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Critique de nanonoel


Après mon coup de coeur stratosphérique pour le Choix de l'Oranger, la cicatrice indélébile que ce roman a laissé dans mon âme et l'attachement particulier que j'ai pour son auteur, lire Cordons me rendait un peu fébrile, un stress inattendu me chatouillant l'épiderme et des papillons dansant la sarabande au creux de mon estomac. Et si j'étais déçue ? Et si, pour une obscure raison, Andrew et Milton ne réussissaient pas à m'emporter dans leur monde ? Et si je n'aimais pas, tout simplement ? Mais il fallait bien que je me lance, alors...

Lundi 26 juillet, 15H15, je me plonge enfin dans Cordons, après plus de deux longs mois d'attente... et, consentante, je me laisse enchaîner par Andrew et Milton, dans les épissures compliquées de sentiments exacerbés, de mots qui caressent et de mots qui blessent. Mes yeux se posent sur les premiers mots, dévalent les pages, se glissent entre les lignes et mille sensations me traversent, une myriade d'émotions me submerge...J'y suis...Et plus moyen de reculer.

Je me sens emportée au large, ballottée par les vagues, prise dans les filets des tourments d'Andrew qui me submergent telle une lame de fond. Les mots se font caressants et je frissonne. Les phrases s'enroulent autour de moi et je frémis. Les sentiments, violents, virevoltent et tourbillonnent. J'ai le vertige. Les sons claquent et la musique des mots fuse. Ça me déchire. Je coule. Je bois les paroles de ces deux hommes qui se déchirent alors qu'ils s'aiment tellement, je touche de la pulpe du doigt chaque pensée arrachée et j'expire dans un dernier soupir. Je me noie.

Cette histoire est terriblement belle et bouleversante. Un zeste de poésie pour un grand bol d'Amour. Un style, une plume. L'originalité des deux protagonistes qui se parlent en pensée. Cela donne une force inégalée au texte, celui-ci étant sublimé par des mots qui ravagent, disloquent puis reconstruisent. C'est unique. Et comme à chaque fois avec cet auteur, ces mots m'ont tour à tour broyé le coeur, enchanté l'âme et fait naître des frissons de délice sur la peau.

Car oui ! le mot qui définit le mieux la plume de cet auteur est "délicieuse''. Délicieusement poétique et érotique, délicieusement romantique et élégante, délicieusement gracieuse et captivante. Un délice qui nous emporte entre les bras de ses héros incroyablement attachants, dans une histoire qui nous parle d'Amour et de pardon. D'espoir. On souffre avec eux, et on pleure pour eux. On a aussi parfois envie de leur crier d'arrêter de se faire du mal. Surtout Andrew. Ah Drew ! Sans conteste mon préféré, celui qu'on a envie de serrer dans ses bras et protéger, jusqu'à l'apaisement...

Et soudain, le mot terrible. Épilogue.

Et là, le vide...Fallait-il vraiment que je me détache de Drew et Milton, que j'avais appris à aimer passionnément malgré leurs failles ? Après avoir été possédée par les mots de ce texte enivrant, je me sentais soudain dépossédée, orpheline et perdue. Éperdue. Par cette passion qui érige l'Amour au-delà de l'éternel, au-delà du dicible, au-dessus de tout...Deux hommes. Une seule âme. Deux coeurs enlacés dans les branches d'un oranger. Deux âmes soeurs qui tempêtent et se tourmentent au son de leurs sentiments orageux. Deux âmes soeurs qui s'effleurent et se caressent, telles deux nuages qui s'embrassent sur un fond de ciel bleu.

Ce roman était incroyablement bien écrit, vous vous en doutez, mais ne vous attendez pas à une enquête poussée comme pourrait le suggérer le résumé. C'est là que réside un des reproches que je pourrais faire (car oui, ne vous en déplaise, j'essaie d'être objective !!) L'histoire débute avec des crimes non résolus et le volet policier est totalement occulté par la romance, ce que j'ai trouvé regrettable. Mais comme on parle là de Gabriel Kevlec, autant dire que sa plume m'a vite fait oublier ce défaut. de là découle le deuxième reproche : mais pourquoi est-ce si court ? Surtout qu'à partir de la fameuse lettre, incroyablement magnifique, on assiste à la meilleure partie de ce roman, comme le bouquet final d'un feu d'artifice, une ébauche du Gabriel en devenir, la naissance d'un auteur-poète qui va nous émerveiller avec son Choix de l'Oranger. J'ai d'ailleurs un unique regret. Celui de ne pas avoir lu Cordons en premier pour apprécier à sa juste valeur l'évolution de l'auteur et l'éclosion de sa maturité. Car le Choix de l'Oranger est pour moi infiniment plus abouti, sans doute parce qu'il a été écrit avec des tripes et des larmes, du sang et de la douleur; j'en ai été bouleversée jusqu'à l'impossible et j'ai cru que je ne me relèverai jamais de cette lecture...mais ce n'est pas le sujet ici et j'aurai sans doute l'occasion d'y revenir un de ces jours…

Il n'en reste pas moins que ce texte est magnifique. Un autre coup au coeur pour un coup de coeur. Une nouvelle marque indélébile laissée par des mots frissonnants, des mots chantants, des mots passion. Un hymne à l'Amour, une poésie du Coeur et une ode à la Passion. Et nul doute n'est permis, Gabriel Kevlec en est le Maître. le chef d'orchestre des mots symphoniques, des phrases murmurées sur les touches d'un piano, prélude à une passion qui frissonne en un long sanglot. Sa plume aiguisée crisse sur le papier au moment où elle lacère le coeur. Sa plume angélique caresse l'âme de mots doux comme les pétales de rose. Elle est forte et puissante et elle sert un récit inoubliable entre deux hommes à qui aucune douleur n'a été épargnée, preuve que l'Amour est pardon et qu'il est un soleil comme un hélianthe dans un ciel immensément bleu.

Je voudrais conclure avec un de mes poèmes préférés qui est particulièrement adapté à l'oeuvre de Gabriel Kevlec et qui m'est naturellement venu en tête lorsque j'écrivais ma chronique.

"Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.
...
Poète, c'est ainsi que font les grands poètes.
...
Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées,
De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater le coeur ;
Leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant ;
Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang."

LE PELICAN d'Alfred de Musset (extraits choisis)
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