AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Javableue


Ce troisième tome nous offre un autre point de vue : celui d'Hughes. Contrairement aux deux premiers épisodes qui ne présentaient que les indications d'un narrateur extérieur à l'action, les planches sont ici ponctuées par le regard du héros sur les événements. Ses impressions personnelles apparaissent dans différentes vignettes, notamment au début. Encore plus riche que les précédents niveau action, le texte occupe un espace moins important au profit de l'image, pour un ensemble plus aéré.


Rappelons-nous la dimension historique des Aigles décapitées. En effet, il faut bien noter une que le héros, Hughes, finit par s'engager pour une cause dont il se moque royalement. Alors qu'il était resté en marge des événements, soucieux de ses intérêts personnels, les dernières vignettes le montrent dévoué au roi Louis IX dont il devient le chevalier. Pourtant, peu lui importe que les terres qu'il parcourt soient gouvernées à distance par un roi basé à Paris, ou par Lusignan et le reste de la noblesse locale. Il n'entre jamais réellement dans le débat, et c'est seulement pour venger Saturnin, empoisonné à sa place, pour venger le messager de Blanche de Castille, pour venger la mort de Renaud le seigneur de Crozenc, en gros, pour s'opposer à Enguerran, qu'il choisit de servir le roi. Si on est tenté de retenir la magie du héros "sans-nom" capable d'influencer L Histoire pour défendre l'âme de ses amis, il faut aussi remarquer que sa conviction personnelle n'a pas fait l'objet d'un questionnement ; un peu comme quand on vote pour quelqu'un dans le seul but d'éloigner un autre de la victoire. Même lorsqu'il arrive au pouvoir à Crozenc, Hughes n'a rien d'un personnage politiquement engagé. Il est simplement le vassal de Saint Louis, il est fidèle à Alphonse de Poitiers... parce que c'est comme ça.



La quête de l'identité

Il faut dire que le jeune Hughes a bien d'autres préoccupations. Il a tardivement appris de la bouche de Sigwald qu'il n'était en rien le fils du seigneur Renaud de Crozenc, et qu'il n'avait aucune raison de revendiquer un quelconque pouvoir. Pire, il s'est rendu compte qu'il avait un outil forgé par Sigwald pour nuire à Enguerran. Tous ses projets s'effondrent, laissant place aux questionnements propres à tous les jeunes de son âge et de sa condition, alors que dans son cas ils n'avaient plus lieu d'être : qui suis-je, d'où est-ce que je viens, où est-ce que je vais, que vais-je faire de ma vie ? Hughes est forcément troublé et perturbé. Après la phase de déni de Sigwald, son père de substitution qui a le mérite de lui avoir fourni un destin clés en main, il ne sait plus quoi faire de sa vie. Lorsque le frère Saturnin lui demande : "Que vas-tu faire maintenant ?" il répond vivement : "Je sais pas ! "

Ce faux statut de noble dont il s'est cru digne pendant des années lui a cependant permis d'acquérir une grande confiance en lui et en ses qualités. C'est bien connu : bon sang de saurait mentir. Même après avoir découvert qu'il n'est "rien", il continue d'utiliser la devise familiale de Renaud de Crozenc pour se donner du courage ; et ça marche. "Les éperons d'or" transmettent plus fortement un message d'importance : la valeur d'un homme siège dans sa cafetière, et pas dans son sang. Lorsque tous accueillent avec joie le "fils de Renaud", dont la bonté est d'avance assurée par son lignage, ils ne savent pas qu'ils s'asservissent à un enfant abandonné aux portes d'une abbaye. Certes bien guidé par Sigwald Tranchecol et ses projets de vengeance, il est surtout arrivé au sommet rêvé par tout "jouvencel" du XIIIe siècle parce qu'il a cru en lui et s'en est donné les moyens.

Lien : http://pulco-suivezlepapillo..
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}