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Critique de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
Trois stades sur le chemin de la vie. Un stade esthétique et un stade éthique, comme dans « Ou bien… Ou bien », auxquels s'ajoute un stade religieux, qui dans un esprit dialectique et ironique est une synthèse.
Le livre consacré au stade esthétique est intitulé « In vino veritas » et c'est une parodie éthylique du « Banquet » de Platon. Cinq amis (d'anciens pseudonymes de Kierkegaard) organisent un symposium où chacun fait un discours sur l'amour, ou plus précisément sur les femmes. Entre jeune puceau, plaisantin cynique, célibataire endurci, amants amers, les quatre premiers discours rivalisent de misogynie et sont dans le registre du comique, sans qu'on sache exactement de qui se moque le plus Kierkegaard. Sur ce, arrive le tour de Johannes le séducteur de « Ou bien… ou bien », qui, tel un Socrate imperméable à l'ivresse, fait un véritable éloge de la femme, à sa manière : « Pour moi, la femme a un grand prix. J'en assure chacune, et dis la vérité, une vérité dont je suis le seul à ne pas être dupe. »
Dans « Divers propos sur le mariage » on retrouve l'éthicien de « Ou bien…. Ou bien » qui précise sa pensée sur l'amour et le mariage.
Le dernier stade, religieux, qui était à peine esquissé dans « Ou bien… Ou bien » est ici la partie la plus importante. Mélancolique comme un roman romantique et compliqué comme de la philosophie systématique. « Coupable ? Non coupable ? » Telle est la question et le titre de cette partie, « Une histoire de la souffrance » le sous-titre. Frater Taciturnus (sans doute le pseudonyme le plus éloquent de Kierkegaard) en est l'éditeur. Il prétend avoir pêché, arraché, le coffre contenant le manuscrit au fond d'un lac. C'est un journal en deux mouvements : « Sa forme exprime la duplicité. le matin, le héros se rappelle la réalité [celle de l'année précédente] ; la nuit, il s'occupe de la même histoire, mais imprégnée de sa propre idéalité. » Il s'agit d'une histoire d'amour malheureuse où le héros cherche par tous les moyens à se séparer d'une jeune fille qui manque d'esprit religieux. Une rupture organisée, réfléchie et effectuée par pure sympathie et donc en essayant de lui faire le moins de mal possible. Un échec comique et pathétique, comme le note Frater Taciturnus - qui se révèle dans une lettre en postface être le véritable auteur de cette fiction, de cette « expérience psychologique » ; une longue lettre qui est en fait une critique philosophique du Journal, très extérieure et détachée. Ce Journal pourrait être l'exact opposé du « Journal du séducteur », la face sombre, celle où le héros ne cherche pas à s'attacher une jeune fille mais à s'en défaire. Pourtant ces deux opposés sont très semblables dans leur comportement calculateur, bien que l'un soit d'une confiance en soi inébranlable, alors que l'autre est rongé par les remords.
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