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Critique de Presence


Ce tome comprend les épisodes 1 à 5 de la série de 2010, ainsi que 8 pages extraites de "Enter the heroic age". Il peut être lu indépendamment de la continuité de Black Widow.

Quelqu'un a fait parvenir une rose noire à Natalia Romanova et elle fait la tournée des popotes pour en déterminer la provenance. Son premier arrêt l'amène à reprendre contact avec un agent secret à la morphologie très épaisse surnommé Black Rose et ayant pris son indépendance. Au sortir de cet entretien, 2 individus l'agressent et lui font perdre connaissance. Ils l'opèrent à même le trottoir pour récupérer un dispositif inséré dans ses entrailles et servant de base de données sur ses équipiers superhéros.

Son agression ne passe pas inaperçue et 3 de ses ex-amants sont à son chevet lorsqu'elle reprend conscience : Tony Stark, James Barnes et Logan. Ces 2 derniers interviendront à plusieurs reprises pour l'aider dans son enquête. Malgré sa terrible blessure, elle s'enfuit de l'hôpital pour recouvrer sa liberté de mouvements et tirer cette histoire au clair, car la communauté des superhéros et le gouvernement la soupçonnent de s'être servie d'eux pour vendre leurs secrets aux plus offrants. Elle seule peut donner un sens aux différents indices car le coupable utilise des informations pointues sur son passé en Russie.

Les 8 pages de "Enter the heroic age" mettent en scène une exfiltration sur un scénario de Kelly Sue Deconnick et des illustrations de Matthew Wilson. Cette séquence n'apporte rien au reste et elle s'oublie aussi vite qu'elle se lit.

La résurgence de ce personnage avait commencé dans les pages de la série "Captain America" d'Ed Brubaker où il l'avait lié avec James Barnes (Bucky). le succès de Iron Man 2 avec Scarlett Johanson a conduit à de multiples rééditions aux États-Unis (The Sting of the Widow qui reprend ses premières apparitions, et Web of Intrigue avec des dessins de George Perez très sexys), ainsi qu'à une première minisérie Une mort annoncée, puis à cette série mensuelle en 2010.

Marjorie Liu décide d'embrasser toutes les composantes principales du personnage : espionne ayant servi le bloc de l'Est, superhéroïne avec un carnet d'adresse bien fourni, femme d'action prête à utiliser des méthodes discutables et femme avec une sexualité. Comme d'habitude dans les comics, ce dernier point est plus en sous-entendu qu'explicite. Mais Liu prend plaisir à pousser le bouchon un petit peu plus loin en mettant dans la même pièce 3 de ses ex-amants, ou en ligotant l'héroïne nue dans une chambre froide, sans pour autant qu'elle assume le rôle de victime.

La composante espionnage constitue le principal moteur du récit. Liu s'en tire bien avec un sentiment pour Natalia d'être perdue au milieu de forces indiscernables. le récit est quand même très éloigné d'un thriller paranoïaque, l'action prédomine sur le reste. C'est également dû à la présence des superhéros cités au dessus et de 2 ou 3 autres apparitions inattendues qui rattachent Black Widow à l'univers Marvel (je ne vous dis pas qui pour ne pas vous gâcher la surprise).

Et puis il y a les illustrations de Daniel Acuña : superbes comme d'habitude. Cet illustrateur travaille directement à la peinture, peut-être à l'infographie, avec un choix de couleurs original. Sa façon de concevoir les illustrations (pour la partie silhouette des individus et utilisation des traits noirs) évoque fortement l'aspect suranné utilisé par Matt Wagner dans Batman et le Moine Fou ou Trinité : des traits un peu épais, peu nombreux et pensés de manière à exprimer le maximum.

Tout le reste des illustrations est porté par les couleurs. Chaque séquence dispose de sa tonalité majeure : verte foncée lorsque Natalia se réveille dans une chambre d'hôpital, rouge quand elle se bat contre une autre superhéroïne Marvel associé au monde l'espionnage, etc. La richesse de la mise en couleurs fait surgir devant le lecteur des endroits magnifiques, accueillants, crédibles tels que la salle principale d'un grand restaurant dans la lumière tamisée (Natalia est rayonnante comme une icône publicitaire des années 1950), une chambre d'hôpital dans une scène muette de 2 pages qui met en valeur les sensations de Natalia (peur, douleur, détermination), une ruelle en proie aux flammes pour une scène de combat très bien orchestrée, un TGV français avec le calme des places (même s'il y a une petite erreur sur le sens d'ouverture de la porte des toilettes), une chevauchée à moto dans une forêt verdoyante, etc.

Même lorsqu'Acuña utilise l'expédient qui consiste à ne plus dessiner les décors pour aller plus vite, la fluctuation des teintes en arrière plan procure à la fois le rappel du décor et des jeux de lumière qui accompagnent les mouvements des personnages.

Je suis tombé sous le charme de cette femme très volontaire que la scénariste ne place jamais dans le rôle de la victime et qui présente des traits de caractère humain. Il s'agit d'une aventure d'actions avec de grandes libertés par rapport à la réalité (Black Widow s'enfuyant de l'hôpital juste après avoir été recousue, puis se battant dans la foulée), sans grande profondeur psychologique, très agréable à lire et encore plus agréable à contempler grâce aux illustrations de Daniel Acuña.
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