieux Domaine des Hautes-Plaines approche pour Rachel et ses amies, futures « Retirées », qui doivent abandonner leur famille. Son mari, Keen, archéologue, lui voue un amour profond ; il ne peut se résoudre à la séparation prochaine et à devenir un « Réattribué », malgré les régulations de son BMH « Bracelet Modérateur d'Humeur », dont la population est équipée dès l'enfance afin de contrôler, compenser et corriger les émotions négatives par des micro-injections automatiques d'hormones réactionnelles.

Comment ces deux héros si attachants surmonteront-ils leur destin inéluctable ? Qu'adviendra t'il de Rachel, cette femme un peu différente, et de ses semblables qui partiront pour le Grand voyage ?

En spécialiste du roman noir, Sophie LOUBIERE s'essaye avec brio au roman d'anticipation doublé d'une intrigante enquête à suspense. Qu'est-il arrivé aux trois fillettes retrouvées mortes dans une grotte durant une nuit ? Ont-elles été tuées par les animaux sauvages qui rôdent autour du Territoire ?

Keen ne croit pas à l'accident ; mais un meurtre est-il possible dans une société qui façonne des humains égaux et respectueux avec des cours d'empathie dès leurs jeunes années et où la folie meurtrière n'a plus cours depuis l'avènement du BMH ? Qui pourrait perpétuer un crime dans un monde où, pour le bien-être et la sécurité de l'homme devenu une ressource rare, tout est sous contrôle de MAYA, l'intelligence artificielle au service de la Gouvernance ? Face à ces contradictions, Keen décide de mener clandestinement son enquête.

Un roman glaçant et terrifiant, qui remue et questionne le lecteur sur les travers et les dérives de notre société.

Sophie LOUBIERE, en alternant le récit avec les flash-backs sur la jeunesse de Rachel et les déviances de l'humanité des siècles passés, a sans nul doute voulu alerter ceux qui refusent ou ignorent encore les conséquences de nos actes et comportements actuels ainsi que les enjeux induits pour l'humanité. Beaucoup de questions se posent inéluctablement à la lecture du livre, et la réduction de la femme à sa fonction matricielle et son obsolescence programmée ne sont pas des moindres…

Je recommande vivement cette dystopie qui nous tient en haleine jusqu'à la fin, même si l'on n'en ressort pas indemne. Une prise de conscience et un message féministe très certainement nécessaires…

Tout est plausible dans ce récit et c'est bien là le pire !
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« Comment présenter un roman aussi foisonnant qu'original ?
Il concourt dans la catégorie polar, mais il va bien au-delà de son appellation.
Les 500 pages prennent le lecteur en otage, ravi par les histoires qui s'entremêlent dans un futur lointain, que l'on sent hélas terriblement proche : les descriptions sont précises et perturbantes parce que réalistes, les analyses fines et passionnées, les personnages multiples et complexes, les actions tricotées et détricotées, un peu à l'image du fil d'écosse présent comme un leitmotiv dans tout le récit : cette anecdote emmêle et démêle. Les tissus revêtent une importance essentielle ici car ce roman est un savant mé-tissage, une étoffe dont la trame est installée sur un métier artisanal, qui fait appel aux savoir-faire et aux mythes de l'humanité, à ses erreurs aussi et à ses errances …
On y retrouve un assemblage de questionnements essentiels et ce sont nos préoccupations actuelles que Sophie Louvière dissèque : comment remédier au dérèglement climatique ? Quelle éducation pour nos enfants ? Quelle place pour la femme ? Comment retrouver la paix et la sérénité dans un monde à feu et à sang ? Peut-on éradiquer la violence ? Pourrait-on éviter l'effondrement ? …
Enfin et surtout pourquoi nos illusions ou nos croyances persistent-elles ?
Des enquêtes, des réponses, des solutions, des problèmes, dès compte-rendus, et des questions encore !
C'est un fabuleux patchwork romanesque, scientifique et archéologique, qui évite les écueils de la caricature.
Chaque sujet est traité et chaque page nous fait réfléchir ou nous hante : on ne sort pas indemne d'Obsolète, car, ce qui fait signe, c'est que longtemps après la lecture, les incongruités de là-bas continuent à résonner en nous ici et maintenant. »
Jurée pour Elle Magazine Prix littéraire 2024
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Je ne lis pas d'habitude de roman d'anticipation. Mais là le sujet m'a interpellé : une société qui décide d'envoyer toutes les femmes cinquantenaires en recyclage. Alors je me suis laissée tenter comme je suis dans la tranche d'âge sûrement que je me suis sentie concernée.
Et puis l'auteure ne m'a jamais déçue.
Il est vrai que c'est un mix de beaucoup de choses ce livre, du féminisme évidemment, trois meurtres, de l'écologie.
C'est un roman très dense, il faut suivre.
Malgré tout, très rapidement j'ai été happée par la narration, je me suis laissée attendrir par ces femmes qui se préparent à être recyclées chacune avec ses peurs et ses certitudes.
Jusqu'à la fin je suis restée en équilibre entre incrédulité et crainte que ce soit vraiment le demain qui nous attend.
Sans être pontifiante, l'auteure dit quelques vérités sur notre mode de vie d'hier qui amène des absurdités aujourd'hui, et que demain essaiera de remettre d'équerre tout aussi certain de bien faire que nous le sommes aujourd'hui et que nos prédécesseurs l'étaient hier.
Je ne peux pas en dire beaucoup sans dévoiler l'histoire.
Je reviendrai peut être à l'anticipation ou pas…
En tout cas, je recommande ce livre que j'ai dévoré.
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2224. La société a su rebondir depuis le Grand effondrement de 2050. Des enseignements ont été tirés des erreurs du passé, la diminution massive du taux de natalité semble enfin être maîtrisée et on a trouvé un moyen de faire disparaître la violence et de contrôler les émotions des individus, garantissant ainsi la paix. Dès leur plus jeune âge, les enfants sont sensibilisés aux valeurs fortes que sont la solidarité et l'empathie.

