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Critique de mesrives


Automne 1938, Océan Atlantique
Santa Cruz, Ténérife, embarquement immédiat sur l'Eméraude, un navire à vapeur marchand, un « tramp » cabotant en fonction des livraisons et des cargaisons à pourvoir.
Un énorme bateau, dégradé, usé, rouillé arborant fièrement les couleurs bleu et jaune du pavillon suédois où plus de vingt hommes s'activent. Un monstre marin à bout de souffle. Une bête de somme épuisée à laquelle donne vie Josef Kjellgren car « Chaque navire est un être vivant. »


Au gré des relèves et des quarts passés à bord, l'Emeraude livre ses secrets et ses hommes leurs espoirs et leurs souvenirs. le capitaine fort d'une expérience de plusieurs années pressent une certaine agitation, peut-être une mutinerie en préparation. le monde se transforme, à bord les prémices de la seconde guerre mondiale sont palpables (montée du nazisme, lutte des Républicains espagnols) grâce aux journaux que les marins trouvent à quai. Tout l'équipage est aux aguets et leurs aspirations sont de plus en plus vindicatives et constructives. Les conditions de travail sont dangereuses et les conditions sanitaires exécrables (humidité, chaleur, paludisme, rats, tuberculose) peu à peu de nouvelles idées germent dans la tête de nos marins.

De beaux portraits et de curieux sobriquets permettent de nous familiariser très vite avec le rôle de chacun des membres de l'équipage et de mesurer leur solitude qu'il soit capitaine, mécanicien ou soutier tout en appréhendant leur quotidien dangereux et pénible dans les entrailles de l'Emeraude. Un univers masculin où la présence féminine ne se dessine que dans les bouges et dans les bars des bouts du monde lors de trêves attendues.


Un récit maritime puissant, plein d'énergie, nourrit de l'expérience de Josef Kjellgren (1907-1948) ancien marin, ouvrier, poète et écrivain, où il dévoile ses convictions, ses idéaux : amitié, camaraderie, courage, fraternité, solidarité. Autodidacte et représentant au même titre que Harry Martinson de la littérature prolétarienne l'auteur transcrit avec fort réalisme mais aussi des temps poétiques et lyriques les respirations et palpitations de ses compagnons, « Les hommes de l'Emeraude » et les vagissements et pulsations du navire se faisant ainsi le chantre du « foyer du peuple flottant ».


Josef Kjellgren signe dans ce volume la première partie d' une épopée maritime, une aventure humaine captivante aux portées universelles qui s'achève dans La chaîne d'or.

Une traversée longitudinale exceptionnelle frénétique et palpitante. au près de héros du quotidien, fils du vent et de la mer et citoyens du monde. Un miroir fidèle, sincère de la condition de marin et par extension de la condition humaine. Une immersion dans le monde des travailleurs de la mer.

De tragédies individuelles au drame collectif, la trame narrative nous conduit jusqu'à une fatalité inexorable. Magnifique.

L'histoire de ce vapeur suédois et de ses hommes est à découvrir.
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