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Critique de mylena


Rarement ma première impression n'aura été aussi négative avec un pavé pour finalement changer d'avis et arriver au bout. D'entrée de jeu deux choses m'ont horripilées : les digressions de l'auteur, entre autres, sur sa vie personnelle, et l'abus de parenthèses.
Pour ce qui est des digressions, au bout d'un certain nombre de pages je me suis mise à les apprécier : elles étaient comme des pauses salutaires dans le récit vu la densité des informations. Elles apportaient un peu d'oxygène à un récit plutôt étouffant. En plus certaines m'ont appris des choses curieuses, comme l'origine de l'expression « Ca fait la rue Michel », d'autres, celles sur Modiano, se sont avérées parfaitement justifiées.
Par contre pour les parenthèses ça ne s'est pas arrangé, bien au contraire, puis que Philippe Jaenada va jusqu'à utiliser trois parenthèses enchâssées : « C'est d'abord dans Ici Paris (qui titre, le 9 août 1974 : «  Et si c'était l'une des plus grandes erreurs judiciaires du siècle ? ») puis surtout, le 24 août, sur France Inter et dans Le Figaro (les médias ont reçu une lettre de seize pages écrites par Léger depuis la centrale de Haguenau, transmise par son jeune frère Jean-Claude (à qui il l'a fait passer dans la couverture d'une bible (Lucien s'est inscrit à l'atelier de reliure de la prison))), puis partout ailleurs, que la bombe, la petite bombe, le pétard, mouillé, explose. » Pourtant le style de Jaenada, hormis ces parenthèses, est plutôt simple, coulant, facile d'accès. le ton est plutôt très agréable, mais ce qui rend la lecture difficile, c'est aussi la répétition de détails au point que l'on finit par se perdre. C'est largement le sujet qui veut ça avec Lucien Léger qui reprend jusqu'à plus soif au fil du temps des versions différentes. C'est donc assez fatigant à lire, mais je n'irai pas jusqu'à dire que c'est une lecture exigeante. Fatigante donc, mais suffisamment passionnante pour que je sois allée jusqu'au bout (mais en même temps j'abandonne rarement un livre, ou alors dès la première page). En fait le plus grand intérêt que j'ai trouvé dans cet ouvrage, c'est la plongée dans les années cinquante, la crise du logement qui obligeait des français moyens à se loger dans des hôtels, l'ambiance de l'époque est très palpable, bien retranscrite.
Le livre est constitué de trois parties : la première sert surtout à informer le lecteur de l'affaire telle qu'elle était connu à l'époque par le grand public, et par les personnes qui l'avaient suivi de près. Ensuite, la deuxième partie, « Les monstres », représente un vrai travail journalistique en reprenant les zones d'ombre (dont certaines que l'auteur n'avait pas encore souligné mais que le lecteur pouvait repérer), en creusant le profil d'autres protagonistes de l'affaire (les parents de la victime, des témoins au procès, le juge, les enquêteurs, ….) La dernière partie est consacrée à Solange, l'épouse de Lucien Léger, qui se révèle totalement différente de l'idée que l'on pouvait s'en faire jusque là. L'histoire, un fait divers, se révèle digne d'un véritable feuilleton. L'approche méticuleuse est impressionnante, mais l'écriture aurait gagnée à un certain élagage, parce que tant de pages pour ne gagner aucune certitude (on s'en doutait), constater qu'il ne faut pas se fier aux apparences, que les monstres ne sont pas toujours ceux que l'on croit, que l'âme humaine est bien complexe, … Dans le même genre (un fait divers décortiqué jusqu'à l'os), j'ai mille fois préféré Laetitia d'Ivan Jablonka.
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