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Critique de 5Arabella


Halldór Laxness, dans ce livre caustique et érudit, s'attaque à un certain nombre de mythes et stéréotypes, ceux de la grande tradition des sagas islandaises. Dans ces dernières, des héros prodigieux accomplissaient des exploits hors normes, chantés par des scaldes (poètes) inspirés ; leur mémoire reste toujours vivante grâce aux textes parvenus jusqu'à nous.

Littérature de genre, la saga avait ses lieux communs, ses passages obligés, ses traditions. C'est plus compliqué que cela évidemment, parce qu'il existait différentes sortes de sagas, et dans son roman, Laxness mélange les genres, nous partons d'une saga des Islandais, qui nous conte les aventures de deux jeunes Islandais devenus frères jurés (il existe une saga médiévale de ce nom) mais nous enchaînons sur quelque chose qui ressemble à une saga royale (qui évoque de façon explicite la très célèbre saga de Saint Olaf de Snorri Sturluson, le plus grand des auteurs de sagas connu), on pourrait y trouver quelques éléments d'une saga d'évêque… les références sont nombreuses. Laxness règle d'une certaine façon ses comptes avec le genre de la saga et tout ce qu'elle véhicule, et au-delà avec une certaine idéologie, une culture qui valorise la violence, la guerre.

Nous suivons donc dans un premier temps Thorgeir, qui a assisté enfant au meurtre de son père, et dont la mère l'a élevé en lui racontant les récits glorieux et héroïques des célèbres guerriers des temps passés. Il n'a donc rien de plus pressé arrivé à l'adolescence que de tuer le meurtrier de son père et son fils, et de traîner de-ci, de-là, en essayant de trouver moyen de s'embarquer pour une expédition viking et d'espérer devenir le champion attitré d'un roi fameux. Sa route croise celle de Thormod, qui compose de la poésie, et qui plaît beaucoup aux femmes. Ils se lient, et font quelques coups de main ensemble. Thorgeir ayant vraiment fait beaucoup de dégâts, est envoyé dans une expédition qui se propose de piller l'Angleterre. Thormod, aidé par sa famille, semble se ranger, se marier et faire prospérer ses biens. Nous suivrons donc les « exploits » violents et pathétiques de Thorgeir, en Angleterre puis en France. Mais sa route a croisé celle d'un certain Olaf, dit le Gros, qui fait partie de l'expédition, et qui a comme ambition de devenir roi de Norvège. Ce qu'il ferra un peu plus tard. Beaucoup de pages lui sont accordées, car c'est un personnage important : Saint Olaf en personne. Nous reviendront plus tard à Thormod, qui finira lui aussi par partir et connaître des aventures et épreuves, lorsqu'il trouvera la tête de son frère juré Thorgeir devant chez lui. Il essaiera de le venger et voudra se mettre au service du roi Olaf pour chanter ses exploits.

C'est très parodique : Thorgeir est un parfait imbécile, qui n'a en tête que meurtres et tueries. Thormod est un peu plus fin, mais aussi complètement obnubilé par les récits et légendes qu'il veut suivre à la lettre, prenant tout pour argent comptant. le roi Olaf est un bon à rien, qui devient roi un peu par hasard, et qui vit du pays qu'il est censé gouverné comme un brigand et un pilleur. D'ailleurs Laxness n'aime pas beaucoup les rois et les puissants, juste bons à exploiter leurs sujets, sans rien leur apporter en échange. La religion n'est pas épargnée non plus, le pape en premier, personnage ridicule et incompétent, prêt à tout pour de l'argent.

C'est enlevé, par moment drôle, par moment glaçant, mais il vaut mieux connaître les sagas, et avoir quelques notions d'histoire de l'époque pour bien saisir la satire et la trame du récit, qui fait référence à de nombreux événements et textes.
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