AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BlackKat


Récit très court, 70 pages. Et en si peu de pages, il regroupe la progression des mesures anti-juives en France, il rappelle les exactions du gouvernement de Vichy et les excès de zèle de la Police française pendant la période de collaboration et il soulève le voile du silence auquel les survivants ont été contraints après la Seconde Guerre Mondiale.

Aucune haine aveugle dans ce récit, Rachel Jedinak se garde bien de mettre tout le monde dans le même sac: elle parle de ces maîtresses qui cachaient les enfants ou de ces policiers qui regardaient « ailleurs ». Elle parle de son enfance et pourtant, pas de pathos, elle relate l'Histoire factuelle au travers pourtant de l'explosion d'une famille qui se croyait à l'abri, ici, en France, après un premier exode de Pologne. Elle se souvient du sacrifice de sa mère, de son père, des séparations, de la peur omniprésente, de la fuite, du froid qui s'insinue dans le coeur quand la terreur n'a plus de mots.

Les mots qui viennent spontanément à l'esprit à la lecture d'un tel témoignage sont barbarie, compassion, admiration, honte et respect. La barbaries des actes commis, notamment contre des civils, durant la Seconde Guerre Mondiale, compassion pour les victimes et les survivants, admiration pour le simple quidam qui a apporté son aide, ces anonymes qui ont laissé s'exprimer leur humanité au mépris du danger en apportant leur aide aux persécutés et honte de mon pays.
Le sentiment de respect est aussi présent devant ceux qui ont eu le courage de raconter l'indicible.
Je suis la première à vouloir rappeler que les victimes du second conflit mondial n'étaient pas les seuls juifs, qu'il ne faut pas oublier les autres. Je suis la première à refuser un blanc-seing à Israël pour sa politique actuelle, incompréhensible en rapport à ce passé douloureux. Je suis la première à me pencher aussi sur le destin et les existences effacées de la mémoire de ces allemands qui exécraient le nazisme et de leurs descendants marqués à tout jamais de l'infamie orchestrée par Adolph Hitler.
Mais il est hors de question d'ignorer ou de mépriser les épreuves, la souffrance et les cicatrices indélébiles que le peuple juif portent en lui.

Vous me direz, c'est un énième témoignage. Oui, c'est un énième témoignage mais terriblement important, au même titre que tous les autres et de ceux qu'on ne lira jamais car la parole n'a jamais été libérée.
Crucial de lire ce condensé quelque peu détaché, et par là-même brutal, de l'avant, du pendant et de l'après car l'actualité, avec sa recrudescence des intolérances et la montée des extrêmes politiques de tout poil, nous alerte sur les dangers d'une Histoire qui est bien en passe de se répéter et dont les signaux se heurtent pourtant à la surdité et l'amnésie de nos contemporains.
Rachel Jedinak intervient dans les écoles et nos enfants et petits-enfants, à l'heure où la volonté politique est de ramener les programmes d'Histoire à peau de chagrin, se doivent d'écouter. Nous sommes les héritiers d'une Histoire, sanglante et terrible souvent, mais nous ne pouvons nier les faits et vivre dans l'ignorance de l'horreur perpétrée par des êtres dits « humains ».

Alors oui, c'est un énième témoignage mais comme tout témoignage, il est unique et précieux, et de génération en génération, notre rôle est d'empêcher que les enfants du XXIème siècle ne vivent ce que les enfants de 40 ont vécu. La transmission de la mémoire est le devoir de chacun pour éviter de retomber dans un obscurantisme fatal et en ce cela, ce récit est important.
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}