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Critique de Krout


Krout
02 février 2017
Cadeau du nouvel an. Merciii. Merci qui ? Ca, je garde le secret.
Encore une autobiographie, oui mais de qui ? de David Cornwell ? de John le Carré ?
Tantôt plutôt de l'un, tantôt plutôt de l'autre ou l'un raconté par l'autre par petites touches à fleuret moucheté. Et derrière ces anecdotes de vie se cachent en secret ces grandes questions : en fin de compte, qu'est-ce qu'un homme et qu'est-ce qu'une vie ? Ne seraient-ce pas les souvenirs que l'on fabrique et que l'on garde ?

En somme John le Carré s'est regardé dans le miroir aux espions et nous dit y avoir retrouvé nombre de reflets de David Cornwell. Fascinante construction littéraire que ce kaléidoscope de papier où au fil des 350 pages nous pouvons découvrir pas moins de 37 facettes de la vie mouvementée de cet ancien membre des services secrets britanniques passé à l'écriture. Une vie riche de rencontres multiples, inattendues, interpellantes parfois, et de moments en des lieux divers, exotiques, improbables nous laisse entrevoir un message caché : rien ne vaut l'audace de vivre *.

Ne vous attendez pas à de tonitruantes révélations sur Cambridge Analytica (data brokers de vos données personnelles) ni sur Alexandre Varskoï, 31 ans, membre du Batman groupe de hackers russes qui auraient ... (voir Le Point 2314 du jeudi 12 janvier). N'attendez pas non plus la mise à jour de très anciens secrets toujours profondément enfouis. Et rappelez-vous les grands principes de base des services secrets où sont passés maître les services de sa Majesté : la traque de l'information et la dissimulation par la désinformation qui ont toujours prévalus dans l'oeuvre de John le Carré.

Ce qui me fait penser : avez-vous oblitéré la webcam de votre pc ? Est-il bien sécurisé ? Un livre très plaisant à lire, une approche de la vie avec beaucoup de tact, de pudeur d'un caractère bien trempé se protégeant derrière une parfaite ironie. Des Histoires finement écrites, reprises de cette vie sur le fil du rasoir toute en retenue et discrétion. Quelques pistes de l'écrivain sur sa manière de mélanger des éléments de réalité pris sur le vif à une construction imaginaire, jeu cérébral auquel il a été exposé dès son enfance. Bien calé en fin de bouquin le chapitre le fils du père de l'auteur m'a paru le plus personnel, celui où probablement il se livre le plus.

Un autre chapitre m'a marqué Sur le terrain, une leçon de vie et que dire de la très inspirante Yvette Pierpaoli dont on ne peut qu'admirer la bravoure et l'humanité. Des histoires riches qui méritent le temps d'être détaillées, décryptées. D'autres lecteurs trouveront sans nul doute plus leur bonheur dans d'autres histoires comme celles tournant autour du monde du cinéma et des nombreuses adaptations sur le grand écran des romans de l'auteur ou tentatives avortées. Certains seront plus enclins à celles qui se passent en des endroits lointains et exotiques dans des conditions souvent tourmentées. D'autres encore se délecteront de certaines rencontres improbables avec des puissants de ce monde ou bien seront charmés par la puissance de l'autodérision qui apparaît ci et là. Un kaléidoscope de papier où l'ordre des chapitres n'a finalement pas grande importance et comme au sortir d'un tour complet l'on en arrive à la conclusion : c'est beau. Oui au fond le voilà peut-être le message dissimulé, L'ultime secret officiel livré par John le Carré : C'est beau la vie !

Sur ce je vais le prêter à un cousin éloigné qui l'appréciera grandement car il a parfois été sur le terrain près des opérations combinées avec des militaires et je l'ai souvent remarqué, il est à la fois très bien informé et extrêmement discret. Beaucoup plus que moi qui ne peut vous cacher que comme par hasard il vient de se découvrir un grand intérêt pour les oiseaux et le baguage des pigeons.


* Marrant ces associations spontanées qui me viennent à l'esprit de faire soudain germer le titre L'audace de vivre d'Arnaud Desjardins : faudrait-il y voir un sens caché ?
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