Mais ce monde parfait n'existerait pas sans quelques sacrifices nécessaires. Les femmes étant nettement plus nombreuses que les hommes, elles ont leur rôle à jouer en cédant leur place une fois ménopausées. Ne pouvant plus procréer et désormais considérées comme « obsolètes », elles sont appelées à quitter leurs familles pour contribuer au Grand Recyclage. Conditionnées dès leur plus tendre enfance, il leur est naturel de renoncer à tout ce qu'elles ont connu jusqu'alors pour partir vers un lieu dans lequel elles pourront désormais se détendre et profiter de leurs journées sans n'avoir plus aucune responsabilité. A moins que tout ceci ne soit un leurre ?

« Obsolète » est un roman d'anticipation saisissant, qui questionne sur l'avenir de l'humanité et sur les dérives possibles de notre société. Et c'est surtout un manifeste féministe empreint d'une grande réflexion et d'un immense travail de documentation. Tout est bien pensé dans ce roman, dont on suit l'intrigue aussi bien du point de vue de ces femmes obsolètes, que de celui des hommes qui sont conditionnés à reprendre des épouses pour repeupler la planète. Celles qui partent et ceux qui restent. C'est à la fois très intelligent et terriblement inquiétant. On décèle bien les failles de cette nouvelle civilisation, on a fait ce qu'on pouvait avec les moyens technologiques et écologiques dont on disposait mais…rien de peut être parfait.

C'est un vrai coup de coeur pour moi, j'ai trouvé cette dystopie tellement pertinente et percutante ! En refermant le roman j'avais envie que cela aille encore plus loin et… il paraît qu'une suite est prévue – j'ai si hâte ! Je ne peux en tous cas que vous recommander cette lecture !

Lien : https://instagram.fr/les.lec..
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La femme de 50 ans, un produit sans avenir ?

Mais quelle drôle d'accroche ! Qu'en penser ? Surtout lorsqu'on est concernée :)

En 2224, pour économiser les ressources et contrôler la population, toute femme de 50 ans est retirée de son foyer pour laisser place à une autre, plus jeune et fertile. L'heure a sonné pour Rachel et ses amies, Maud, Hasna et Odile. Mais que devient-on après le Grand Recyclage ? le Domaine des Hautes-Plaines est-il vraiment ce lieu de rêve promis par la Gouvernance territoriale ?

"Obsolète" est une oeuvre d'anticipation puissante qui résonne comme un cri de révolte face à la dévalorisation des femmes vieillissantes.
L'idée du Grand Recyclage, où les femmes de 50 ans sont "retirées" pour faire place à des jeunes femmes fertiles, est une métaphore poignante et perturbante de la manière dont la société moderne traite les femmes à partir d'un certain âge.

