Je ne sais pas ce que
Marie Lebey a cherché à faire avec Oublier
Modiano, sinon se comparer à celui qui, selon elle, l'a sauvée grâce à ses livres. Je sais seulement qu'il y a quelque chose de malsain dans son entreprise et que je n'aime pas le fait qu'elle ait traqué chacun des indices que l'auteur de
la place de l'étoile — et de tant d'autres
romans qui m'ont bouleversée depuis ce jour d'automne de l'année 1978 où il est entré dans ma vie — a semés au fil de ses livres. Pas plus que je n'aime l'idée qu'elle ait fait le tour des lieux qui ont touché de près l'écrivain, qu'elle les ait pris en photo et que son éditeur exhibe ces endroits sur la page consacrée au roman de
Marie Lebey.
Le fait qu'elle entremêle ses propres souvenirs à ceux relatés par
Patrick Modiano dans ses
romans rend le lecteur inconfortable. le fait aussi qu'elle banalise ceux-ci d'une certaine façon afin de se mettre bien en évidence ajoute au sentiment d'inconfort qui s'amplifie au fur et à mesure que nous avançons dans ce
roman se voulant intimiste.
Oublier
Modiano, c'est un
roman sur
Marie Lebey. Sur elle, elle et toujours elle. Et rien qu'elle, qui n'a de cesse de faire de sa vie un roman depuis Dix-sept ans, porte 57, dans lequel elle raconte ce qu'elle a vécu avec le chah d'Iran.
La presse a encensé le livre. Comme si l'auteure était le
Modiano féminin que tout le monde attend depuis des lustres. Mais non.
Marie Lebey est simplement une écrivaine qui a besoin d'attirer l'attention. Depuis toujours. Elle a choisi
Modiano parce qu'il a perdu son frère et elle sa soeur. Peut-être aussi parce qu'elle aimait l'univers parfois glauque dans lequel gravitent ses personnages. Et puis, parce que, ne nous le cachons pas,
Modiano sur une couverture, ça attire l'attention.
Je n'ai pas compris la démarche pas plus que je n'ai compris pourquoi elle a choisi de faire de son écrivain fétiche une sorte de frère d'armes, alors qu'elle aurait pu aller plus loin dans la fiction et ne pas égratigner au passage celui qui a été si important pour elle.
Mais au fond, le débat est peut-être ailleurs. Pas dans l'exhibitionnisme de
Marie Lebey. Pas dans sa façon de s'approprier la vie de
Modiano. Pas dans le fait qu'elle mélange tout. Mais ailleurs. En moi. Là où une voix dit haut et fort : ne touchons pas à
Modiano.
Oublions
Marie Lebey.
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