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Critique de LaChimere


Ah waouh : Jeudi, c'est une sacrée expérience.
Dans ce roman atypique qui ne s'interdit rien, tant sur la forme que sur le fond, on suit l'éponyme collectif de théâtre monté par des étudiants parisiens qui se définissent un objectif commun : générer et mener LA révolution. Rien que ça. On va vite le voir, le “pourquoi” de la chose est bien mieux défini que le “comment”. Et quand leur route croise celle d'un autre collectif spécialisé en théâtre et en révolution, bien plus offensif que le leur, vient le moment d'éprouver leurs ambitions au contact de la dure réalité.
Car il ne peut exister, en France, qu'un seul collectif de théâtre révolutionnaire. Sortez les fusils.

Dès ses premiers chapitres, Jeudi met en place une intertextualité très intéressante qui nous donne à lire, en parallèle de l'histoire, des pages d'actualité/publicité, des extraits du livre révolutionnaire publié par Elena, la fondatrice du collectif... et d'autres choses dont je vous laisse la surprise. On passe d'un enchaînement d'actions folles au long déroulé de l'histoire de l'automobile à échelle mondiale, de ses liens avec l'essor du capitalisme et la soumission des peuples. Quand on ne vire pas carrément dans l'horreur organique, façon Lovecraft germaphobe, quand un personnage se fait quelques angoisses dans un hôpital. Tout ça en conservant une cohérence de ton et de narration assez effarante, toute tournée vers son explicite refus d'entrer dans les cases.
En dépit de ces digressions, le roman parvient à camper une poignée de personnages bien identifiés, qui se coulent sans difficulté dans cette atmosphère barrée et sans cesse en surenchère. On s'attache à eux pour le meilleur comme pour le pire, car l'intrigue ne leur fait pas de cadeaux et ne renonce à aucune mise à l'épreuve pour servir son propos : faire la révolution, c'est pas facile. Vraiment pas.

Malgré ses airs foutraques, il est évident qu'il faut une sacrée maîtrise narrative pour composer ce bazar organisé qu'est Jeudi ; Eden Levin fait une impressionnante démonstration de son talent en la matière avec ce premier roman qui augure bien des merveilles pour la suite de sa carrière.
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