AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de petch


Le poète maudit, au sens de Verlaine, est une figure qui prend naissance chez les romantiques pour s'achever chez les symbolistes. Poètes talentueux, se considérant comme incompris et en révolte permanente, leurs manières sont provocantes et auto-destructrices. Jules Laforgue est sans doute à ranger dans la lignée de ces fameux poètes maudits, faisant partie des « décadents » : arrivés trop tard dans un monde finissant, ils sont soumis à « une mortelle fatigue de vivre » (Paul Bourget). Pour Laforgue, après un ou deux livres publiés, s'en suit une disparition brutale : c'est la tuberculose, à 27 ans, qui mettra une fin à sa vie de dandy décadent et souvent misérable, entre Paris et Berlin.
Les complaintes de Laforgue (chansons de rue, en vogue courant de la seconde moitié du 19ème siècle) sont des cris désespérés (complainte d'un certain dimanche et son fameux « moi je veux vivre monotone »), froids et lucides, d'un jeune adulte ayant du mal à s'extirper de sa crise d'adolescence. Ecrits sous forme de textes parfois courts et percutants, souvent longs et un tantinet abscons, il ne manque pour certaines oeuvres que la musique. Un siècle plus tard et Laforgue aurait peut-être été chanteur (chanson populaire ou rock de préférence).
Les ficelles sont parfois grossières, certains passages peuvent faire sourire, mais comment souvent dans ce genre de recueil, si on cherche bien, si on lit, qu'on relit, qu'on arrive à s'imprégner de l'oeuvre (lecture à haute voix fortement conseillée), on finit par dénicher des pépites, de ces fameuses illuminations rimbaldiennes comme seules la poésie en comporte. Lorsqu'en plus elles tombent pile poil avec l'état d'esprit du lecteur, que demander de plus ?

« Oui ce monde est bien plat ; quant à l'autre, sornettes.
Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort,
Et pour tuer le temps, en attendant la mort,
Je fume au nez des dieux de fines cigarettes »

Tout cela n'est pas toujours très gai, il faut bien l'avouer, mais l'écriture fait mouche. Pour les curieux, ceux qui veulent découvrir ce poète et son oeuvre, un petit tour sur les sites http://www.unjourunpoeme.fr/auteurs/laforgue-jules, http://www.laforgue.org/comp.htm est conseillé, avec la plupart des grands textes de Jules Laforgue.
Commenter  J’apprécie          280



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}