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Critique de OuvrezLesGuillemets


« Un point d'écume à l'horizon. Une forme sombre qui s'élevait des profondeurs vert jade de l'océan. Prodigieuse, colossale, elle brisait la surface et fusait vers le ciel avant de retomber. Sous l'eau, le tonnerre étouffé retentit comme un grand portail s'ouvrant dans le lointain ; l'impact du plongeon ébranla terre et mer. […] La forme sombre s'élevait, encore et encore. C'était un tohorā. Une baleine, gigantesque. »

La famille Apirana est descendante de Paikea, le chevaucheur de baleine, une lignée prestigieuse dans laquelle les sagesses ancestrales se transmettent de fils aîné à fils aîné.
Lorsque Koro Apirana, le chef de famille, apprend que son petit-fils Porourangi a eu une fille, il la rejette immédiatement. Il n'est en effet pas concevable pour lui de transmettre le savoir sacré māori à une femme. Un rejet d'autant plus difficile pour Kahu, elle qui admire son arrière-grand-père et recherche toujours son attention.

Le récit nous est raconté par Rawiri l'oncle de Kahu et permet à l'auteur d'aborder de nombreuses thématiques sur la place de la culture māori dans la Nouvelle-Zélande d'aujourd'hui. Quête d'identité et transmission des traditions doivent en effet s'adapter au monde moderne. A travers ce roman, c'est notamment la place de la femme dans la culture māori qui est posée. Kahu, en tant que fille ne peut prétendre à l'héritage de la sagesse ancestrale, elle qui pourtant a un lien si particulier et intense avec l'océan et les animaux qui le peuplent.

La nature est fortement présente et mise en valeur dans le roman. La préservation des fonds marins et de la faune y est primordiale et le livre dénonce ainsi les ravages de la pêche intensive à la baleine ou ceux des essais nucléaires effectués par la France à Moruroa.

Le récit alterne entre réel et irréel et efface ainsi la frontière qui existe entre les deux. C'est parfois déstabilisant lorsqu'il penche plus vers l'onirisme et le fantasmagorique mais l'auteur maintient bien l'équilibre tout au long de son histoire.
J'ai apprécié la petite touche de légèreté et d'humour apportée par les arrière-grands-parents de Kahu qui sont sans arrêt en train de se chamailler (quel caractère cette Nani Flowers !), elle permet de maintenir le récit dans le réel.

Witi Ihimaera est le premier romancier māori à avoir été édité. Avec La baleine tatouée, il nous propose un conte qui oscille en permanence entre réalité et onirisme et questionne intelligemment la place de la culture māori dans le monde d'aujourd'hui. Son roman Bravoures sera bientôt publié aux mêmes éditions Au vent des îles, un livre que je lirai certainement.
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