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Critique de lebelier


Dans ses poèmes, Jules Laforgue évoque le mal de vivre, les âpres saisons, la religion, la nostalgie, les amours déçues ou espérées, la ville et ses bruits divers. C'est un des premiers -peut-être avec Baudelaire- poètes urbains. Il n'a pas son pareil pour évoquer une rue animée ou « la poignante rumeur d'une fête lointaine ».
Pour Laforgue -mort très jeune de tuberculose- le poète est un contemplatif, un grand observateur et souvent un iconoclaste :
« Mourir d'un attouchement de l'Eucharistie,
S'entrer un crucifix maigre et nu dans le coeur ? »
Souvent revient cette iconographie religieuse où l'orgue a son importance. Il invoque Dieu pour l'inciter à regarder sa propre misère humaine. Il rejoint beaucoup Baudelaire dans ses visions un peu gothiques mais aussi dans ses descriptions cliniques de la mort, comme dans « une charogne » :
« Et votre blond cadavre aux vitreuses prunelles
Ira pourrir dans son doux linceul de dentelles. »
Et la sensualité est là, à portée de mots :
« Des blancheurs se cherchant s'agrafent puis s'implorent,
Roulant sous les buissons ensanglantés de houx
D'où montent les sanglots aigus mourant et doux,
Et des halètements irrassasiés encore… »
Jules Laforgue écrit toujours en vers et compose des sonnets en alexandrins. C'est sous cette forme classique qu'il a construit une oeuvre unique et baroque sous forme de cathédrale poétique où, comme Baudelaire encore, le soir et le couchant ont un pouvoir calmant sur un esprit bouillonnant.
Comme s'ils m'étaient destinés, je retiendrai ces vers qui m'ont marqué :
« Et j'écoute longtemps les cloches dans la nuit...
Je suis le paria de la famille humaine
À qui le vent apporte en son sale réduit
La poignante rumeur d'une fête lointaine. »
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