Très inspirée par la déclaration controversée de Yann Moix en 2019, qui avait affirmé qu'il ne pouvait aimer une femme de 50 ans car jugée à ses yeux comme trop vieille, Sophie Loubière nous livre ici une réponse littéraire cinglante et très réfléchie. Et quelle réponse !

Dans ce monde futuriste de 2224, chaque aspect de la vie humaine a été réorganisé pour répondre à la survie de l'espèce. L'autrice a imaginé un univers où les ressources sont précieusement économisées, les habitats modifiés pour se protéger du soleil, et où le recyclage, y compris des êtres humains, est devenu une norme.

Rachel, le personnage principal, se prépare à son départ vers le Domaine des Hautes-Plaines. Mais l'incertitude sur ce qui l'attend, et le fait que personne ne soit jamais revenu du Grand Recyclage, instille un doute grandissant. Ce roman ne se contente pas d'explorer une dystopie, il offre aussi une réflexion profonde sur la valeur de la vie et des individus dans une société obsédée par la jeunesse et la fertilité.


J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture, un livre que je n'aurais probablement pas découvert sans ce Prix !
L'écriture est soignée, inventive, les personnes sont bien développés et l'intrigue est somme toute assez captivante. L'autrice joue avec différents styles narratifs, en double lecture, avec la Rachel, enfant et la Rachel de 50 ans. Elle réussit à créer un monde malheureusement très crédible et complexe assez loin des clichés futuristes.

C'est un roman engagé, profondément féministe, qui pose des questions cruciales sur la condition féminine, la valeur de la vieillesse et la surconsommation.

On ne peut y rester indifférent !
Pour avoir écouté Sophie Loubière, lors d'une conférence aux Quais du Polar à Lyon, on ne peut qu'être convaincue !
Je vous le recommande !
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Obsolète' se passe en 2224. L'humanité est en voie d'extinction suite au grand effondrement qui a eu lieu en 2050.
Du fait de cette catastrophe climatique, seul 1/4 de la Terre est habitable et il y règne des températures excessives qui ont obligé les 10 millions de survivants à mettre en place une organisation plus écologique et plus communautaire.

Il n'y a plus de religions, plus de conflits politiques, plus d'enjeux économiques et plus de crimes : toute la population oeuvre, dans une belle harmonie, pour la survie de l'espèce humaine, aidée en cela par le BMH (bracelet modérateur d'humeur qui est intégré au poignet à la fin de l'enfance).

Du fait des pollutions successives, les foetus masculins sont plus rares et moins viables que les foetus féminins, ce qui a entrainé une sur-représentation féminine qu'il convient donc de ré-équilibrer.
Pour cela, dès qu'elles arrivent à l'âge fatidique de 50 ans, les femmes sont retirées de leur foyer pour être remplacées par des femmes plus jeunes, capables de procréer.
Une fois par trimestre, un bus vient chercher les ‘retirées' pour les conduire dans le domaine des Hautes-plaines, un endroit où une nouvelle vie s'offre à elles mais dont elles ne reviennent jamais.
La société tout entière étant préparée à ce grand départ, personne ne se rebelle : c'est un fait établi que l'on fête comme un rite de passage.

Le livre s'ouvre sur l'annonce du retrait de Rachel, l'héroïne du roman et sur la découverte de 3 petites filles sans vie, par Keen le mari de Rachel et John, son ami d'enfance.
Pendant que le mari de Rachel tente de comprendre ce qui est arrivé aux petites filles, Rachel se prépare au Grand Recyclage.

J'ai ADORE ce roman qui m'a projetée dans un futur crédible, tour à tour anxiogène et enchanteur. L'imagination de l'auteure fait mouche à chaque fois, s'appuyant sur le passé pour mieux inventer le futur.

Ce livre est addictif car on veut savoir ce qui se cache dernière ce grand recyclage et comment Keen va mener son enquête dans un monde dépourvu de policiers, de médecins légistes et de juges.
De plus, la réflexion de l'auteure sur la place des femmes dans l'histoire de l'humanité s'intègre parfaitement à la narration.

Un magnifique roman d'anticipation.
Ma meilleure lecture depuis ce début d'année 2024 !
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Je suis ravie d'avoir lu ce dernier roman de Sophie Loubière qui m'a profondément marqué. 

