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Critique de le_Bison


Je regarde à travers la vitre nocturne où ruissellent les pleurs du ciel. Des traces le long de la paroi qui coulent et s'écoulent, des empreintes de la vie qui s'échouent. Une lune affichée dans le ciel, belle et ronde, lumineuse et comme teintée de bleue. "Pourquoi est-ce que je regarde toujours la vie à travers une fenêtre ?", me dis-je intérieurement en repensant à la vie de Charlie. Charlie Gordon, un type que j'ai envie de connaître, un homme qui n'était pas à sa place dans ce monde-ci.

Charlie, l'esprit un peu simple. Il travaille à l'arrière d'une boulangerie, basses besognes au niveau serpillière. Il se sent malgré tout entouré d'amis, amis qui rigolent de lui et de son état d'esprit plutôt qu'avec lui. C'est à ce moment là qu'une petite souris entre en jeu, non pas dans les bas-fonds de la boulangerie se frayant un chemin entre les sacs de farine mais dans les dédales d'une autre vie. Algernon, c'est le nom de la petite souris blanche, souris de laboratoire à qui le Pr Nemur et le Dr Strauss ont administré un traitement révolutionnaire qui rendrait la souris plus intelligente, capable de se diriger dans un labyrinthe comme dans un champ de fleurs.

Et si ces fous savants en profitaient pour administrer ce traitement à ce pauvre Charlie, au QI guère plus élevé que la souris Algernon. Une grande avancée scientifique, imagine pouvoir rendre "sains" tous les simples d'esprit. Et ainsi donc je pénètre le coeur du roman, dont je ne dévoilerai rien d'autre, bien que l'histoire est connue de tous, à part moi. Ce qui est sûr, c'est que je n'oublierai pas de si tôt Charlie. Son humanité, sa détresse. Il y avait des souris et des hommes, maintenant, il y aura aussi Algernon et Charlie, une souris et un homme.

J'ai aimé entré dans la tête de Charlie, suivre son évolution, cette montée progressive vers l'intelligence, au delà même de toutes les attentes. Son cheminement personnel. Il m'a ému, j'ai eu peur pour lui, je l'ai aimé, j'ai souffert avec lui imaginant le pire, me demandant avec lui où se trouve le bonheur. Comme lui, j'avais le sentiment qu'il était plus heureux avant, ce n'est pas que l'intelligence rend malheureux, c'est surtout la différence avec les autres qui semble empêcher le commun des mortels à approcher le bonheur. Parce que le bonheur se fait par le regard de l'autre, mais par une trop grande différence l'autre rejette ce qui lui parait anormal, ce qu'il ne comprend pas, ce qu'il perçoit comme trop différent de lui. Alors oui, est-ce que Charlie n'aurait finalement pas été plus heureux à passer la serpillière dans l'arrière boutique de la boulangerie familiale...

Je regarde à nouveau à travers la fenêtre. Des gouttes d'eau qui coulent toujours le long de la vitre, face intérieure. Ce n'est plus la pluie, mais mes pleurs qui s'écoulent des pages de ce roman.
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