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Critique de PGilly


La raison d'État est toujours la plus forte. John le Carré le démontre une fois encore dans son style inimitable, so british, very précis.
Vous êtes sur le point de serrer une des clés de l'énigme et voilà que le narrateur décrit minutieusement la campagne des Cornouailles ou la façon de beurrer une tartine au cheddar, alors que vous brûlez de connaître des révélations peut-être cruciales. Rien n'est moins sûr cependant en terre espionne, où une pseudo vérité cache souvent la vraie.Les filous et les gentlemen arborent même patience et courtoisie avant d'entrer dans le vif du sujet.
Un thé ? Café ? Eau minérale ? Ou pourquoi pas un pur malt de dix-huit d'âge ?

Le diable est est dans les détails. Dans les arrangements géopolitiques aussi. Sir John règle ses comptes avec les mercenaires, regrette la loyauté de l'espionnage à l'ancienne et pourfend la vilenie du Foreign Office. Un précieux consultant l'a aidé à raconter une sale affaire, enterrée sous le boisseau. La bavure révélée trois ans après la lâche des services spéciaux paraît sacrément plausible.

Ce qui est remarquable chez John le Carré, c'est l'art d'une écriture serrée, porteuse de non-dits propices à nourrir l'imagination. En une phrase, il parvient énoncer le propos d'un interlocuteur, à dire l'intention sous-jacente et à à commenter son effet sur le récepteur. Prodigieux !
J'ai lu "Une vérité si délicate" sur le conseil de son fils cadet, légataire d'un manuscrit inachevé, publié quasiment sans retouches ( L'espion qui aimait les livres ). Dans la postface de l'ultime opus du père, Nick dit sa grande admiration pour un texte considéré comme "l'essence même de son oeuvre".
Je partage vigoureusement son point de vue.








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