Rachel, une femme accomplie, exerce le métier de coiffeuse, mais elle possède un talent pour écouter les autres et leur transmettre une grande positivité. 

J'ai été plongée dans un univers futuriste qui semble vraiment extraordinaire.

Plus de violences, de guerres et d'autres événements négatifs.

Pour les femmes, c'est un nouveau mode de vie qui devient coutumier, mais difficile avant le grand départ. 

Le monde guérit doucement des catastrophes dues au dérèglement climatique et à la cupidité des humains. 

J'ai développé un fort attachement envers Rachel et son récit, mais l'auteure a réussi à me surprendre, car il y a de nombreux secrets bien dissimulés.

À mesure que le départ de sa femme approche, le coeur de John est brisé et il va être confronté à un drame inattendu dans cet endroit paisible où rien de sérieux ne se déroulait jamais. 

Ce livre est vraiment surprenant, j'ai été enchantée, car il traite de la protection de notre planète, des femmes et d'une enquête énigmatique, mais ce qui est le plus intéressant, c'est d'apprendre la vérité sur le recyclage et le domaine des Hautes-Plaines que je vous laisserai découvrir par vous-même.

Est-ce le paradis où l'enfer ?

Je suis ravie d'avoir participé à la rencontre avec Sophie Loubière à la librairie Hisler lors de la sortie de son nouvel ouvrage. 

De plus, j'ai eu l'opportunité de discuter un peu avec elle sur les soucis des femmes lors du Salon du livre à Metz. 

Ce roman futuriste m'a vraiment plu, car il m'a donné des réponses à certaines de mes interrogations et m'a permis de réaliser la réalité du déclin de notre planète. 

Je vous le recommande fortement. 

Je vous remercie.


Lien : https://sabineremy.blogspot...
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Obsolète, c'est l'adjectif parfait pour définir la femme dès cinquante ans, ou du moins ménopausée. En somme, la femme dépassée, périmée…car devenue infertile.

D'ailleurs, le point de départ de ce roman, c'est le jour où Sophie Loubière entend Yann Moix dire sans complexe sur les ondes radiophoniques que les femmes de cinquante ans, de son âge donc, ne l'intéresse pas car il n'aime pas leurs corps et les considèrent inutiles et invisibles. Il les comparent d'ailleurs à ceux des femmes de vingt-cinq ans. 

Alors, l'autrice imagine ce que serait un monde où les femmes seraient écartées dès leur cinquante ans. Ce serait une solution idéale pour pallier le déclin de la population. 

L'histoire d'Obsolète se déroule dans deux cent ans, bien après un Grand Effondrement de la civilisation fossile et des crises. Les humains qui ont survécus se sont adaptés depuis maintenant plusieurs de générations. 

Sophie Loubière réussit à rendre crédible une société utopique et merveilleuse qui s'est mise en route sans qu'on en connaissent ni les tenants et les aboutissants, où la violence n'existe pas, elle n'est même pas "conscientisée", où l'empathie est mise en avant, un monde où les émotions des êtres humains sont régulées pour le bien-être de la communauté. Un monde où l'intelligence artificielle est bienveillante, généreuse et maternante… Oui, une société s'est créée et se dirige par le bon sens et le respect du vivant. On suit Rachel et ses amies, cinquantenaires, vouées au Grand Recyclage, un grand voyage sans retour, qui les contraint de laisser derrière elles maris et enfants à des femmes de remplacement, plus jeune évidemment. Elles sont entraînées, soutenues et préparées, pour accepter leurs sorts… 

Mais au fait, c'est quoi le Grand Recyclage ?  

J'ai vraiment aimé ce roman. Par contre je n'y vois pas vraiment un policier… Si ce n'est l'attente de ce qu'est ce Grand Recyclage. L'enquête est très brève, elle doit tenir sur une vingtaine de pages à peine sur environ plus de 500 pages. C'est surtout un roman qui se concentre sur la création d'un monde alternatif et utopique pour s'interroger sur les travers de nos sociétés actuelles et de nos comportements aliénés face à une biodiversité et un écosystème qui meurt (et qu'on tue). 

