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Critique de grm-uzik


J'ai adoré le thème de la peinture et les références surréalistes, à tel point que j'étais frustré de ne pas pouvoir voir réellement les peintures en vrai. En particulier les couchers de soleil à la conque et les filles au bateau... J'adore l'ambiance que Stephen King réussit à poser sur "Duma Key", lieu au charme tropical pourtant infecté par un mal insidieux et vénéneux. Faire cohabiter horreur latente et cadre paradisiaque n'est pas chose aisée, et pourtant, presque dès le début, on sent que quelque chose ne tourne pas rond sur cette île de rêve...
Un gros pavé aussi prégnant que "Sac d'Os". le facteur dépaysant de "Duma Key", lui donne un certain charme étrange. Les peintures d'Edgar, quant à elles, sont magnifiques et dérangeantes à la fois, nous faisant regretter de ne pas les avoir sous les yeux en même temps que nous tournons les pages. Et en fait, je crois que c'est vraiment ça que j'ai adoré dans "Duma Key" : contrairement à beaucoup de ses romans qui m'ont vraiment foutu les boules et fait flipper, ce "Duma Key" se savoure plus dans la nuance. Il m'a vraiment dérangé à certains moments, sans pour autant me terrifier. de la première à la dernière page, on est happé dans l'univers de ce roman. Une atmosphère spéciale, pour un récit qui ne l'est pas moins. L'écriture du Maître est ici directe, sans fioriture, mais parfaitement maitrisée et pleine d'images aussi poétiques que morbides et notamment bien trouvées. On sent que l'auteur se fait vraiment plaisir et maitrise pleinement son sujet. A cela, je rajoute que les personnages sont vivants, profonds, réfléchis et réellement attachants ; tout comme les relations qui les lient. Je pense plus particulièrement à Edgar Freemantle et Jerome Wireman, qui tissent ici une relation d'amitié tout simplement magnifique et touchante. Rarement Stephen King n'a réussi à donner autant de chair à ses personnages, à les faire vivre ainsi devant nos yeux et à nous émouvoir par leur entremise. Tout simplement sublime ! Quant à Perse, nombreux sont ceux qui se posent des questions à son sujet et qui regrettent de ne pas en savoir plus. Rappelons que l'auteur a toujours aimé garder une part de mystère sur les "antagonistes" dans ses oeuvres et celle-ci ne fait pas exception. le point central étant qu'elle a une forte emprise sur les gens (encore plus quand ces gens sont réceptifs à certains stimuli artistiques) et qu'elle a de sombres desseins. Qu'elle est aussi très rancunière et revancharde ! Pourquoi vouloir en savoir plus ? En ce qui me concerne, ça me suffit amplement.
Bref pour mieux résumé : un cadre merveilleux et atypique, contrebalancé par une atmosphère dérangeante et plutôt malsaine. Des personnages crédibles, attachants et excellents. Un côté surréaliste aussi bien présent dans les peintures d'Edgar Freemantle que dans les éléments fantastiques instillés au
compte-goutte. Et ce côté plus nuancé, plus subtil, où l'horreur se trouve à des endroits inattendus et pas forcément sortant de la gueule d'un monstre effroyable.
Cet aspect, pas forcément plus "psychologique" (même s'il est toujours de plus en plus présent), mais plus dans la nuance et la demi-teinte : une épouvante toute en retenue, plus surréaliste qu'irréelle, plus menaçante que réellement agressive. Une horreur de fond, tel le murmure lointain des coquillages de Big Pink. Un excellent roman, à ranger aux côtés de "Histoire de Lisey" et de "Sac d'Os", tout en se démarquant largement par toutes ses particularités.
Un excellent crû, un pur chef-d'oeuvre Kingien qui s'est bonifié avec le temps en devenant un grand classique !
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