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Critique de 5Arabella


Ossip Mandelstam a été un immense poète russe, né à la fin du XIXe siècle, et qui a connu la révolution, puis l'installation du stalinisme dans son pays. Il faisait partie de toute une génération de grands poètes : Anna Akhmatova, Marina Tsvetaïeva, Varlam Chalamov… Une génération d'artistes, que leur trop grand talent va mettre hors la loi en URSS, parce qu'écrire en dehors des canons fixés par Staline deviendra un crime. Ils connaîtront des destins tragiques, et Ossip Mandelstam n'y échappera pas. Interdit de parution, condamné à l'exil à Voronej, il sera arrêté en 1938 pendant les grandes purges et mourra dans un camp de transit en route vers le goulag. Dans son cas, ses condamnations ont un semblant de motif : un poème, Une épigramme contre Staline. C'est cette vie, et surtout ses derniers moments que Vénus Khoury-Ghata dépeint dans ce court texte.

Il s'agit forcément d'un récit poignant et touchant, par la force même du sujet, par les détails des souffrances et des humiliations du grand artiste qui se dirige vers la folie et vers la mort. Je n'ai pas été toutefois complètement convaincue par le traitement du sujet. Vénus Khoury-Ghata choisit des phrases courtes, des petits paragraphes, des mots simples. Des répétitions aussi, comme des leitmotivs, des épisodes, des phrases qui reviennent. Comme une sorte de poème en prose, dans lequel la sensibilité, l'expression des sentiments prime sur le récit. Une déploration, une élégie à la mémoire du poète. C'est un parti pris défendable, mais je n'ai pas été vraiment conquise par cette écriture, emportée par la poésie des mots. Cela m'a semblé par moments un peu artificiel. Et les extraits de poème de Mandelstam, d'Akhmatova, de Tsvetaïeva insérés dans le texte sont tellement extraordinaires, qu'il est difficile de soutenir la comparaison.

Je suis sans doute un peu difficile, et comme je l'ai dit plus haut, ce texte est touchant et sensible. Et s'il permet à un certains nombre de lecteurs de connaître Ossip Mandelstam et son destin terrible, et s'il donne envie d'explorer sa poésie, il aura accomplit l'essentiel.
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