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Critique de Arimbo


J'étais passé à côté de ce roman dit "culte" sorti en 1980 en France. Et même si j'en avais souvent entendu parler et aussi lu les quelques pages pertinentes et enthousiastes que lui avait consacrées le grand Raymond Carver, je ne l'avais jamais lu.

C'est peu de dire que je l'ai vraiment adoré, ce roman. Que de choses on pourrait en dire!
Il y a d'abord le fait que ce roman, comme peu d'autres, mêle le burlesque (à certaines pages, on rit comme devant un film de Charlot ou de Buster Keaton) au tragique qui vous étreint (la mort n'est jamais loin). Il y a la satire facétieuse mais sans-pitié d'une certaine forme de féminisme extrémiste, mais aussi la condamnation sans appel (et toujours d'actualité malheureusement!) de la tyrannie des hommes sur les femmes. Garp est, sans conteste du côté de la cause des femmes. Et d'ailleurs, c'est presque tout le temps un homme au foyer qui fait les courses, la cuisine, le ménage!

On est touché aussi par les terreurs de Garp, car, en tant que père ou mère, cette peur qu'il arrive quelque chose à vos enfants vous parle au plus profond de vous-même.

Et on est émerveillé par cette galerie de personnages parfois improbables (Roberta Muldon, Ellen James et les "ellenjamesiennes", le sergent Garp, géniteur involontaire de Garp...) et par toutes ces situations rocambolesques.

Il y a aussi le thème ironique sur la concupiscence, et ces descriptions à la fois explicites et crues, mais aussi empreintes soit d'humour soit de terreur, des affaires de sexe.

Et même l'épilogue qui relate le parcours des protagonistes après la mort de Garp, est encore, je trouve, un clin d'oeil ironique et un peu cruel (car tout y conduit à la mort) au "mélo" des romans "populaires".

Il y a enfin, en arrière plan, la réflexion sur la fiction littéraire, souveraine en tout, qui parcourt tout le roman: par exemple, la réponse de Garp: "je n'ai jamais compris pourquoi "sérieux" et "drôle" passent pour être incompatibles" aux critiques acerbes d'une lectrice qui l'accuse de se moquer des malheurs des gens; les pages merveilleuses ( une démonstration magnifique de la magie de la fiction) où Garp raconte l'histoire du chien et du chat à son fils Walt, puis raconte, mais en plusieurs versions successives, ce qui s'est réellement passé à son épouse Hélène, jusqu'à ce celle-ci songe que "cette histoire pouvait tout aussi bien pure invention que les versions antérieures"; son opposition farouche à une certaine critique littéraire qui cherche à tout prix des références autobiographiques dans ses romans etc... Et enfin, il y a "la mise en abime" que constitue l'insertion dans le texte de nouvelles ou fragment de romans écrits par Garp.

En résumé, pour moi, un roman très riche, dont d'autres facettes m'apparaîtront probablement dans l'avenir (il y aura sans nul doute pour moi un monde après "Le monde selon Garp"). Et aussi un roman qui donne envie de lire d'autres productions de l'auteur.
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