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Critique de Marpesse


Flammarion/Ina publie le témoignage de Marceline Loridan-Ivens, rescapée de Birkenau et morte en 2018. L'entretien a été réalisé par Antoine Vitkine dans le cadre de la collection "Mémoires de la Shoah" à l'initiative du Mémorial de la Shoah et de l'institut national de l'audiovisuel. Des survivants de l'Holocauste ont été interrogés et filmés. Parmi eux, on trouve aussi le témoignage de Simone Veil (publié en 2023).
Marceline, connue pour son franc-parler et sa rage de vivre, raconte toute sa vie, de sa naissance à 2005, année de l'entretien. Elle dit comment elle a été amenée à Drancy, déportée à Auschwitz-Birkenau avec son père dont elle a été séparé à l'arrivée (et qu'elle ne reverra jamais en dehors d'une promenade où elle le croise par hasard et où elle est violemment battue pour lui avoir parlé).
Les conditions horribles dans le camp de Birkenau, le travail forcé, la faim, la souffrance sont dits dans ce témoignage non littéraire, à vocation documentaire. On y lit l'audace et le courage de cette femme, à l'esprit rebelle dès son plus jeune âge.
L'une de ses phrases revient plusieurs fois, une manière pour elle de tenir et de résister :

"Tant qu'on est pas devant la chambre à gaz, ça gaze."

Quand elle est transférée fin 1944 à Bergen-Belsen, c'est presque un soulagement pour elle car il n'y a pas de chambres à gaz ni de crématoires, malgré le manque de nourriture et les maladies.
Parmi toutes les informations qu'elle donne sur le quotidien dans les camps, on peut par exemple retenir l'histoire de Mala, une jeune juive qui avait réussi à s'enfuir de Birkenau avec son amant, mais qui a été rattrapée par les nazis. Condamnée à des jours de "Bunker" (prison minuscule où on ne peut ni s'asseoir, ni se mettre debout, ni se coucher), elle est ensuite traînée sur la place du camp pour y être exécutée. Mais elle parvient à s'ouvrir les veines et à crier des paroles d'espoir aux autres détenues, en dépit de la torture et de ce qu'elle risque de subir encore. Les pires rumeurs courent sur ce qu'elle est devenue après cet acte, dont l'une dit qu'elle aurait été jetée vivante dans le four crématoire. Marceline raconte son histoire car c'est un exemple de courage.

On voit combien l'horreur de la déportation a marqué sa famille, puisque l'un de ses frères et l'une de ses soeurs se sont suicidés après la guerre. Marceline, qui fait partie des filles de Birkenau (avec Ginette Kolinka, qu'elle évoque à peine, et Simone Veil), parle aussi de son retour en France après la guerre, de ses deux maris et de ses engagements. Elle explique qu'elle n'a jamais voulu avoir d'enfants car elle en a trop vu mourir ; persuadée que tout allait recommencer dans vingt ans, elle ne voulait pas avoir un corps qui l'aurait conduite directement à la chambre à gaz.
Le livre se termine sur quelques photographies et un commentaire de son film La petite prairie aux bouleaux, un film documentaire sur son internement à Birkenau.
Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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