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Critique de clairejeanne


Gaëlle Josse, munie d'une très belle écriture et d'une grande empathie pour son personnage, nous apporte ici son éclairage sur la vie d'une femme extraordinaire et incroyable, une photographe totalement inconnue à sa mort, une artiste originale, libre et courageuse, Vivian Maier.
Deux parties dans ce récit, qui ne sont pas séparées par des chapitres différents, tout est entremêlé ; une partie heureuse, c'est une vie, vécue selon des choix, une vie de création, mais c'est aussi une existence solitaire, d'une grande tristesse.

Un jeune homme achète en 2009, dans une vente aux enchères, pour 400 dollars, un lot de cartons oubliés depuis longtemps ; à la recherche de photos pour son association d'Histoire locale d'un quartier de Chicago, il est d'abord très déçu mais finira par interroger les réseaux sociaux sur la valeur de ce qu'il a acquis : de très nombreuses photos en noir et blanc, dont celles d'une femme - des auto-portraits en quantité - un ensemble qui se révelera être un vrai trésor.

Pendant que l'enquête est menée pour découvrir qui fut Vivian Maier, l'auteure raconte son départ dans la vie, difficile, petite fille née en 1926, dont la mère est une menteuse en série et le père coléreux et malhonnête ; un couple miné par l'alcoolisme et le manque d'argent, le frère ainé de Vivian est retiré à ses parents quand il a cinq ans.
Une enfance au milieu des incohérences et des dénis de la mère, un pays les États-Unis qui subit "La Grande Dépression", un retour en France dont la mère est originaire ; quelques temps de bonheur mais le frère aîné de Vivian est incontrôlable, sa mère doit retourner à New York pour s'en occuper... Une enfance et une jeunesse ballottées, compliquées, tristes.

Vivian aura le courage de s'éloigner de cette famille toxique ; pour gagner sa vie, elle devient nounou, en particulier de John, Matthew et Lane Gensburg, les trois garçons qu'elle a élevés pendant dix-sept ans, une sorte de famille d'adoption. Et elle fait de la photographie, c'est sa passion : toujours un appareil en bandoulière, c'est sans doute sa seule façon de s'exprimer, sur tout le reste de sa vie, elle restera toujours très secrète. Photos d'enfants, d'elle-même, des gens de la rue, des plus démunis... " Vivian a vingt-cinq ans, son art est là. Photographe de rue. prête à saisir l'illimité de la vie dans son objectif. Prête à capter l'insaisissable. L'éphémère. Saisir la lumière des choses avant qu'elle ne s'efface..." (p 97)

Le livre est intéressant, bien écrit, l'ensemble donne cependant une impression presque de désespoir, puisque Vivian Maier maintenant célébrée, n'a pu voir que très peu de ses photos (pas de tirages par manque d'argent...) ; mais elle a semble-t-il, eu conscience que ce qu'elle produisait était vraiment bon.

Premières phrases : " Chicago, Rogers Park, décembre 2008

Sous le ciel blanc de ces derniers jours de décembre, les goélands argentés et les canards cisaillent l'air en piaillant au-dessus du lac Michigan gelé. Une femme âgée, très âgée, les suit du regard. Elle est sortie malgré le froid, malgré la neige qui enserre la ville dans son emprise depuis de longues semaines. Elle est venue s'asseoir, comme chaque jour, sur ce banc, son banc, face au lac."

Lien : https://www.les2bouquineuses..
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