La lecture d'
Henry James est toujours très exigeante, il faut une attention de chaque instant pour suivre les inflexions psychologiques des personnage. Mais avec
Les ailes de la colombe on attaque vraiment du lourd.
Lire ces histoires d'amour contrariées, dans un décors de palais vénitiens décrépis qu 'on croirait avoir
été créé spécialement pour cette histoire, était déjà un vrai bonheur de lecteur.
Mais un article m'a mis la puce à l'oreille. Alors je suis retourné dans c
e texte, et là oh stupeur j'ai vu un voile se lever. C'était là depuis le début, écrit noir sur blanc. Tous ces échanges si spirituels disaient une seule et même chose :
-Je vaux tant, qu'est-ce que vous donner en échange ?
Henry James racontait en fait l'impact dévastateur de l'argent sur la soci
été. Il y avait du
Maupassant dans c
e texte.
Dans une soci
été de rentiers, où les individus n'avaient aucune possibilité de vivre décemment de leur travail, la seule possibilité de vivre en humain est de bénéficier d'une rente, d'une part de richesse, sinon on glisse inexorablement vers
une vie infra humaine. D'où ces comportements de prédateurs d'une violence absolue au sein d'une soci
été d'un luxe et d'une sophistication inouï. C'était particulièrement vrai pour les femmes. On retrouve cette situation omniprésente chez
Maupassant, et la même dénonciation dans un autre chef d'oeuvre de sa grande amie,
Chez les heureux du monde de
Edith Wharton.
J'avais donc lu une histoire et
H James en racontait aussi une autre. Et je suis loin d'avoir épuisé l'infinie richesse de c
e texte. Cette petite anecdote pour vous donner une idée de ce qui peut arriver à la lecture de ces textes.
Il est heureux que la lecture ne soit pas seulement une distraction.
Henry James, Witkiewitcz et quelques autres vous « offrent » aussi la possibilité d'une véritable aventure intellectuelle et humaine.