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Critique de BazaR


L'existence de la série de recueil de nouvelles « Les Chroniques des Nouveaux Mondes » m'est apparue alors que je feuilletais le catalogue des éditions ActuSF. Aussitôt mon appétit s'est éveillé ; j'adore que l'on me décrive touche par touche un univers imaginaire cohérent, que ce soit une terre de fantasy (comme Evanégyre de Lionel Davoust) où une galaxie conquise par les hommes.

Mais mon enthousiasme est retombé à la lecture du premier volume de nouvelles. Jean-Marc Ligny n'a pas la volonté de nous décrire une civilisation spatiale aussi éloignée de nous que nous le sommes de l'Égypte antique. Au contraire, il choisit de critiquer les travers de notre société contemporaine en les faisant subsister dans le futur. Ainsi les structures sous-jacentes de la conquête de l'espace sont des sociétés privées multispatiales (mot que j'invente en extrapolant l'idée de multinationale) qui creusent dans le système solaire à la recherche de ressources utiles et rémunératrices et sponsorisent pour des raisons d'image des défis délirants ou des sportifs de l'extrême. le pouvoir de la presse – sociétés privées comme les autres – est aussi prégnant qu'aujourd'hui, n'hésitant pas à transformer la vie d'un quidam en série télé à épisodes style Truman Show (dans « le voyageur solitaire », une belle préfiguration de la télé-réalité soi dit en passant, bien vu Ligny).

Au lieu de nous emporter dans l'épique, Ligny préfère nous enfoncer dans les affres de l'âme humaine et les tergiversations de quelques individus, des laissés pour compte ou des inadaptés de cette société de consommation spatiale. Cela n'a rien de répréhensible en soi, mais c'est pour moi gâcher un décor potentiellement infiniment riche pour faire de la littérature blanche – une chose que je reprochais aussi à Michel Jeury avec son « Orbe et la Roue ». Cela nous ramène plus à la réalité que cela nous aide à nous évader.

Ceci dit, bien que ce ne soit pas ce que j'étais venu chercher, ces nouvelles sont dans leur genre bien écrites et inventives. Ma préférée est « le cas du chasseur » qui – à travers l'idée de l'extension du droit des animaux – emprunte à La Fontaine aussi bien qu'aux histoires de Perry Mason avec un zeste d'humour. Elle est plus décalée que les autres dans ces chroniques. La dernière nouvelle -« l'Astroport » - assez longue, est celle qui se rapproche le plus de ce que je souhaitais lire. Elle met en scène un artefact non humain où une famille se retrouve naufragée et parvient bon an mal à survivre. le fils, né sur place, développe une relation quasi père-fils avec l'astroport et rejette le concept de société humaine dont ses parents lui ont parlé.

En résumé, si vous aimez les études de cas de l'âme humaine et acceptez les décors spatiaux, cela vous plaira. Amateurs de SF militaire, passez votre chemin. Pour ma part, j'ai trouvé cela intéressant mais pas vibrant. Je lirai peut-être la suite mais cela n'est clairement pas ma priorité.
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