Sophie Loubière crée une société qui se veut parfaite et bienveillante, qui oeuvre au respect des valeurs de solidarité et de coopération, ultra écologique qui respecte le vivant en nous questionnant, nous, citoyennes du XXIe sur les travers de nos sociétés, notre rapport conflictuel avec l'état du monde (religieux, communautaire, écologique, scientifique…), sur l'éthique et ce que représente le genre (femme/homme/non-binaire). L'écriture est plaisante, une multitude de réflexions passionnantes traversent le texte sur la condition de la femme, sur notre responsabilité et notre rôle dans une société, sur la nécessité à étudier et comprendre le passé pour expliquer l'extinction d'une civilisation et par la collecte d'artefacts, de la pérenniser. le discours sur l'utilité de l'être humain, de ceux qui sont viables ou pas, est puissant autant que celui sur la considération que porte la société sur la vie des femmes non fertiles. J'ai été très touchée par ce fourmillement d'idées qu'elle exploite, cette emprise que la société et la gouvernance peuvent avoir sur nos choix d'existence. C'est profond, divertissant et philosophique à la fois. Elle réussit à tenir un roman d'anticipation engagé, aussi féministe qu'existentialiste qu'écologique ! 

Un excellent roman d'anticipation mais clairement pour moi pas du tout la promesse d'un policier. 

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE, lauréate du mois de mars dans la catégorie " Polar ".
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Fan de dystopie, c'est avec impatience et curiosité que je me suis procurée Obsolète aux quais du polar cette année. Je ne connaissais pas la lumineuse autrice Sophie Loubière, qui m'a gentiment dédicacé mon ouvrage, et cette courte rencontre m'a immédiatement fait regretter d'avoir manqué sa conférence sur le roman noir d'anticipation. C'est disponible en replay ici (et avec la participation de Peter May) : https://www.sondekla.com/pro/event/14436
A la lecture de sa biographie, je m'aperçois que son premier roman est sorti dans la collection « le poulpe », référence incontestable du roman policier et présage d'une bonne lecture à venir.

Le livre en lui-même est très attrayant avec une magnifique couverture offrant de bon contraste dans les tonalités du orange et vert d'eau et le portrait vintage d'une femme sortie tout droit des années 20 avec ses cheveux crantés ou alors une pin-up américaine des années 40 avec ses grandes lunettes de soleil.
La lecture s'accompagne agréablement d'une importante playlist comportant des musiques instrumentales de film, blues, flamenco ou chanteuse américaine des années 40 comme Jo Stafford.

L'univers du roman est très fort et décrit admirablement un futur en 2224, mais quel aperçu nous donne-t-il exactement ?

C'est un conte écologique, après « le Grand effondrement » et les catastrophes naturelles qui en ont découlés les habitants oeuvrent désormais pour la survie de l'espèce et de la planète. La consommation est local et raisonnée, les architectures des habitations végétalisées sont imaginées pour préserver de la chaleur, l'énergie est solaire, les repas sont constitués d'algues, de légumes cultivés sur place et l'apport en protéine assuré par la dégustation d'insectes.

Malgré cette avancée environnementale, les personnages sont soumis à un État totalitaire. Surveillés constamment par des drones et l'IA Maya, porteurs d'un bracelet modérateur d'humeur contrôlant les émotions de chacun… Enfin, sous couvert de préserver l'espèce humaine et notamment de favoriser les naissances d'hommes en sous nombre (les perturbateurs endocriniens ayant engendrés une féminisation des foetus), l'obligation pour les femmes de quitter leur famille à l'âge de 50 ans afin que leurs maris puissent épouser une nouvelle femme, plus jeune et encore fertile.

Un engagement féministe de l'autrice se dévoile, les femmes sont-elles inutiles après la ménopause ? Dans le monde de 2224, leur futur se résume à partir un jour pour le Grand Recyclage, un lieu de rêve promis par la gouvernance. L'énigme est totale, que se passe-t-il réellement après ce départ forcé ?
Les titres évocateurs des différentes parties tendent à faire penser que le traitement des femmes est le même que celui des objets (conditionner, retirer, collecter…) Nous découvrirons la vérité au côté de Rachel dans des chapitres en italique numérotés. Son récit est entrecoupé de chapitres non numérotés qui raconte la vie de ceux qui restent, secoués par l'absence de leur fille, femme, mère ainsi que la découverte de trois cadavres.

J'ai passé un excellent moment avec Obsolète, le suspense est présent jusqu'à la fin, que ce soit dans la découverte de l'avenir incertain des retirées ou de l'avancée de l'enquête policière. Un de mes coups de coeur de l'année 2024.
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